lundi 30 juin 2008

P. 53. Six mois de blog...


Evaluation (sommaire) après six mois de blog.

- 54 pages dont :

26 relatives au Comité Français pour Yad Vashem ;
24 consacrées aux nouveaux Justes parmi les Nations honorés en France ;
22 à l'actualité des publications.

- Plus de 7.800 visites réelles (le compteur présente quelques semaines de retard sur les débuts du blog)

- Des lecteurs venant d'horizons multiples :

Algérie
Allemagne
Australie
Belgique
Brésil
Canada
Croatie
Espagne
Finlande
France
Ghana
Grande-Bretagne
Hollande
Indonésie
Israël
Italie
Liban
Martinique
Maroc
Pologne
Portugal
Réunion
Sénégal
Serbie et Montenegro
Soudan
Sri Lanka
Suède
Suisse
Turquie
USA : Californie, Floride, Georgie, Maryland, Massachusetts, Missouri, New York, Ohio, Pennsylvanie, Texas, Washington.

- Des lecteurs entrant sur le blog :

via des sites référents = 48%
via des moteurs de recherches = 27 %
en accès direct = 25%.

- Une moyenne de 3 pages lues à chaque ouverture du blog.

- La page 51 a été la plus consultée, soit celle décrivant l'agrandissement du Musée de Roubaix pour un membre du groupe si bien nommé "Collaboration".

- Mais une réactivité très faible attestée par le nombre fort limité de commentaires. Un seul de ceux-ci a été refusé sous la responsabilité de la modération. Pour cause d'antisémitisme.
Eu égard au nombre important de lecteurs habitant dans des pays non francophones, il importera de préciser dorénavant qu'aucune obligation ne restreint au Français la rédaction des commentaires.

Constat : Ce blog a tenté de répondre à la confiance qui lui avait été accordée pour ouvrir un espace complémentaire au Portail, aux Publications, aux Cérémonies et aux autres activités fondamentales du Comité Français.

Objectivement et en six mois, cette cinquantaine de pages n'ont rencontré qu'une indifférence limitée et n'ont point trop soulevé d'hostilités déclarées.
Sans négliger ces réactions négatives, ce blog a veillé à remplir concrètement un rôle d'information et de diffusion des travaux menés à bien par tous les Membres du Comité. Celles et ceux qui constituent avec une infinie patience et une grande compétence les dossiers de reconnaissance de Justes. Puis celles et ceux qui élaborent avec grande attention et animent avec un humanisme chaleureux les cérémonies de remise de diplômes et médailles de Justes. Enfin, toutes celles et ceux qui, à des titres divers mais indispensables et complémentaires, font du Comité un lieu et un organe unique pour reconnaître et honorer les Justes de France.

Une précision encore. Pour chacune des cérémonies de remises de diplômes et de médailles, le blog dépend et de Paris et des délégués du Comité. Sans eux, aucun écho spécifique ne peut être diffusé largement comme l'attestent les chiffres de consultations. Ce qui explique les remerciements pleinement justifiés qui complètent ces échos.

Enfin, s'il a proposé régulièrement une lisibilité du Comité Français, ce blog s'est inscrit plus largement dans "une défense et une illustration" du travail de mémoire - toujours à recommencer - portant sur la Shoah. Il s'agit-là d'une fidélité fondamentale au souvenir des persécutés mais aussi des Justes parmi les Nations.

Le dernier mot de cette évaluation sera un remerciement à Jenny Laneurie, alors Secrétaire générale, qui fut à l'initiative de ce blog.

samedi 28 juin 2008

P. 52. Deux Justes dans les Vosges

(Titre de L'Est Républicain, le 23 juin).

Marie-Berthe Durant et sa fille Marie-Louise Pardonnet-Cousot ont été reconnues à titre posthume comme Justes parmi les Nations.

La cérémonie s'est déroulée ce 22 juin à Bazoilles et Ménil dans les Vosges. Le Comité Français pour Yad Vashem était représenté par son délégué, Didier Cerf. Dans son discours, celui-ci a mis en évidence la rareté d'un tel événement dans la Région :

- "On compte 22.000 Justes dans le monde dont 2.800 en France et une dizaine dans les Vosges."

Reportage de L'Est Républicain (signature S. Mx) :

- "La voix saccadée, les yeux rougis par l'émotion. Plus que dans tous les longs discours, c'est dans le visage d'henriette que l'on pouvait lire l'horreur de la Seconde Guerre mondiale. L'horreur mais aussi la gratitude envers celles qui lui ont sauvé la vie ainsi qu'à son frère et à sa soeur.

Plus de soixante ans plus tôt, Henriette Zygas n'était encore qu'une jeune fille. Paulette, Jacques et elle vivaient des jours heureux avec leurs parents, Léon et Néché. Propriétaires d'une blanchisserie à Nancy, ils durent s'exiler à Prades dans les Pyrénées-Orientales, à l'arrivée des troupes allemandes.

Près de quatre ans plus tard, la famille Zygas sera brisée à jamais. En cette funeste nuit du 23 février 1944, des policiers allemands, aidés de miliciens français, viennent arrêter Léon et Néché. Ils périront à Auschwitz après être passés par la Citadelle de Perpignan et le camp de Drancy.

Envisageant le pire, les époux Zygas avaient souvent répété à leurs enfants que, s'il arrivait {malheur}, il leur fraudrait tenter de rejoindre Bazoilles-et-Ménil. Là où se trouvaient Marie-Berthe Durant et sa fille Marie-Louise Pardonnet-Cousot. Celles qui allaient devenir "Maman Berthe" et Malou pour les trois orphelins.

Les enfants Zygas connaissaient bien les deux femmes pour avoir, dès 1932, passé plusieurs séjours chez elles. Malgré tous les risques qu'elle encourait, la fratrie prit le train en direction de la Lorraine., accompagnée d'une amie de leurs parents. Arrivés à la gare de Mirécourt, ils furent pris en charge par Marie-Louise Pardonnet-Cousot. Par les bois, ils rentrèrent à Bazoilles-et-Ménil où Marie-Berthe Durand et sa fille prirent soin des deux jeunes filles jusqu'à la libération et de Jacques jusqu'en 1949, lui qui était scolarisé dans la commune."

(Cliché de L'Est Républicain, à gauche : Didier Cerf, délégué qui doit être remercié pour sa documentation).

mercredi 25 juin 2008

P. 51. Une extension de Musée pour un membre du groupe "Collaboration"

A Roubaix, le Musée de la Piscine s'agrandit
pour Henri Bouchard,
Président du "Salon des Artistes français"
tout au long de l'occupation

Henri Bouchard dans son atelier (Photo : "Nice Matin").

Dans "Le Monde" , Clarisse Fabre a rendu publique une forme muséale de réhabilitation pour un collaborateur très officiel :

- "Faut-il transférer l'atelier d'Henri Bouchard (1875-1960), sculpteur académique qui a fait le voyage en Allemagne pendant la seconde guerre mondiale et qui a exprimé sa sympathie pour l'occupant nazi, au musée de La Piscine, à Roubaix ? Et l'artiste est-il important au point que ce musée du Nord engage des travaux d'extension pour reconstituer son atelier - installé jusqu'en 2007 dans le 16e arrondissement de Paris - et accueillir ses 1 296 oeuvres, des sculptures mais aussi des dessins ? Ces deux questions sont déjà tranchées, et le débat n'a pas eu lieu. Le passé de Bouchard n'a jamais été évoqué dans la longue chaîne de décisions qui a précédé le décret ministériel de décembre 2006, autorisant le transfert de propriété de l'atelier qui appartenait à l'un des fils du sculpteur, François Bouchard. Seuls les Verts de Roubaix ont tenté de barrer la route au projet, en vain.

(...)

Dernière question : pourquoi l'oeuvre de Bouchard, natif de Dijon - dont le Musée des beaux-arts possède des sculptures - atterrit-elle à Roubaix ? La réponse est sans doute la clé de l'histoire : la belle-fille du sculpteur, Marie Bouchard, est devenue conservatrice pour préserver au mieux l'atelier - qui sera classé "musée de France" en 1985. Elle s'est liée d'amitié, entre autres, avec Bruno Gaudichon, du musée de Roubaix, et Antoinette Le Normand-Romain, aujourd'hui directrice générale de l'Institut national d'histoire de l'art (INHA). Cette dernière a eu l'idée d'envoyer l'atelier à Roubaix. Elle le reconnaît : "Cette sculpture a longtemps été snobée pour son académisme. Aujourd'hui, nous formons une petite famille." Très soudée." (14 juin 2008)

"La Voix du Nord" répond à cet article. Sur le ton de la mise en cause d'une Parisienne manipulée politiquement, une journaliste cherchant à travers le sculpteur... le Musée même :

- "...À moins que la polémique vise davantage à faire du tort à La Piscine, jeune musée (ouvert en 2001) qui se retrouve cette année classé 5e au palmarès national des musées... « La journaliste du Monde a été bien briefée par les Verts de Roubaix, qui se sont toujours opposés à l'extension du musée », note, amer, Jean-François Boudailliez (1). La meilleure façon de trancher est encore de se faire sa propre opinion : La Piscine organise à partir de samedi et jusqu'au 20 septembre une exposition de dessins et croquis de Bouchard." (18 juin)

Les lecteurs comprendront que sur ce blog, il n'est pas question de céder à des sirènes politiques. Pas plus que de prononcer des jugements esthétiques ou de vouloir mettre en cause l'importance d'un Musée, soit-il du Nord ou d'ailleurs.

