Cérémonie d'Abondant. Discours de Pierre Osowiechi, délégué du Comité Français pour Yad Vashem (Ph. Christian De Vimal / BCFYV / DFR).
Aimé Breton,
son fils Roger
et sa belle fille Thérézia,
Albert et Marguerite Moreau,
leur fille Geneviève
et son mari René Gastelais,
Justes parmi les Nations
son fils Roger
et sa belle fille Thérézia,
Albert et Marguerite Moreau,
leur fille Geneviève
et son mari René Gastelais,
Justes parmi les Nations
Des centaines de personnes, et pas seulement des Abondantais, se sont retrouvées le 13 juin dernier pour honorer les Justes ayant protégé de la Shoah la famille Ringart Istrach.
Médailles et diplômes ont été remis aux ayant-droits par le représentant de l'Ambassade d'Israël en France. Cette cérémonie à l'ampleur exceptionnelle avait été préparée par Pierre Osowiechi, Délégué du Comité Français pour Yad Vashem.
Synthèse du dossier Yad Vashem :
- "Ce dossier a été ouvert grâce aux efforts d'Anna Ringart. Celle-ci est née en 1937.
Son père, Noha Ringart, provenait de Lodz via Berlin. Il prit ses nouvelles racines en France à partir de 1933 et comme photographe d'agence.
Sa mère, Paula Oistrach, était native d'Odessa. Elle émigra d'abord en Allemagne avant de choisir la France en 1933, elle aussi. Après des études aux Beaux-Arts, elle devint tisserande à la main.
Le couple s'est connu à Paris. Peu avant l'occupation, il fut inscrit sur les Registres de la population à Gif-sur-Yvette.
Pour les Ringart comme pour tant d'autres, la guerre vient tout bouleverser.
La petite entreprise de tissage associant Paula Ringart et Germaine Volpe vient à manquer de matières premières. Il faut trouver de la laine brute. C'est ainsi que Paula fait la connaissance de Geneviève Gastelais, épouse d'un marchand de moutons de la Beauce."
Les Justes Geneviève et René Gastelais (Mont. BCFYV / DR).
"Puis les menaces antisémites se précisant et se multipliant, Geneviève Gastelais propose d'accueillir chez elle, au Mesnil-sur-Estrées, Paula Ringart, sa mère Rosa Oistrach et la petite Anna, âgée alors de 5 ans.
Geneviève fait alors appel à un parent, Aimé Breton. Cet instituteur exerce également la charge de secrétaire de mairie. Celui-ci va devenir l'organisateur du sauvetage des trois fugitives, et ce, jusqu'à la Libération."
Aimé Breton, Juste parmi les Nations (BCFYV/DR).
"Aimé Breton va préparer des lieux d'accueils successifs pour éviter que les trois persécutées ne restent trop longtemps dans la même cachette. Il veille à leur fournir de faux papiers de qualité. Et s'assurera de leur ravitaillement régulier.
Le périple de la grand-mère, de la maman et de la fillette débutera donc au Mesnil-sur-Estrées, chez les Gastelais. Il va se pousuivre chez les parents de Geneviève, Albert et Marguerite Moreau, à Abondant. Puis dans la famille de la belle-fille d'Aimé, Thérézia Breton née Mousseigne à Boissy-St-Laurent la Gâtine.
Grâce à leurs faux papiers, Paula et sa fille Anna portent elles aussi le nom de Mousseigne. Rosa Oistrach deviendra une Durand..."
Les Justes Albert et Marguerite Moreau (Mont. BCFYV / DR).
"Institutrice, Thérézia Breton veille à la scolarité de la petite Anna. Hélas, un propos imprudent tenu à l'école oblige les trois juives à disparaître dans un nouveau refuge. Ce sera la Maison des Grès près d'Abondant.
Si ces trois générations successives de persécutées connurent la Libération, quel fut le sort des autres membres de leur famille ?
- Noah Ringart resta caché au troisième étage de la maison-atelier de Germaine Volpe à Gif-sur-Yvette.
- Mari de Rosa et père de Paula, Isay Oistrach connut une première alerte en étant interné comme étranger en 1940. Libéré, il fut à nouveau arrêté en novembre 1942 et déporté sans retour à Auschwitz.
