mercredi 27 mai 2009

P. 144. Souvenirs de Roger Farhi, enfant caché.

Un témoignage qui a permis
la reconnaissance comme Justes des Nations
de Marie et Pierre Bellocq, instituteurs à Nay.

Ce blog devient interactif et comment ne pas s'en réjouir. Textes et documents proposés spontanément, se succèdent qui en enrichissent les pages. Celle-ci porte les souvenirs (du moins une synthèse, eu égard au format du blog) signés par Roger Farhi. Seuls les titres ne sont pas de sa main.

Deux âges de sa vie. Portraits de Roger Farhi (Arch. fam. / DR).

Roger Farhi :

- "Mes parents décidèrent de quitter Paris vers la fin de l’année 1941 pour tenter de passer en zone libre, ils avaient peur des rafles.
L’un de mes oncles, l'oncle Isaac Saul avait été emmené au camp de Drancy (d’où il serait déporté vers Auschwitz). On avait peu de nouvelles des gens parqués et entassés à Drancy, mais chacun l’évoquait avec frayeur. Nous connaissions les conditions de voyage dans les trains à bestiaux vers des destinations inconnues.
Qu’allions-nous devenir ?
Dès 1940, mon père avait préparé dans notre appartement de la Cité Trévise une cache dans le canapé-lit du salon au cas où les Allemands ou, plus précisément la Police Française, viendraient le chercher, à chaque fois que l'on frappait à la porte c'était la panique, mon père s'engouffrait dans le divan, puis ma mère allait ouvrir en tremblant.
La sensation ou plutôt la réalité du danger était évidente pour nous, “être emprisonné parce que juif!” ne pouvait nous paraître comme admissible ou normal comme bien d’autres l’admettaient avec indifférence.
Il fallait fuir. Je venais d’avoir 7 ans.
C’est ainsi que mes parents se dirigèrent naturellement vers les Basses Pyrénées et la région de Pau où déjà nombre de familles issues des communautés originaires de Turquie (Istanbul ou Izmir principalement) ou de Grèce (Salonique particulièrement) habitaient ou étaient déjà réfugiées.
Les Pyrénées étaient le passage possible vers l’Espagne. En tant que Séfarades ils avaient l’avantage de parler couramment le Djudezmo, leur langue maternelle, langue imagée issue de l’Espagnol du XVème siècle.

Mon père quitta la capitale en vélo en compagnie de l'un de ses cousins, qui lui, volerait un vélo pour pouvoir se sauver! Jusqu'à son décès en 1995, ma mère évoquerait en rougissant, cette scène de vol avec des sentiments mêlés de honte et de fierté.
- "Tu te rends compte, me disait-elle, un vol de vélo était puni de mort à cette époque."
Ma mère, mon frère et moi-même partirions en voiture avec un ami de la famille qui nous déposerait à Dax, poste frontière pour la zone libre, route vers l'Espagne.
Je me souviens de ce voyage, comme si c’était hier. Depuis Paris, ma mère savait qu’il fallait se rendre dans l’un des cafés de la ville pour trouver un passeur. Je n’ai pas eu conscience, ni souvenir de la tractation, mais l’affaire fût rapidement conclue et rendez-vous pris pour le soir même.
Le soir venu, nous nous retrouvâmes dans une ferme, il y avait là autour de nous, dix à quinze personnes, des hommes, des femmes, mon frère et moi-même étions les deux seuls enfants.
Dans cette grande pièce tous étaient assez silencieux et inquiets, personne ne quittait son manteau, assis autour de la grande table de ferme on nous servit de la soupe.
Il faisait déjà bien sombre, la nuit tombée le passeur indiqua au groupe qu’il était temps d’y aller. Les gens étaient emmitouflés la plupart avaient une petite valise, nous ne pouvions être chargés de bagages qui seraient acheminés autrement.
L’homme portait un béret, nous le suivions à la queue leu-leu sur un sentier, la nuit était assez claire, nous traversions des champs, il ouvrait des barrières et les refermait derrière nous.
Le ciel était clair, brusquement notre guide s'arrêta : “Vous voyez le chemin au bout du champ, ils passent par là pour faire leur ronde.” Il ne précisa pas si c’était les Allemands ou les gendarmes.
Il se tut quelques instants.
- “C’est bon, on peut y aller.”
Nous reprîmes notre route, ma mère marchait juste derrière lui, tenant par la main ses deux enfants.
Tout à coup, il s'arrête à nouveau. “Qu’est-ce que c’est que ce bruit?” dit-il en colère, en se retournant.
C'était ma boite de pastilles Valda contenant mes économies, quelques pièces de monnaie qui tintaient dans la nuit. Ma mère toujours tremblante me prit la boite, le passeur la mit au fond de sa poche. “Je te la rendrai tout à l’heure après notre promenade”, me dit-il en bougonnant.
Nous continuâmes en silence et nous retrouvâmes sans encombre dans une autre ferme où avec mon frère nous dormirions jusqu'au petit matin. Les adultes devaient parcourir encore une dizaine de kilomètres avant d'être définitivement en zone libre.
Avec Henri qui avait cinq ans, nous passerions la ligne de démarcation dans la charrette d'un paysan tirée par un cheval, cachés au milieu d'énormes bidons de lait. Je revois encore cette petite route de campagne, de loin j’apercevais une petite guérite sur le bord du chemin et la barrière déjà levée. Le fermier ne ralentit pas son allure, il fit juste un signe au gendarme qui ne bougea pas.
Nous étions passés et retrouverions notre mère un peu plus tard.