Par contre, tout travail de mémoire sur l'époque de la Shoah appelle ici des échos. Sans recherche de revanche. Mais par esprit de justice et de respect pour celles et ceux qui ont été persécutés, qui ont osé résister.

Or, au nombre des "sympathies" d'Henri Bouchard pour le nazisme, figure bien l'incontournable voyage officiel à Weimar (en novembre 1941). A dix kilomètres du camp de Buchenwald.

De retour, le sculpteur passe la brosse à reluire sur les bottes de ses hôtes. Dans "L'Illustration" du 7 février 1942 et sous le titre : "La vie de l'artiste dans l'Allemagne actuelle", il signe quatre pages non équivoques. Henri Bouchard y salue :

- "... la vie presque féerique que le gouvernement du Reich sait faire à ses artistes qui semblent être là les enfants chéris de la nation" ;

et conclut :

- "... c’est ainsi qu’un grand pays estimant la valeur et l’effort de la création artistique, comprenant sa nécessité dans les fastes de son histoire met sur un piédestal l’artiste, son savoir, son bonheur, sa culture intellectuelle, ses œuvres et la dignité de sa vie".

Si près de Buchenwald, évoquer une "vie féérique" et parler de "dignité" !!! Pas un mot pour tous les artistes stigmatisés comme Juifs, chassés des sphères de la musique, du cinéma, du théâtre, de la peinture, dont les livres ont été brûlés, aux oeuvres traitées avec barbarie, et qui ont été finalement exterminés dans les camps... Au grand bénéfice d'"artistes" aryens bien en cour auprès des nazis, eux qui inventèrent les termes d'"art dégénéré"...

Autres glorieux "pélerins" français de Weimar : des écrivains au nombre desquels Brasillach, Chardonne, Drieu La Rochelle, Fernandez et Jouhandeau (DR).

La célébrité d'Henri Bouchard étant objectivement relative, juste quelques dates pour jalonner sa carrière :

- 1901 : Prix de Rome ;

- 1902 - 1906 : pensionnaire de la Villa Médicis à Rome ;

- 1914-1918 : passe la guerre dans les rangs de la Section de camouflage à Amiens ;

- 1924 : installe son atelier 25 rue de l'Yvette à Paris 16e ;

- 1929 -1945 : enseigne à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris ;

- 1930 : monument "Au génie colonisateur français" pour marquer le centenaire de la colonisation de l'Algérie ;

- 1941-1944 : Président du Salon des Artistes Français ;

- 1942 : membre du "Comité d’Honneur" de l’exposition Arno Breker à Paris (voir photo) ;

- 1944 : à la Libération, reconnu comme collaborateur par le comité directeur du Front National des Arts réuni sous la présidence de Picasso.

Mai 1942, discours inaugural d'Abel Bonnard (2) pour l'ouverture de l'exposition Breker (3) à l'Orangerie des Tuileries (Photo : LAPI/Roger-Viollet. DR).

Sur son portail, "Paris 16e et vous" présente Henri Bouchard comme prolifique mais grand méconnu :

- "Artiste libre et indépendant mêlant académisme et innovation art déco, Henri Bouchard, sculpteur du début du XXème siècle, étonne par la pureté et le dépouillement de ses sculptures.
On lui doit l’apollon de la terrasse du palais de Chaillot et la façade monumentale de l’église saint-Pierre de Chaillot. Henri Bouchard a laissé derrière lui un nombre incalculable d’oeuvres : façades d’immeuble, monuments aux morts, statues pour les parcs publics, décorations d’église...Malgré cette oeuvre féconde, son nom reste très peu connu..."

Silence prudent sur les années d'occupation. A la lumière de sa collaboration et de son comportement de courtisan pour installer une "corporation" des artistes, les mots "libre et indépendant" sont plutôt inadéquats. Et si "son nom reste méconnu", n'est-ce par aussi parce que ce nom est définitivement lié à une collaboration active et sans excuses ?

Dans une étude publiée au Seuil sous le titre : "L'art de la défaite. 1940-1944", Laurence Bertrand Dorléac, elle, n'avait pas laissé Henri Bouchard dans l'ombre et le flou artistique.

Au contraire, elle y précisait la personnalité de ce sculpteur et son comportement sous la double férule de Vichy et des occupants. Une (re) lecture s'impose pour retrouver les hommes et les faits qui ont marqué cette époque où d'aucuns perdirent toute dignité devant les uniformes allemands.

Interrogée sur l'article de Clarisse Fabre publié dans "Le Monde", Mme Bertrand Dorléac ne se range pas derrière les suspicions des Amis du Musée relayées par "La Voix du Nord" (chercher à nuire à un nouveau Musée). Pour ce blog, elle commente :

- "A vrai dire, je n'ai vraiment rien à ajouter. L'article du Monde ne fait pas état de la participation du sculpteur au groupe Collaboration mais pour le reste, il résume bien la situation." (Courriel, 15 juin).

Car effectivement, Henri Bouchard était membre d'un groupement au nom devenu synonyme de bassesse devant l'occupant : "Collaboration". Fondé fin 1940 par Alphonse de Châteaubriand (4), ce groupe fut autorisé début 1941 par Otto Abetz (5).

Contrairement à ce qui se dit et s'écrit actuellement à Roubaix, la "collaboration" de ce groupe ne fut pas "uniquement artistique". Comme le prouvent ses statuts, cette "collaboration" se voulait pleinement idéologique :

- "1. Pour rassembler les Français de bonne volonté qui souhaitent sincèrement établir une France nouvelle dans une Europe nouvelle ;

2. Pour réaliser ce dessein tel qu'il a été exposé dans les divers messages du maréchal Pétain ;

3. Pour soutenir la politique extérieure et intérieure de la France telle qu'elle a été définie par le Message du Chef de l'Etat du jeudi 10 octobre 1940, et au besoin pour le défendre ;

4. Pour établir dans les rapports franco-allemands cet esprit de collaboration tel qu'il a été défini et préconisé par l'entrevue de Montoire et pour mieux faire connaître aux Français l'Allemagne réelle." (6)

A Roubaix, au Musée de la Piscine, ce sculpteur va bénéficier d'une reconnaissance et d'une mise en valeur dans une nouvelle aile. Comme trop souvent, d'une part s'accumulent les discours appelant au "devoir de mémoire", à la nécessité de ne pas "banaliser" l'occupation et ses zones d'ombres... tandis que d'autre part, les faits contredisent voire trahissent concrètement ces intentions publiques.

Reste au Musée de la Piscine à prendre langue avec celui de Nörvenich pour demander en prêt des sculptures de Breker afin qu'à Roubaix, Henri Bouchard se retrouve en bonne compagnie.

Notes :

(1) Adjoint au maire de Roubaix, en charge de la culture.

(2) Autre membre du groupe Collaboration. Ministre de l'Education et de la Jeunesse à partir d'avril 1942. Surnommé "la gestapette" par Jean Galltier-Boissière. Exilé en Espagne après guerre. Exclu de l'Académie française.

(3) Arno Breker. Sculpeur préféré d'Hitler auquel il servit de guide dans Paris occupé. Au service du ministère de la propagande du IIIe Reich. Mort sans une once de regret, considérant jusqu'au bout que son "art" n'avait rien de "politique".

(4) Président du groupe Collaboration. Directeur de "La Gerbe". Parti dans les bagages des Allemands en déroute, est mort caché dans un monastère du Tyrol.

(5) Sous l'occupation, Ambassadeur de l'Allemagne à Paris.

(6) Jeannine Verdès-Leroux, "Refus et violences. Politique et littérature de l'extrême droite des années trente aux retombées de la Libération", Gallimard, 1996.

vendredi 20 juin 2008

P. 50. 6 jours pour les 60 ans d'Israël

Chères Amies, Chers Amis,

60 ans de combats de toutes natures,
60 ans de victoires dans les domaines de la démocratie, du courage, de la science, de la recherche médicale, de la culture, et de l'art.

A cette occasion, YAD VASHEM en partenariat avec l'APAC
( Association pour la Promotion de l'Art Cantorial et des Jeunes Talents )
propose à un nombre limité de personnalités d'horizons divers, un voyage d'exception.

Un programme d'excellence permettra à chacun des contacts de haut niveau et des spectacles exceptionnels.
Préparé avec beaucoup de soin, il offrira à chacun de l'agrément, de l'intérêt et du partage.
Cette approche d’Israël se veut conviviale, originale, riche de contenu…et de détente.
Ce voyage est conçu en exclusivité pour nous et par nous.
Tout est mis en oeuvre pour que ce souvenir soit UNIQUE dans la mémoire de chacun.
Si certains, parmi ceux qui nous feront l'honneur et le plaisir de participer à ces "6 jours pour 60 ans" ont des contraintes particulières à respecter, nous en tiendrons le plus grand compte lors de votre inscription.