Après guerre, la famille Ringart a gardé des liens privilégiés avec Aimé Breton et tous leurs autres sauveurs."
Discours du maire d'Abondant (Ph. Ch. De Vimal / BCFYV / DR).
Christian de Vimal du Bouchet, maire d'Abondant :
- "Ces Justes que nous honorons, firent il y a 65 ans, des gestes qui relevaient pour eux de l'évidence...
Tardive mais nécessaire, cette reconnaissance va à ce que la France a de meilleur, ces hommes et ces femmes qui ont fait le juste choix !"
Prenant la parole à la cérémonie d'Abondant, Jeanne-Lise (Anna) Dittman-Ringart (BCFYV/DR).
Anna Dittman-Ringart :
- "j'ai une pensée particulière pour la soeur de Thérézia qui a prêté son nom. Une âme restée dans l'ombre...
Vous les Justes de France et du monde, vous avez le coeur à la bonne place !
Je n'ai jamais douté que ce dossier de reconnaissance éternelle irait à son terme."
Lionel Beffre, préfet d'Eure-et-Loir :
- "… Pendant que ceux qui avaient opté pour la collaboration bafouaient les principes de liberté et de justice qui fondent la République et effaçaient jusqu’à son nom, certaines et certains, anonymes ou hommes publics, dans l'ombre ou dans la lumière, osaient s'élever contre l'occupant.
Ils étaient rares mais ces Françaises et ces Français ont alors su montrer que les valeurs de l'humanisme étaient enracinées dans l’âme du pays. Partout, et au péril de leur vie, ils défendaient, accueillaient, cachaient, sauvaient des enfants, des femmes, des hommes, persécutés pour le seul fait d’être né Juif.
En Eure-et-Loir, les 7 Justes que nous honorons aujourd’hui ont risqué leurs vies pour sauver les membres de la famille RINGART OISTRACH.
(…) Les protecteurs de Mme DITTMAN ont choisi la voie du courage et de l’honneur, mais surtout celle du coeur. Avec beaucoup d’autres, anonymes, discrets, ils ont ouverts leurs portes à des Juifs pourchassés, mais d’abord à leurs yeux, à des voisins, à des amis d’amis, à des relations de travail et, la plupart du temps, à des inconnus.
Dans le visage des Juifs persécutés, ils n’ont vu rien d’autre que la souffrance de leurs frères humains. Alors, humblement, modestement, ils ont rempli leur devoir d’humanité, comme une évidence.
La qualification de « Justes parmi les Nations », chacune et chacun des hommes et des femmes que nous honorons aujourd’hui l’a pleinement mérité. Aimé, Roger et Thérèse BRETON, Albert et Marguerite MOREAU, et René et Geneviève GASTELAIS n’auront pas connu l’honneur d’être distingués de leur vivant.
Alors, fils, filles et parents de ces sept Justes, soyez fiers de leur action.
A ceux qui voulaient nier l’Homme, ces sept héros, avec tous les Justes parmi les Nations, ont apporté la plus magnifique des réponses.
Dans ce martyr que vivaient les Juifs, victimes de la monstrueuse coalition de la haine et de l’indifférence, ils ont montré que la France, leur France, à laquelle ces Juifs ont cru si intensément, n'avait pas tout à fait disparu.
Par leurs actes d’hommes et de femmes libres, ils ont bravé un ennemi dont la victoire était justement de forcer l’Homme à l’obéissance aveugle et à l’oubli de son prochain. Ils ont été les symboles de l’humanité et de la fraternité."
Le public put ensuite visiter une exposition particulièrement bien documentée. Elaborée par les enfants de l'école élémentaire, sous la direction d'Emmanuel Chevron, celle-ci était consacrée aux Justes et décrivait le parcours d'Anna, enfant cachée.
NB : Nos remerciements au Délégué du Comité Français pour Yad Vashem, Pierre Osowiechi qui a rassemblé les éléments constituant cette page. Précisons qu'il répond en outre à l'invitation du directeur et des enfants de l'école élémentaire d'Abondant pour y prolonger le travail de mémoire ayant imprégné cette cérémonie.
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