Nous nous rendîmes à Pau, puis regagnâmes le village de Nay situé à une quinzaine de kilomètres plus au Sud, nous y résiderions jusqu'en juin 1944. Mon père nous rejoignit quelques jours plus tard et vécûmes dans ce village en compagnie de plusieurs familles originaires d’Izmir, d’Aïdin et d’Istambul, les Algazi, les Lévy, Maurice et Albert. Maurice Lévy, se ferait appeler Maurice Denailles après la guerre, en souvenir de son séjour à Nay.
Mes parents avaient loué un petit appartement au dessus de la boulangerie du village.
Le Service de la Main d’Oeuvre Étrangère obligeait tous les réfugiés étrangers juifs à travailler dans la région, c’était l’occasion d‘un contrôle permanent de ces réfugiés. Pour chaque déplacement hors de la commune de résidence un Congé était établi par la gendarmerie.
Mon père avait trouvé un travail chez un paysan (Monsieur Matocq Grabot Jean) pour lui qui avait toute sa vie été dans le commerce, le labeur aux champs n’était pas sa tasse de thé, ramasser les patates ne l’emballait pas du tout, pas plus que la récolte du maïs.
Le salaire était maigre, pourtant il était bien content d’avoir trouvé cette occupation, il nous disait, parlant de son patron : “Il en profite, il m’exploite au maximum”. Il n’avait pas le choix.


Bulletin de recherche au nom de Farhi Haïm Vitalis, le 18 octobre 1943 (Arch. fam. Roger Farhi, DR).

Dès notre arrivée, mon frère fut inscrit à l’école maternelle dirigée par madame Marie Bellocq, la directrice, et j’allais à l’école communale des garçons dont l’instituteur était Pierre Bellocq, son mari.
C’est toujours avec émotion que j’évoquerai l’attitude de Marie et Pierre Bellocq.
Pour ces personnes respecter et accueillir ces familles en fuite et en détresse était un devoir naturel d’humanité et leur attitude d’aide et de compréhension ne faisait l’objet d’une quelconque hésitation.
C’est avec une grande simplicité que Madame Marie Bellocq et son mari Pierre aidèrent notre famille sans penser aux risques courus.
- "Je ne pouvais supporter que des enfants de quelque couleur, race ou religion puissent souffrir",
me disait-elle après guerre.

Tous les Juifs de la région risquaient d’être à tout moment arrêtés et envoyés au camp de Gurs, antichambre de Drancy, puis des camps de la mort.
Mon père Vitalis Farhi fut arrêté une première fois en novembre 1941 pour être conduit au camp de Gurs dans lequel il fut incarcéré pendant deux mois, libéré le 15 janvier 1942.
La Turquie n’étant pas en guerre contre l’Allemagne, ses ressortissants étaient théoriquement protégés et ne pouvaient faire l’objet d’une arrestation. Mon père, né à Izmir, avait immigré vers la France en 1925, n’ayant pas effectué son service militaire en Turquie, il n’était plus reconnu par son pays et avait perdu toute nationalité. Il possédait un passeport Nancen, passeport réservé aux apatrides qui avaient perdu leur nationalité.
Par chance, il avait conservé un acte de naissance turc, c’est grâce à ce papier qu’il fut libéré, après deux mois de démarches incessantes auprès de l’administration préfectorale. Monsieur Pierre Bellocq ne ménagea pas sa peine pour intervenir auprès de l’administration préfectorale et permettre sa libération.
Mon père sera arrêté une nouvelle fois pour être conduit au Camp de Gurs le 27 février 1943 par la Gendarmerie de Nay, il y fera un séjour de quinze jours ou peut-être un mois en compagnie de son ami Albert Lévy, ils furent libérés, une fois de plus grâce à leur soi-disant nationalité turque! Encore une fois les démarches et les relations de Monsieur Pierre Bellocq servirent.