Merci de nous contacter si vous désirez prolonger votre séjour après le 30 octobre.
Le prix définitif, tout compris (vol, transferts, hébergement, tous repas, spectacles, visites), sera de 2.550 €/personne (base chambre double -hors assurances) sachant que nous souhaitons un groupe limité à 80 personnes.
Les inscriptions doivent être effectuées avant le 25 juillet 2008.
Afin de bloquer votre réservation, merci de bien vouloir nous envoyer un chèque de 1.000 euros par personne en dépôt non encaissable, que nous vous restituerons lors de votre paiement global : Comité Français pour Yad Vashem, 20, quai des Célestins 75004 Paris.
Le voyage sera à régler directement à l’agence de voyage par carte bancaire.

Pour tous renseignements complémentaires vous pouvez nous contacter :
01.47.20.99.57
yadvashem.france@wanadoo.fr

La qualité optimale au profit de chacun et chacune d'entre vous sera notre souci permanent .
C'est pourquoi nous avons choisi un voyage " TOP-VIP ", à nul autre pareil, après toutes les festivités officielles qui se dérouleront de Mars à Mai, afin de vous garantir l'excellence des prestations.
Dans l'attente de votre réservation, dont nous vous remercions.
Très sincèrement à vous.

Me Corinne CHAMPAGNER KATZ - Raphaël COHEN Cantor
Présidente du Comité Français pour Yad Vashem - Président Fondateur de l’APAC
Daniel SANDLER
Conseil Exécutif du Comité Français Yad Vashem, Porte Parole de l’APAC.


Programme

Vendredi 24 Octobre :

Départ pour Tel Aviv sur le vol régulier EL AL de 11 H.
A l’arrivée transfert vers Jérusalem.
Hébergement à l’hôtel Inbal 5 étoiles luxe jusqu’au 28 octobre.
Participation à l’office de la grande Synagogue de Jérusalem avec Cantor et la chorale de la Synagogue.
Dîner de Chabbat à l’hôtel (en présence d’un invité de marque).

Samedi 25 Octobre :

Le matin participation à l’office de la grande Synagogue de Jérusalem avec Cantor et la chorale de la Synagogue.
Un programme spécial est prévu pour ceux qui ne souhaitent pas participer à l’office.
Après l’office ballade à pied dans le quartier de Talbieh.
Déjeuner de Chabbat au Sheraton Plaza puis ballade à pied dans la vielle ville de Jérusalem.
Le soir visite privée du Musée de Jérusalem avec dîner en musique en présence d’un invité de marque.

Dimanche 26 Octobre :

Départ tôt le matin pour la visite de Ir David ensuite visite complète de Yad Vashem avec déjeuner sur place.
Retour à l'hôtel Inbal en fin d’après midi.
19 H : cocktail - barbecue - soirée concert.


Lundi 27 Octobre :

Visite de la Mer morte (Photo : DR), Massada, Ein Guedi, déjeuner chez les bédouins, baignade dans la Mer morte.
Le soir réception dans la résidence du Président Shimon Peres.
Dîner dans les jardins du musée Anna Ticho avec musique et invité de marque.

Mardi 28 Octobre :

Après le petit déjeuner, visite de la Cour Suprême, puis départ pour Tel Aviv visite de la ville blanche, de Newe Tsedek et de Jaffa.
Dîner sur la terrasse du musée Ilana Gour à Jaffa et invité de marque.
Hébergement à l’hôtel David Intercontinental 5 étoiles luxe.

Mercredi 29 Octobre :

Journée consacrée à la Galilée, Césarée, les villages Druzes, puis visite d’une entreprise symbole de la réussite israélienne, déjeuner sur place.
Rencontre avec le Président fondateur de l’entreprise.
Ensuite départ pour Safed puis Tibériade.
Croisière dînatoire privée sur le Lac de Tibériade, en musique. Retour à Tel Aviv.

Jeudi 30 Octobre :

Après le petit déjeuner, reconnaissance des bagages à l’hôtel, réception des cartes d’embarquement.
Départ pour la visite du Musée du Palmah, déjeuner sur le port de Tel Aviv avant de partir pour l’aéroport pour le retour sur Paris.
Départ 17 H sur le vol régulier EL AL. Arrivée à Paris à 21 H.

22 juillet : nous sommes désolés d'annoncer que ce voyage est annulé.

mercredi 18 juin 2008

P. 49. Les sauveteurs de Denys Lévy

Photo extraite du Reportage de Nice Matin en date du 18 juin.

Deux nouveaux Justes parmi les Nations :
Emile Hugues et son épouse Lucie Laffitte
ont été honorés à Saint-Paul de Vence.

Leur dossier à Yad Vashem porte le résumé du sauvetage de Denys Lévy :

- "Jérôme Lévy, est issu d’une famille d’Alsaciens ayant opté pour la France après la guerre de 1870. Il était commandeur de la Légion d’Honneur et a joué un rôle important dans la vie politique d’avant-guerre : chef de cabinet d’Aristide Briand, délégué de la France à la Société des Nations. Il rejoindra la Résistance en 1940 suivi de son fils Denys qui, dès 1941 (il a 16 ans) adhère au réseau Brick.

En Septembre 1939, la famille a quitté son domicile de l’Avenue Foch pour sa maison de Deauville, Denys suivant sa scolarité à Caen. Quand les Allemands franchissent les lignes alliées, ils séjournent à Vichy puis au Pyla. Les Lévy s’installent ensuite à Cannes en zone libre où Denys poursuit sa scolarité en première et terminale.

En octobre 1942, ne pouvant poursuivre ses études à Cannes où ses parents restent, il est hébergé à Nice par une cousine, Anne-Mathilde Paraf.
Il est élève de Mathématiques supérieures au Lycée Masséna de Nice pendant l’année scolaire 1942-1943, il y fait connaissance du futur sénateur Pierre Laffitte.

En septembre 1943, les Allemands ayant envahi la partie de la zone dite libre préalablement occupée par l’Italie, procèdent à des rafles massives de juifs. Denys est alors conduit par Anne-Mathilde Paraf et Emile Roche, chez Lucie Laffitte, mère de Pierre Laffitte, à Saint-Paul de Vence, où il reste une semaine sans sortir dans une chambre aux volets clos.

Maître Emile Hugues, notaire à Vence et ami de Lucie Laffitte, vient chercher Denys et l’amène chez lui, où il reste quinze jours tout seul. Puis les parents de Denys le rejoignent et Emile Hugues met à leur disposition la maison de ses parents proche de la sienne. Ils y resteront jusqu’à la Libération, en août 1944. Lucie Laffitte et Emile Hugues leur rendaient visite presque quotidiennement. Pierre Laffitte venait régulièrement donner des leçons de mathématiques à Denys. Anne-Mathilde Paraf et Emile Roche leur rendaient également très souvent visite."



Pierre Laffitte, sénateur des Alpes maritimes, à l'origine de la Technopole Sophia-Antipolis.

La cérémonie de remise à titre posthume des médailles et diplômes aux noms d'Emile Hugues et de Lucie Laffitte s'est déroulée à la Fondation Maeght de St-Paul de Vence ce 17 juin. La délégation du Comité Français pour Yad Vashem était composée de Jacques Eloit ainsi que de William Zekri.

Remerciements à Arlette Sebag, chargée au Comité de l'organisation des cérémonies, pour la documentation ayant permis cette page.

Pour le reportage de Nice Matin, cliquer ici.

lundi 16 juin 2008

P. 48. "Mémorial des juifs de Seine et Marne"

Aux Editions La Plume et l'Ecran :

"Le livre mémorial des juifs de Seine et Marne durant la seconde Guerre Mondiale 1940-1945"

par Frédéric Viey

illustration de couverture ("le poids des silences") par Charles Goldstein



Les Editeurs :

- "Avec l’ouverture des documents aux Archives Nationales et Départementales concernant la Seconde Guerre Mondiale, il est possible d’avoir accès à toutes les pièces même si certaines sont encore très sensibles. Madame Isabelle Rambaud, directrice des Archives départementales de Seine-et-Marne, donne la possibilité de pouvoir consulter toutes les archives concernant cette période.

Dans ces documents, le plus incroyable est, sans doute, la découverte d’un camp de transit à Dammarie-les-Lys pour les Juifs étrangers habitant la Seine-et-Marne avant leur envoi vers Beaune-La-Rolande ou Pithiviers. Puis il y a aussi ces camps disciplinaires où des juifs sont internés selon leurs capacités professionnelles : manœuvres, tailleurs, tailleurs sur cuir, etc…
Il y a également ces camps de travail agricole où des Juifs parisiens se portent volontaires pour y travailler. Au bout de ces chemins, il y a, inexorablement, l’application des lois raciales antijuives, la déportation et la mort.

La Fondation pour la Mémoire de la Shoah travaille pour préserver la mémoire de cette immense catastrophe qui a réduit les rangs du Peuple Juif dans le Monde : 6.000.000 d’âmes. Cette fondation finance différents projets de recherches sur le recensement, le marquage, la déportation et l’extermination des Juifs et plus particulièrement des Juifs de France. Ces travaux trouvent leur réalisation et leur archivage dans le Mémorial de la Shoah qui remplace ce qui a été pendant plus de 50 ans le Centre de Documentation Juive Contemporaine. Il faut rappeler ici le long travail de recherches des minutes de la mise en place de l’extermination des Juifs de France et la traque des criminels de guerre ayant œuvrés en France, par Serge et Beate Klarsfeld, aidés par les ’’Fils et Filles des Déportés Juifs de France’’. Simon Wiesenthal, le chasseur de nazis, leur avait ouvert la voie.

Frédéric Viey, historien, retrace dans ce livre les douloureuses étapes de la vie quotidienne des Juifs en Seine et Marne de 1940 à 1945. Puis rend hommage aux Justes, qui au péril de leur vie, sauvèrent des fils d’Israël. Il y en a eu plus d’une vingtaine dans notre département."


L'auteur :

- "Aujourd’hui, il faut rendre hommage aux personnes qui trouvèrent la mort durant cette sombre période en citant les véritables raisons de cette extermination. En effet, en Seine-et-Marne comme dans tout l’hexagone, les israélites français et étrangers sont énumérés, marqués, spoliés, déportés et exterminés parce que Juifs ; vieil anti-judaïsme clérical ? La xénophobie du régime nazi, amplifiée par l’antisémitisme d’Etat d’un gouvernement ultra-nationaliste conduisent aux portes de l’enfer plus de 80.000 juifs de France."

jeudi 12 juin 2008

P. 47. Le P. Antonius Delaire, Juste parmi les Nations

Le 7 juin, "La Montagne" consacrait une page entière à l'annonce de la cérémonie d'hommage au P. Antonius Delaire.

Grâce d'abord à son supérieur, l'Institut Saint-Pierre de Courpière a servi de havre de paix pour de jeunes Juifs alors que régnait la Shoah.

Ce 11 juin, médaille et diplôme de Juste ont été remis (à titre posthume) au nom du P. Antonius Delaire par la déléguée du Comité Français pour Yad Vashem, Annie Karo. La cérémonie s’est déroulée dans les murs de l’Institut Saint-Pierre même, là où ces documents ont été déposés dans les mains de l'actuelle directrice, Mme Anne-Marie Rey, et là où ils resteront en dépôt.

Voici la synthèse du dossier établi par Yad Vashem en vue de reconnaître ce nouveau Juste parmi les Nations :

- "Kurt Niedermaier est né en 1923 en Allemagne.
Début 1939, alors que ses parents hésitent à fuir l’Allemagne nazie, il décide de partir pour la France : il a 15 ans.
Il entre clandestinement en France où il est pris en charge par les Eclaireurs Israelites de France (EIF) dans la maison de Moissac (Tarn et Garonne).

En 1942, la chasse aux juifs s'accélère, les risques de déportation augmentent et la direction des EIF décide de cacher Kurt à l’Institution St-Pierre de Courpière, sous le faux nom de Henri Kurtz, réfugié protestant de Mulhouse.
Il arrive à l’Institution St-Pierre en novembre 1942 où il est accueilli dans la plus grande discrétion par le père supérieur, le Père Delaire. Seul l’économe le Père Bastide partage ce secret.
Kurt Niedermaier reste jusqu’en juin 1944 à Courpière, où il passera brillamment les épreuves du baccalauréat. Il quittera ensuite l’établissement pour aller combattre avec la résistance.
Kurt Niedermaier est décédé en septembre 2006.

D’autres enfants sont cachés à l’Institution, et en particulier Maurice et Joseph Jonas
Quand la guerre éclate, leurs parents, Philippe et Myriam Jonas, juifs polonais qui sont arrivés en France en 1920 et ont été naturalisés français, habitent dans la région parisienne.
Philippe est dessinateur industriel et Myriam s’occupe des enfants, Maurice, Joseph et Paulette qui sont respectivement agés de 11 ans, 9 ans et 7 ans.
En 1940, la famille fuit l’avancée des allemands et se réfugie à Clermont-Ferrand.
La situation matérielle de la famille est difficile.
L’entrée des Allemands à Clermont en novembre 1942 alarme M. et Mme Jonas qui décident alors de cacher Maurice et Joseph dans une institution catholique.
Grâce à l’intervention de Monseigneur Piguet, ils sont placés, pour l’année scolaire 1942-1943 sous le nom de Jouas, de religion protestante, à l’Institution St-Pierre.
Là aussi le Père Delaire, qui connaît l’identité des adolescents, les accueille dans la plus grande discrétion, avec chaleur et dévouement, et veille à ce qu’aucune pression ne soit exercée sur eux.

Antonius Delaire avait été ordonné prêtre en 1922, après des études au Grand Séminaire de Chamalières et une licence de lettres classiques.
Il avait rejoint l’Institution St Pierre en octobre 1923 comme professeur de lettres classiques et avait été nommé Supérieur de l’Institution St Pierre en 1937.

C’est avec intelligence, bonté et sensibilité que le Père Delaire, homme d’Eglise patriote et résistant, a fait face aux douloureux événements de l’occupation."

Ainsi la volonté des enfants Juifs si efficament cachés dans cet Institut, s’est-elle concrétisée : « rendre hommage à celui qui avait pris le risque de les cacher et aussi pour que les générations futures gardent mémoire de tous ceux qui ont eu le courage de sauver des enfants ».

Remerciements à Annie Karo, déléguée, pour le dossier et les photos composant cette page.

lundi 9 juin 2008

P. 46. Les Juifs raflés à Bugeat

Chez Stock :
"Jeudi Saint" de Jean-Marie Borzeix
...
pour que ne se "désagrège" pas la mémoire des Juifs raflés sur le plateau de Millevaches en Corrèze.

Présentation par l'Editeur :

- "Le 6 avril 1944, un détachement de soldats allemands traquant les résistants, nombreux dans la région, investit une bourgade du Limousin. Soixante ans après, la population se souvient que ce jour-là quatre paysans d’un village voisin ont été pris en otage et fusillés pour l’exemple.
Jean-Marie Borzeix connaît bien cette histoire, c’est celle du pays où il est né au début de la guerre. Mais parce que ces événements en cachent d’autres, il raconte l’enquête qu’il a menée ces dernières années. Celle-ci le conduit à découvrir que le 6 avril, un Jeudi Saint, et pendant tout le printemps 44, des dizaines de Juifs ont été arrêtés et déportés dans cette commune et dans plusieurs autres du plateau de Millevaches."


Pierre Assouline, La république des livres (4 juin 2008) :

- "... Le spectre de l’Occupation rôde à toutes les pages. Dès les citations placées en épigraphe, il invite à ne pas se résigner à la défaite que constitue l’oubli, et à ne pas se laisser envahir par le présent à l’exclusion de la suite des années.
Le village de l’Echameil en Haute-Corrèze est le théâtre intime de cette chronique des jours passés, elle aussi gouvernée par une enquête agitée de rumeurs et de murmures. Ca s’est passé en avril 1944 dans la journée du jeudi saint. C’était le temps des rafles et des otages. Le narrateur de ce récit, qui ne cherche pas à se draper dans les habits de cérémonie du roman, veut se faire l’attentif historien de cette journée particulière dans ce minuscule coin de France.
Ecartelé entre le crédit à accorder aux souvenirs des témoins et la totale confiance généralement donnée aux documents d'archives, il navigue entre les petites lâchetés et le courage ordinaires de personnes que sa quête élève au statut de personnages. Tout cela pour retracer le destin d’une poignée d’étrangers échoués là à seule fin de s’y cacher, des "parmi nous" comme on dirait des "malgré nous". Jamais le plateau limousin n’avait été aussi cosmopolite. Un drame s’est joué là, à l’ombre des bals clandestins, forme de résistance qui connut une vogue considérable à la fin de l’Occupation.
L’auteur, né par là à cette époque-là, a voulu comprendre comment s’étaient superposées la déportation des dizaines de Juifs planqués dans des communes du plateau de Millevaches et l’exécution de quatre paysans pris en otages. Soudain, des gens que ceux du cru avaient fini par connaître s’évanouissent dans la nature. Il faudra le travail du temps et l’obstination d’un seul qui n’avait "rien à voir avec cette histoire" pour que l’on sache ce qui était véritablement advenu. Et pour cause : "Ce n’est pas un pogrom sauvage, c’est une série d’arrestations tranquilles, une sorte de banal contrôle administratif".
L’histoire s’achève sur le télescopage de deux dates : celle du 6 avril 1944 quelque part en France avec celle du 7 avril 1994 quelque part en Afrique : "Ce jour-là commence le dernier génocide du XXème au siècle au Rwanda. Un génocide préparé de longue date et monstrueusement artisanal".