Un Bulletin de recherche par la Préfecture des Basses Pyrénées, Gendarmerie de Pau, est émis en date du 18 octobre 1943 mentionnant que mon père avait quitté clandestinement son employeur (voir fac-simile plus haut).
A compter de ce jour mon père ne dormirait plus dans son lit avec sa femme, il se tiendrait chaque nuit près de la fenêtre sur la rue afin d’entendre les gendarmes qui pourraient venir le chercher au lever du jour, prêt à s’engouffrer dans une cache préparée derrière un placard de l’appartement.
Dès qu’il revint du camp, conscients que ce subterfuge ne marcherait pas à tous les coups, nos parents voulurent mettre à l’abri leurs enfants.

C’est tout naturellement que Pierre et Marie Bellocq leur proposèrent d’abriter leurs enfants chez Monsieur Albert Labédays et Madame Sidonie Marie, parents de Madame Marie Bellocq.
En cas d’arrestation les enfants seraient épargnés.
Henri et moi-même serions accueillis par cette famille pendant toute l’année 1943 jusqu’au mois de juin 1944, nous dormions et mangions chez eux, chaque jour nous pouvions voir nos parents qui habitaient à quelques centaines de mètres de leur maison.
Le risque d’abriter des enfants juifs était réel, la zone libre n’existait plus, les Allemands étaient là, les arrestations dans la région étaient nombreuses.

Il faut savoir que Pierre Bellocq fut résistant dès 1942, il avait en charge le noyautage des administrations publiques dans la structure locale de “Combat” sur le village de Nay (Livre “Aux armes!” d’André Narritsens, Éditions de l’Institut CGT d’histoire sociale).
Madame Bellocq avec laquelle nous évoquions cette période nous confia qu’elle ne connut qu’après la guerre le rôle important joué par son mari dans la lutte résistante.

Si je dois rendre hommage à cette famille, je ne peux oublier l’attitude des gendarmes de Nay qui devaient arrêter 6 juifs un matin de printemps 1944.
La veille de l’arrestation, ils se rendirent au café du village pour boire un verre vers 19 heures, après les conversations d’usage avec le patron, ils laissèrent négligemment sur le comptoir la liste des personnes qui devaient être arrêtées le lendemain matin, six noms de juifs réfugiés.
Cette information fut vite transmise dans le village. Mon père et ses amis disparurent cette nuit-là et se dispersèrent dans la région. J'ai probablement eu le tort de ne pas demander plus de détails à mon père avant sa mort, sur la vie qu'il a pu mener durant cette période jusqu'à la libération.
Une fois de plus Pierre Bellocq portera assistance à mon père et ses amis recherchés pour trouver des abris chez des amis sûrs.
Mon père se cachera dans la campagne, dans un village situé à quelques trente kilomètres de Nay jusqu’à la libération au mois d’août 1944.

Sud-Ouest, 6 septembre 2000, cérémonie de reconnaissance comme Justes parmi les Nations, des époux Bellocq (Arch. fam. Roger Farhi, DR).