Gérôme Garcin, Le Nouvel Observateur (8 mai) :

- "... c'est en réveillant la tragédie de Bugeat qu'il a découvert, caché derrière le monument aux morts, effacé de l'histoire locale, oublié de tous, un autre drame, pourtant concomitant : l'exécution, par ces mêmes nazis, d'un jeune résistant juif, Haïm Rozent, alias Chaïm, alias Jem, qui refusa, sous la torture, de désigner les maquis environnants, et dont la tombe, au fond du cimetière de L'Eglise-aux-Bois, portait un numéro de téléphone à Haïfa.
Commence alors une enquête qui conduit Borzeix en Belgique, Pologne, Israël, à Paris, Berlin et dans les archives du fort de Charenton. Pièce après pièce, il reconstitue le puzzle éparpillé, la généalogie enfouie, le destin brisé de ce juif de Corrèze et de tous les autres, qui ont combattu les Allemands quand ils ne furent pas déportés, et auxquels nul, avant Borzeix, n'avait pensé à célébrer le courage, à graver les noms, à fixer les visages."


Plaque inaugurée à la Mairie de Bugeat en 2004. Ce monument est évidemment et tristement lacunaire (ou imprécis, si l'on préfère). En effet, il ne porte pas que ces "victimes du nazisme arrêtées à Bugeat" le furent en tant que Juifs persécutés en application de la Shoah.Chaïm Rozent est présenté comme "mort à l'Eglise-aux-Bois" alors qu'il a été fusillé... (Cette note n'engage que l'animateur du blog) :


La Croix (28 mai) :

- "Mais voici qu'a surgi Chaïm, un juif assigné à résidence à Bugeat, avec des centaines d'autres réfugiés et pourchassés éparpillés dans la campagne limousine. Aide-coiffeur et bon garçon, «le» Chaïm jouait aussi du violon. Mais le salon de coiffure était aussi une plaque tournante de la Résistance locale.
On imagine la suite quand débarquèrent les camions vert-de-gris. Borzeix a retrouvé sa tombe, avec sa Table et son étoile de David. Il a rameuté ses enfants depuis Haïfa et le Tennessee, pioché les archives, salué les Klarsfeld, hanté Yad Vashem, assemblé le puzzle, étoile jaune sur coutil bleu. Et pris sa plume. Courez lire la suite, d'un mémorial l'autre, quand les passés s'apaisent, las de s'être tant chevauchés et interpellés. Quand les hêtres du Plateau s'empourprent."


Catherine Martinez-Scherrer, Parutions.com (2 juin) :

- "Attraper l’Histoire, avant qu’elle nous échappe. Par son nouveau roman, Jean-Marie Borzeix s’interroge sur cette science si inexacte, faite d’oubli et d’incertitude. «L’histoire est construite sur un entassement immense de témoignages de première main qui n’ont été ni livrés, ni retenus» ; que faire quand les anciens disparaissent et avec eux la vérité. Mais n’y a-t-il qu’une seule vérité, un seul point de vue, où est l’objectivité ?
Dans ce livre contre l’oubli, Jean-Marie Borzeix traverse les contours obscurs des souvenirs, les souvenirs qui s’égrènent comme des vérités. Livre d’interrogation et de réflexion, Jeudi Saint est un hommage à ces milliers de vie effacées, gommées. Jean-Marie Borzeix capte dans une écriture épurée la fragilité de la mémoire, la nécessaire écriture, l’indélébile empreinte. Une leçon d'humanité..."

Manifestation patriotique devant le monument aux morts de Bugeat après la libération (photos extraites de : "Bugeat, une commune du pays vert qui vous accueille en Corrèze").

André Rollin, Le Canard enchaîné (4 juin) :

- "Son récit, écrit avec une force tranquille, n'est pas un texte de plus sur cette période saccagée. C'est la recherche d'un homme qui ne peut admettre que le passé ne se décompose, que les faits se désagrègent. Il veut oublier les mensonges, effacer les lâchetés...
Cette recherche de l'auteur est bouleversante tant elle démonte les mécanismes de l'effroi. Avec des déclarations des plus précises. Comme celle du préfet de la Corrèze, Pierre Trouillé, qui fait son rapport à Vichy :
"Le ramassage des étrangers par les autorités allemandes et françaises a été particulièrement bien accueilli par les Corréziens qui redoutent cette catégorie d'étrangers".


vendredi 6 juin 2008

P. 45. Cérémonies à Châtenay-Malabry et à Toulon

Nouveaux Justes parmi les Nations :
Marthe Marie Potvin
ainsi que
Jean et Aimée Barange


Ce 5 juin, la Mairie de Châtenay-Malabry a servi de cadre à une cérémonie de reconnaissance (à titre posthume) de Marthe Marie Potvin. Délégués du Comité Français pour Yad Vashem, Viviane Lumbroso et Paul Ejchenrand ont remis médaille et diplôme aux ayant-droits de cette Juste parmi les Nations.

A la Mairie d'honneur de Toulon, Médailles et Diplômes de Justes parmi les Nations ont été remis ce 6 juin aux ayant-droits de Jean et d'Aimée Barange pour avoir sauvé Alik-Albert Zylbersztejn, persécuté par la Shoah.

- "Jean Barange, fils de paysan des Monts du Lyonnais, était instituteur comme son frère Claude et sa sœur Perrine.
Maitre d’école, il épouse Aimée. Ils auront un fils en 1910, Aimé-Jean Barange, qui deviendra médecin et père de Marianne, Elisabeth et Perrine.
Jean, appelé sous les drapeaux en 1914, sera très grièvement blessé. Après de longs mois de soins il ne sera pas renvoyé au front mais deviendra instructeur pour les jeunes recrues ne sachant pas conduire (durant la première guerre mondiale on était passé dans l’urgence de l’hippomobile à l’automobile !)
La paix revenue, il reprendra sa mission d’enseignant puis, après l’acquisition des connaissances nécessaires, il dirigera une école de sourds-muets à Villeurbanne, sa femme Aimée en assurant l’intendance. Laïque, socialiste, progressiste et franc-maçon, il est mis à la retraite anticipée en 1941 par le régime de Pétain.

Durant l’occupation de la France, le régime de collaboration et les lois anti-juives mis en place par l’Etat français, Jean et Aimée Barange accueillent clandestinement un jeune garçon d’origine israélite : Alik Zylbersztejn qui deviendra pour la famille, les proches et les voisins, «le cousin Albert».
Pendant les années noires ils vivront dans une maison située à Estressin près de Lyon. Le «cousin Albert» deviendra le compagnon de jeu des ses «cousines» Marianne et Elisabeth.

C’est une histoire simple ! Celle du «courage ordinaire» qui fort heureusement se terminera bien : le petit Albert deviendra un brillant physicien collaborateur de Pierre-Gilles de Gennes ; marié il aura deux enfants : un garçon et une fille qui n’est autre que la comédienne sensible et émouvante Elsa Zylberstein.

Alik qui garda des contacts réguliers avec la famille Barange a voulu que Jean et Aimée soient reconnus comme "Justes" rendant ainsi un hommage universel à ce couple qui avait su braver les interdits et des lois scélérates et pour lequel il a gardé une grande reconnaissance et une profonde admiration. La Médaille des Justes sera remise à Mesdames Marianne Estragon et Elisabeth Coche, petites-filles de Jean et Aimée."

Jean et Aimée Barange, photo des années 1912 (LDH Toulon).

Président délégué de Yad Vashem pour le sud de la France, Robert Mizrahi propose ces compléments d'informations sur les cérémonies dont il porte la responsabilité, telle celle de Toulon :

- "Pour la préparation des cérémonies: contact avec le ou les récipiendaires, avec le ou les témoins, avec les mairies, institutions religieuses, maisons de retraite, ces approches sont faites par Madame Karinne Rajzman, responsable des cérémonies au consulat général d'Israël à Marseille en accord constant avec moi-même.

Quant à la cérémonie proprement dite, le déroulé est le suivant :

Accueil du Maire, intervention de moi-même en tant que Président délégué de Yad Yachem pour le sud de la France, pour dire ce qu'est Yad Vachem et ce que sont les "Justes parmi le Nations" de l'Etat d'Israël. Rappel historique de la période noire de 1939/1945 et le" Statut des Juifs" et quelques considérations sur la période actuelle. Puis intervention du Consul Général d'Israël, Madame Simona Frankel actuellement, pour rappeler les faits : à savoir qui est le témoin et sa famille et retracer l'action salvatrice du ou des récipiendaires. Puis immédiatement après, remise au récipiendaire de la Médaille par Madame le Consul et du Diplôme d'Honneur par moi-même, après en avoir donné lecture. Le récipiendaire et le témoin s'expriment à leur tour et le Maire conclut à sa convenance.
Comme les lecteurs peuvent le constater, je suis partie prenante dans la préparation et la concrétisation des cérémonies depuis 11 ans bientôt et ce avec quatre Consuls différents."

Remerciements à la section de Toulon de la Ligue des Droits de l'Homme et au Président Mizrahi pour leur documentation.

mercredi 4 juin 2008

P. 44. Gratitude envers les Justes et poème aux parents déportés

En complément des pages 42 et 43 présentant un compte-rendu de la cérémonie de reconnaissance de 7 Justes parmi les Nations, ce 2 juin à la Mairie du 3e Arrondissement de Paris,

voici le discours prononcé par Peleg Lewi, Conseiller près l'Ambassade d'Israël à Paris :

"Monsieur le Maire,
Madame la Présidente du Comité français pour Yad Vashem,
Monsieur le Vice-Président du Comité français pour Yad Vashem,
Mesdames les Déléguées régional du Comité français pour Yad Vashem,
Mesdames et Messieurs,


En janvier 2007, la France a rendu un vibrant hommage aux Justes parmi les Nations. Jacques Chirac, alors Président de la République, et Simone Veil, Présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah ont introduit les Justes de France au cœur du Panthéon. Toute la France a été touchée par la reconnaissance enfin étalée au grand jour de ces héros ordinaires.
Entre 1940 et 1945, la France traverse la période la plus sombre de son histoire. Elle a capitulé devant l’Allemagne nazie et les Juifs sont fichés, pourchassés comme des bêtes, raflés et persécutés.
La barbarie nazie est une machine de mort infernale, minutieuse, qui ne laisse rien au hasard. Personne n’est épargnée : hommes, femmes, enfants et vieillards.
Plus de 76.000 Juifs - un quart de la population juive en France - ne pourront échapper à un destin tragique et seront exterminés dans les camps de la mort.
Six millions de Juifs en Europe seront ainsi assassinés dans ce qui constitue le plus grand crime industriel de l’histoire de l’humanité.

La période est sombre. La France connaît ses collaborateurs, de triste mémoire, qui non seulement aident les nazis, mais parfois même les devancent dans leur entreprise. La France, c’est encore une grande majorité silencieuse et passive, parfois par indifférence, souvent par peur.
Mais la France, c’est aussi de merveilleux éclats de lumières qui naissent de l’obscurité. Alors qu’ils pouvaient fermer leurs yeux, passer en silence, ils ont été happés par le drame et se sont mis en danger de mort, eux et leur famille, pour sauver des Juifs.
Ils l’ont fait avec toute leur âme, tout leur cœur. Certains y ont laissé leur vie.
C’est vrai que les Justes considèrent que ce qu’ils ont fait était naturel, qu’il n’aurait pu en être autrement, et même qu’ils auraient dû en faire plus. Mais on voit bien que les Justes n’ont pas seulement sauvé des innocents d’une mort certaine, muraille contre la barbarie ; ils ont sauvé la dignité de l’homme, ils ont sauvé l’honneur de la France.
Le Talmud va même plus loin, quand il dit : « Qui sauve un homme sauve l’humanité entière ».

Le peuple juif n’oublie pas.
Ni les bourreaux et leurs collaborateurs. Ni ces Justes, êtres exceptionnels, lumières des nations.
Ils nous rappellent que le courage se trouve bien souvent hors des idées reçues partagées par la majorité.
Il incombe à tous de préserver le souvenir précis de cette tragédie humaine. Pas seulement pour la mémoire des morts sans sépultures. Pas uniquement pour honorer les Justes, ces perles de l’humanité. Mais aussi pour préserver notre avenir à tous. La mémoire est un outil indispensable à l’homme pour se construire dans le futur.
On ne bâtit rien sur l’oubli ou le mensonge.

La Médaille des Justes parmi les Nations est la plus haute distinction de mon pays, il ne s'agit ni d'une récompense, ni d'une décoration mais simplement d'un témoignage de gratitude et de reconnaissance éternelles.
C’est avec un très grand honneur et une immense émotion que je la remets aujourd’hui au nom du peuple juif et de l’État d’Israël.
Chers Justes, nous vous sommes à jamais reconnaissants de ce que vous avez accompli au péril de votre vie.
C’est ce qui nous donne encore la force de croire en cette humanité.
Merci à vous du fond du cœur."


(Auschwitz. Graphisme : J-E Andreux)

Ce poème est l'oeuvre d'Evelyne Fechter (lire le dossier d'Abel et Suzanne Fournier, page 43). Elle avait dix ans lorsqu'elle a tracé ces vers reflétant les tragédies vécues par des enfants aux parents emmenés vers "pitchi poï":

PARENTS DEPORTES

où sont ils partis
(ceux que l'on aimait) ceux qu'on aimait tant
ceux que l'on chérit
oh! nos chers parents ?

vous avez été déportés
et de vos enfants
vous avez été arrachés
oh! pauvres parents

vos enfants sont ici
ils vous attendent
venez, parents chéris
ils vous demandent

nous qui sommes vos enfants
nous vous vengerons
et pour vous, oh chers parents
nous combattrons

nous serons victorieux
nous serons glorieux
car votre foi nous suivra
et la vengeance existera

nous avons encore l'espoir
de vous revoir un jour
mais quand pourrons-nous l'avoir
ce bonheur, pour toujours ?

(Documentation : Viviane Saül, déléguée du Comité Français).

lundi 2 juin 2008

P. 43. Jour mémorable en la Mairie du 3e Arrondissement


Cérémonie à la Mairie de 3e Arrondissement de Paris pour 7 Justes parmi les Nations.

Ce 2 juin, les dévouées déléguées du Comité Français pour Yad Vashem, Madeleine Peltin Meyer et Viviane Saül, avaient en charge la remise de médailles et de diplômes aux noms de sept nouveaux Justes. Tous le furent à titre posthume, à l'exception de Robert Cornon.


Robert Cornon :

Max et Sarah Schpilman, originaires d’Ukraine, s’installent en France en 1908.
Ils auront sept enfants. Deux garçons et cinq filles. Georges, né en 1908, et Maurice en 1912. Eva en 1910, Madeleine en 1916, Berthe en 1921, Jacqueline en 1923, et Micheline en 1929.

Le Père est chapelier. Les Schpilman, domiciliés au 14, rue des Bourdonnais à Paris 1er, se lient d’amitié avec un voisin, Monsieur Robert Cornon, à qui ils doivent leur survie.

Durant l’occupation allemande, les deux fils sont en province, mais Georges sera interné à Gurs, puis déporté à Sobibor en 1943. Son Frère Maurice, arrêté à Nice, sera déporté à Auschwitz la même année, ils ne reviendront pas.
La famille est dispersée. Eva, Madeleine et Micheline sont réfugiées à Castres. Seules, Berthe et Jacqueline vivent avec leurs parents. Lors des grandes rafles de juillet 1942, les Schpilman risquent d’être arrêtés. C’est alors que Robert Cornon, sans hésiter, propose d’héberger toute la famille en lui apportant réconfort et aide matérielle, mettant ainsi sa propre vie en péril.
Le soir même, la police vient apposer les scellés sur l’appartement vide, mais cela n’arrête pas Robert Cornon. Prenant un nouveau risque, il brise les scellés afin de récupérer la machine à coudre des Schpilman, précieux outil de travail.

Robert Cornon se dévoue sans relâche. Ses protégés ne peuvent prendre le risque de sortir. Aussi, tout en travaillant lui-même, il va à bicyclette chercher le travail à façon pour le rapporter terminé. Ce qui permet leur subsistance. En outre, il assure leur ravitaillement et leur procure de faux papiers d’identité.

Les Schpilman restent cachés chez lui un certain temps, mais ils sont recherchés par la police allemande. Aussi, Robert Cornon trouve pour eux un refuge à Ivry S/Seine, où ils seront en sécurité jusqu’à la Libération, en août 1944.

Après la Libération, les Schpilman ont gardé de si bonnes relations avec Robert Cornon que leur fille Berthe l’a épousé en 1945.
Il est certain que sans cet homme admirable, la famille Schpilman n’aurait pas survécu.


Abel et Suzanne Fournier :

Juda et Tobe Fechter, originaires de Bessarabie, ont deux filles. Evelyne née en 1934 et sa sœur Dina en 1941.

En 1942, Juda Fechter est arrêté et envoyé dans un camp, mais il s’évade et se réfugie dans un hôpital psychiatrique. Il ne retrouvera sa famille qu’à la fin de la guerre.
En juillet 1942, la police française arrête Tobe Fechter. Par miracle, le policier qui l’emmène ne prend pas ses deux filles. Evelyne 8 ans, et Dina 1 an. Il accepte qu’elles se rendent à une autre adresse. Leur mère les envoie chez sa sœur Tzipa Zélik. Tandis qu’elle-même est internée à Drancy, puis déportée à Auschwitz dont elle ne reviendra pas.
Tzipa Zélik vient de subir un grave traumatisme. En juillet 1942, elle est arrêtée chez elle avec ses trois filles par la police française. Elles sont amenées au Vel d’Hiv puis à Pithiviers où leur déportation est prévue par le convoi 16, le 6 aout 1942. Le père a été réquisitionné, soi-disant pour travailler dans une usine d’uniformes allemands. Mais grâce à un mouvement de Résistance, il a pu se procurer un ausweiss qui libérera sa famille et lui permettra d’obtenir de faux papiers.
C’est à la suite de ces évènements que Tzipa Zélik recueillera Evelyne et Dina Fechter, les deux filles de sa sœur.

En septembre 1942, la petite Dina doit subir une opération des amygdales. A l’Hôpital, sa voisine de lit est une enfant Fournier. C’est ainsi que Tzipa Zélik fait leur connaissance. Totalement désemparée par les drames survenus dans sa famille, elle se confie aux Fournier, leur expliquant qu’elle ne sait où aller avec cinq enfants. Aussitôt, Abel Fournier promet aide et assistance. Faisant partie du réseau de résistance de la SNCF, il fait le nécessaire pour que celui-ci puisse mettre en lieu sûr ses sept protégés. Soit la famille Zélik : le père, la mère, et trois filles, ainsi que les deux enfants Fechter. Il les amène à 150 km de Paris, au village de Vigny, dans l’Yonne, et les loge dans une maison inoccupée près de la sienne (le propriétaire étant prisonnier en Allemagne).

Monsieur et Madame Fournier ont assuré les besoins de cette famille durant deux ans, de 1942 à la libération en aout 1944, leur apportant généreusement soutien moral et matériel, mettant en outre à leur disposition, une parcelle de terre pour leur permettre de planter et de cultiver des légumes.
Les habitants du village connaissaient l’identité et la situation de ces réfugiés, mais personne n’a parlé, alors que des troupes allemandes étaient stationnées à 1 km 500 et qu’un poste de commandement où des résistants étaient arrêtés et torturés était installé à 5 km.

Suzanne et Abel Fournier ont pris de nombreux risques pour eux-mêmes et leur fille Gisèle, née en 1932, durant cette période très dangereuse, par pure fraternité et noblesse d’âme.
Après la libération, les familles Fechter et Zélik ont gardé des sentiments de gratitude et d’amitié pour leurs sauveurs et leur fille Gisèle, entrée dans les ordres en 1957.


Théophile et Madeleine Larue (lire également la page 42) :

Au numéro 2 de la rue du Sabot, à Paris 6ème, vivait Monsieur Théophile Larue, agent de police, sa femme Madeleine, et leurs deux enfants, Monique et Alain. Dans le même immeuble, demeuraient plusieurs familles juives.
Grâce à son statut de policier en uniforme, aidé par son épouse Madeleine, Mr Larue a sauvé de nombreux juifs en grand péril durant toute la période de l'occupation, Il était en outre engagé dans le réseau "Ceux de la Résistance".

Dès le mois de mai 1941, époque des premières rafles, les Larue accueillent chez eux Léon Osman, lui évitant d'être envoyé au camp de concentration de Pithiviers. Ils l'hébergeront jusqu'en juillet 1942, date de son départ en zone libre.
Les multiples témoignages qui relatent leurs exploits expriment tous admiration et reconnaissance pour leur dévouement sans limites.
Le 15 juillet 1942, Monsieur Larue prévient tous ses voisins juifs de l'imminence d'une rafle importante.
De plus, les Larue cachent chez eux durant une semaine Madame Lichtensztajn et sa fille Fanny. Puis, pour faciliter leur départ en zone libre, il les accompagne lui-même à la gare d'Austerlitz. Ce qu'il a fait, aidé par un agent de la SNCF, pour plusieurs familles juives, au nez et à la barbe des allemands. En outre, il était en communication avec son beau-frère, Robert Cardot, résistant à Evreux, qui fabriquait de faux-papiers d'identité pour ses protégés.
Ses voisins Tobjasz arrivent de St-Quentin. Monsieur Larue est à la gare du Nord pour leur éviter d'être arrêtés, prenant ce risque pour lui-même. De plus, il se rend en pleine nuit dans leur appartement sous scellés pour retirer un stock de marchandise qui leur permettra de travailler et de survivre.

En novembre 1942, Monsieur Simon Glicensztajn est en grande difficulté, il est lui aussi accueilli et hébergé généreusement par le couple Larue.
C'est une période de tous les dangers, et Théophile Larue prend de plus en plus de risques. Dans le métro, il aborde les voyageurs porteurs de l'étoile jaune, effrayés probablement par son uniforme. Il les incite à retirer leur étoile et les avertit des futures rafles.

Bien souvent, les Larue hébergent dans la journée des petites filles juives et leurs mamans. La consigne, pour les enfants Larue, Monique et Alain, est d'affirmer qu'il s'agit de leurs petites cousines. Pour la nuit, Monsieur Larue les met en sécurité chez une concierge de la rue de Rennes.
En novembre 1942, leur voisine Madame Tobjasz est arrêtée et conduite à la préfecture. Que fait Théophile Larue ? Il revêt son uniforme et va immédiatement la chercher. Il demande à parler au responsable qui n'est pas dupe, prétend qu'elle n'est pas juive et qu'elle est la marraine de sa fille. Et le miracle a lieu, Madame Tobjasz est relâchée et n'oubliera jamais cet acte de courage extraordinaire.

Inlassablement, le policier résistant Théophile Larue poursuit son oeuvre de sauvetage jusqu’à la Libération à laquelle il participera activement, de la grève insurrectionnelle du 15 aout 1944 aux combats du 18 au 24 aout 1944.

Les périls étaient grands pour Madeleine et Théophile Larue, ainsi que pour leurs enfants, mais leur humanisme dominait et les a amenés à sauver de nombreuses vies.
Après la libération des relations de grande amitié ont perduré entre les Larue et leurs protégés qui n'ont jamais manqué de témoigner leur reconnaissance.

La page 42 porte les discours de remerciements aussi personnels qu'émouvants prononcés par les ayant-droits.

Jacques et Simone Rousseau :

Nous sommes en 1940. Robert Marx, comédien sous le nom de Robert Marcy, 22 ans, a quitté Paris avec ses parents et sa sœur Annette pour se réfugier dans un petit logement à Montpellier.
En 1942, la zone sud est occupée par les allemands, si bien que cette famille juive est en grand danger.

Robert Marx, qui ne peut plus exercer son métier de comédien, demande alors de l’aide à Hélène Duc comédienne également, qui avait été sa camarade dans plusieurs spectacles.
Hélène Duc, qui a reçu la Médaille des Justes le 24 novembre 2005, entreprend, au mépris de tous les dangers, de sauver la famille Marx.
Sa maman possédait une grande maison à Bergerac. Hélène la convainc d’abriter Robert durant quelques semaines, où il vit en toute sécurité.

Mais Hélène Duc cherche pour Robert une cachette plus sûre qu’elle finira par trouver chez un couple d’enseignants, Simone et Jacques Rousseau, au village de Peymilou, en Dordogne.
Jacques était Professeur de lettres classiques au Lycée Henri IV de Bergerac. Simone étant Directrice, les Rousseau logeaient dans la maison d’école, elle était précédemment en poste à St-Aubin de Lanquais où elle devait en outre assurer quelques heures comme secrétaire de mairie. Elle avait acquis une certaine maîtrise dans la confection de faux papiers, avec La complicité de la sous préfecture de Bergerac.
La famille se complétait avec deux jeunes enfants. Alain, né en mai 1939, et Françoise née en 1941.


Passionnés de théâtre, les Rousseau étaient entrés tout naturellement en contact avec les gens de ce milieu repliés à Bergerac, dont Hélène Duc.
Aussi, lorsqu’Hélène leur demande d’accueillir son protégé, ils acceptent aussitôt, le traitant comme un membre de la famille.

Durant plusieurs mois, entre 1942 et 1943, il sera logé, nourri et soigné avec générosité et désintéressement. De plus, une position de repli était prévue en cas d’alerte, pour se cacher dans la forêt, si bien que deux sacs à dos étaient prêts en permanence, en cas de fuite précipitée.
Ayant initié cette magnifique chaîne de solidarité, Hélène Duc poursuivra inlassablement son œuvre de sauvetage de Robert Marx et de sa famille. Trouvant pour ses protégés des refuges sûrs jusqu’à la libération qui verra leurs retrouvailles.


Grâce au courage et au dévouement de ce réseau de bienfaiteurs : Simone et Jacques Rousseau, dont ce ne fut pas le seul acte de résistance, Hélène Duc, amie dévouée et intrépide, la famille Marx a échappé au pire.
L’amitié entre Hélène Duc et Robert Marx a perduré à travers les années. De plus, ils ont eu la joie de retrouver la trace de la famille Rousseau, qu’ils souhaitaient depuis longtemps voir honorer au titre de Justes.


Que Viviane Saül soit remerciée pour la transmission de tous ces documents éclairant la cérémonie de ce 2 juin.

P. 42. Un policier parisien ni vichyste, ni nazi...mais Juste !

Le gardien de la paix Théophile Larue (Arch. fam. J-Y Gouël)

Justice pour Théophile Larue et pour son épouse, Madeleine. Ce gardien de la paix s'est vu refuser toute décoration après la libération car... "ce n'était pas résister que de sauver des persécutés raciaux" !
7 Justes parmi les Nations ont été reconnus officiellement par Yad Vashem et honorés ce 2 juin à Paris (Mairie du 3e Arrondissement).
Les résumés très succints des dossiers ayant permis cette reconnaissance, figurent sur la page 43 de ce blog.

Voici, en complément, trois discours aussi sincères qu'émouvants, prononcés à la mémoire du couple formé par Théophile et par Madeleine Larue.

Discours prononcé par Monsieur Alain LARUE :

"Au nom de toute notre famille, nous vous remercions tous de votre présence, nous remercions particulièrement :
- Monsieur Pierre Aidenbaum, Maire du 3ème arrondissement de Paris, et l’ensemble du Conseil Municipal,
- Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur d’Israël en France, Monsieur le Ministre Peleg Lewi et l’ensemble de la mission diplomatique Israélienne,
- Madame Irena Steinfeldt Directrice du Département des «Justes parmi les Nations» en Israël,
- les membres de Yad Vashem de Jérusalem, et ceux de Yad Vashem en France,
- les personnes qui ont adressé les témoignages nécessaires et engagé les démarches pour faire reconnaître nos parents comme «Justes parmi les Nations».

C’est un très grand honneur pour nous leurs enfants, leurs petits enfants, l’ensemble des membres de notre famille de recevoir pour eux à titre posthume cette haute distinction qui à la fois honore l’exemplarité de nos parents et implique pour nous tous un important devoir de mémoire.
Toute sa vie notre père, notre grand-père a œuvré, et s’est investi pour défendre, et venir en aide à des gens faibles et en difficulté.

Je rappellerai ici quelques exemples de sa bravoure à la sombre époque de l’occupation alors qu’il était un simple et courageux Gardien de la Paix : il prévenait au hasard dans la rue ou le métro des familles juives des opérations de rafles, il accompagnait en uniforme des petits groupe de personnes d’origine juive dans les gares pour prendre le train, les faire fuir parfois au nez et à la barbe des soldats allemands qui étaient heureusement respectueux de sa tenue de Policier.

Un jour de novembre 1941, rentrant de service, il apprend l’arrestation de Mme Tobjasz suite à un contrôle d’identité simplement et pour ne pas avoir porté l’étoile jaune apparente.
Il se rend alors immédiatement au dépôt en tenue de Policier à ses risques et périls pour la faire sortir.
Il menace verbalement le fonctionnaire en charge du dépôt, tempête, soutient avec l’aplomb dont il était capable que cette personne est la marraine de baptême de sa propre fille ! et finalement la fait libérer.

Il était également un résistant actif, malheureusement non reconnu par la République Française et ce malgré de nombreux témoignages écrits, prouvant sa participation à des actions de résistance : renseignements divers et production de faux papiers, combats de la libération de Paris autour de la place Saint-Michel.

Bien entendu notre mère a également participé en toute complicité avec notre père à sauver en cachant chez elle pendant des mois, des familles juives, partageant avec eux et son mari les terribles conséquences possibles de leurs actions.

Nos parents ont toujours considéré avoir accompli leur devoir.
Après s’être vu par deux fois refuser la Légion d’Honneur ou une quelconque reconnaissance officielle, notre père en avait été profondément blessé, on avait même osé lui écrire je cite de mémoire « l’assistance à des persécutés raciaux ne constitue pas un acte de résistance »… Il avait fait du proverbe « bien faire et laisser dire » sa devise.

L’unique reconnaissance honorifique qu’ils ont à ce jour c’est cette émouvante médaille d’honneur de Juste parmi les nations.
Nous espérons qu’il sera toujours possible de trouver des Justes dans notre monde actuel, des gens de cœur, humainement capables de risquer leur vie de façon désintéressée pour sauver celle des autres.
Il existe certainement encore de nombreuses personnes inconnues, ou disparues de nos jours qui méritent les mêmes honneurs, nos pensées sont pour eux et pour nos parents.
Merci à vous tous."

Madeleine Larue (Arch. fam. J-Y Gouël)

Discours prononcé par Monsieur Jean-Yves GOUËL :

"Mes chers grands-parents,
Je ne vous ai jamais dit « merci » pour l’exemple que vous m’avez donné,
pour votre courage exemplaire et votre honnêteté.
Je ne vous ai jamais dit « merci » pour votre fidélité à votre Foi,
pour avoir incarné la lumière là où était l’obscurité, la liberté là où était la déportation, la vie là où était la mort.
Je ne vous ai jamais dit « merci » pour avoir tendu votre main et façonné à notre France un visage plus humain.
Pour avoir traversé ces épreuves de cette façon même si, chaque jour, vous risquiez votre vie et celle de vos enfants.
Je ne vous ai jamais dit « merci » pour toutes vos angoisses, vos peurs de la dénonciation, de l’arrestation, de la torture.

Je n’y pensais pas, tout cela était, passé, bien loin, normal et pourtant…
Et pourtant il y avait aussi ma mère qui, aujourd’hui encore, les larmes aux yeux, peut parler de ses petits amis envoyés à la mort, de toutes ses « petites cousines qui passaient à la maison ». Dieu merci ! il y a aussi aujourd’hui Anna et Josiane, Louis et Lisa, et puis Daniel dont les parents ont malheureusement connu une fin tragique et tous ceux dont nous ne connaîtrons jamais le sourire.

Ma chère grand-mère, mon cher grand-père,
C’est aujourd’hui toute une Nation, celle d’Israël, qui, par delà le temps et l’espace, vous dit «merci».
Elle le fait avec l’acclamation des millions de voix de tous les déportés, de tous les torturés, de tous les orphelins de la folie barbare nazie, de toutes les victimes de cette intolérante vanité de l’homme poussée à sa dernière extrémité celle du désert moral intellectuel et spirituel, celle de la négation absolue du caractère sacré de la vie humaine.

Vous êtes l’honneur de notre famille et l’honneur de notre pays.
Je vous revois mon cher grand-père avec un clin d’œil rieur après l’une de vos légendaires tempêtes colériques.. avec votre générosité, votre affection et votre aplomb.

Dans ce Paris occupé, dans cet univers bouleversé, vous n’êtes rien et pourtant vous devenez le seul recours de très nombreuses personnes, vous devenez ce petit maillon essentiel de la grande chaîne humaine, vous êtes cet homme qui pense et dont la pensée lui assure, comme le disait Pascal, une supériorité propre sur l’univers pourtant infiniment plus puissant que lui.

Mes chers grands-parents, nous transmettrons votre message et de tout cœur nous vous disons MERCI."

Discours prononcé par Madame Anna Osman :

"C’est un grand honneur de représenter la famille Osman pour rendre hommage à M. et Mme Larue.
Si je parais, aujourd’hui, devant vous, c’est grâce à M. et Mme Larue, qui ont aidé activement mes parents, dès les premières exactions anti-juives, en les cachant dans leur immeuble de mai 1941 à juillet 1942, et qui les ont prévenu de l’imminence de la grande rafle du Vel d’Hiv.
Par leur action, ils ont évité à mes parents, et à de nombreuses familles amies, le voyage vers les camps de déportation.

Je ne saurais oublier ici, les nombreuses autres familles françaises, particulièrement en Creuse, qui nous ont hébergés et cachés lors de notre difficile parcours, entre les années 1942 et 1944, et je désire aujourd’hui les associer à cette cérémonie, au moins par la pensée.
A l’époque j’avais 5 ans et j’ai peu de souvenirs de cette longue marche pour passer en zone libre, mais je ressentais l’inquiétude de mes parents et de l’ensemble du groupe.
Notre destination finale était la Creuse, région de Gueret, où nous avons posé nos pauvres bagages, et avons été hébergés par plusieurs familles en fonction des évènements, sans que rien ne nous soit demandé.
Que toutes ces personnes soient ici remerciées.

Je ne comprenais pas que nous étions protégés par des familles bienveillantes et humanistes qui formaient une chaîne silencieuse efficace.
Vivre libre, dans la dignité, au risque de sa propre vie et de celle de sa famille, c’est le choix qu’elles ont fait en toute simplicité, sans attendre de reconnaissance.

Depuis cette période, beaucoup d’eau a coulé sous le pont Mirabeau, et je peux témoigner que ma famille a connu une vie heureuse, que mes sœurs et moi les avons suivi dans cette voie, nous avons créé une famille, donné la vie à d’autres héritiers, et vécu en Paix.

Que Monsieur Théophile Larue et Madame Madeleine Larue en soient grandement remerciés et nous assurons leurs enfants, petits enfants et arrières petits-enfants que nous n’avons jamais oublié le geste d’amitié et d’abnégation qu’ils nous ont manifesté et que leur souvenir est gravé dans nos cœurs.

Merci à Jean-Yves Gouël, leur petit-fils, d’avoir revisité le passé, et d’avoir permis que cet hommage leur soit rendu."


Que M. Jean-Yves Gouël soit également remercié pour avoir transmis ces documents pour leur publication sur ce blog.