Je venais d’avoir dix ans le trois juin 1944.
Mon père en fuite, la situation semblait de plus en plus incertaine et risquée en restant à Nay, c’est pourquoi ma mère qui avait la nationalité turque, passeport en règle, et qui était reconnue comme telle par la Turquie, décida de fuir vers ce pays dans lequel vivait encore une grande partie de sa famille.
Pour rejoindre Smyrne, Izmir aujourd'hui, il fallait en ce mois de juin 1944, prendre le train jusqu'à Paris, puis traverser l’Europe par l’Orient-Express jusqu’à Istanbul, quelle aventure...
Nous passerons deux nuits et deux jours dans ce train, serons mitraillés sept fois, avec une scène qui se répétera comme un film, des blessés parmi les passagers, quelques morts aussi (je me demande aujourd’hui, comment ma mémoire d’enfant a pu oublier ou effacer ces drames), attentes, chaleur, fatigue. Arriverons-nous un jour en Turquie?
Blois, terminus, tout le monde descend, adieu Paris, adieu Izmir et la Turquie, le débarquement a eu lieu en Normandie, dans la gare c’est un pagaille indescriptible.
Finalement des hébergements seront organisés, nous serons orientés vers un centre de colonie de vacances tenu par des ecclésiastiques à Candé dans un petit château. Les parents seront logés dans une aile du château, les enfants seront mélangés dans les dortoirs aux autres enfants et participeront à la vie des vacanciers.
Et puis, un soir, les prêtres responsables entonnèrent avec force “La Marseillaise”, les Allemands étaient partis, c’était la libération et la joie, on nous distribua du pain blanc.
Nous regagnâmes Paris, mon père nous rejoignit quelques jours plus tard, la vie recommençait.

Il est temps de reconnaître et d’honorer les hommes et les femmes qui au risque de leur vie ont lutté, résisté dans l’anonymat sans exiger quelque récompense ou contrepartie que ce soit, se contentant de leur conviction du devoir d’humanité accompli.
Pour ces personnes apporter une assistance à des enfants et à des familles en fuite devant l’Allemand allait de soi.
Si Pierre et Marie Bellocq, Albert et Sidonie Marie Labédays représentent l’exemple admirable de cet engagement, il me semble qu’il est aussi nécessaire d’associer le village de Nay au sein duquel beaucoup d’inconnus oubliés, aujourd'hui disparus, ont spontanément secouru les nombreuses familles juives en errance pendant ces années de guerre.
Par la description de ces souvenirs enfouis dans notre mémoire nous manifestons notre désir de transmettre à nos jeunes générations l’exemple d’un esprit de justice et de tolérance.
La xénophobie, l’intolérance, le racisme ne peuvent servir de base à quelque société que ce soit, tout autour de nous dans le monde ces principes sont utilisés par des pouvoirs dictatoriaux ou soi-disant démocratiques, par des groupes sectaires ou intégristes pour justifier arrestations, massacres et génocides."

(s) Roger Farhi.

vendredi 22 mai 2009

P. 143. Appel des Justes de l'Ardèche

.
Vue de Plats (DR).

Première nationale du 27 au 30 mai à Plats (Ardèche) :
APPEL DES JUSTES DE TOUT LE DEPARTEMENT
ET INAUGURATION D’UNE PLAQUE AU NOM DE
MARIE BANC, MERE MARIE DES ANGES.


Laurent Brunel, maire de Plats, ses adjoints, les membres du Comité d’Organisation et leurs partenaires ont tenu une réunion générale en mairie de Plats afin de mettre la dernière main aux cérémonies et manifestation des 27,28,29 et 30 mai, quatre journées mémorielles, civiques, pédagogiques, culturelles, artistiques et conviviales avec un point d’orgue :

l’Appel solennel de tous les Justes du département
par les maires des villes et villages ayant abrité des Justes et par les scolaires.

C’est la première fois en France qu’est organisé pareil événement. Il s’adresse prioritairement aux jeunes et aux scolaires mais seront associées les populations des communautés de communes du Tournonnais (07) et du Pays de l’Hermitage (26), de part et d’autre du Rhône, et plus largement de la Région Rhône Alpes.
Le Conseil Régional Rhône-Alpes, le Conseil Général de l’Ardèche, la LICRA, le Mémorial de la Déportation, le Comité Français pour Yad Vashem, le Centre du Patrimoine Arménien, les villes de Tain l’Hermitage (Drôme) et de Tournon (Ardèche) ont confirmé leur soutien et de nombreux donateurs participent financièrement afin d'apporter à cette initiative une dimension nationale et exemplaire pour les autres départements de France.

PROGRAMME :

Mercredi 27

Ouverture des expositions
"Les enfants dans la Shoah : ce ne sont pas des jeux d’enfants",
"Le soldat Tolkatchev aux portes de l’enfer",
"Anne Franck",
"Marie Banc à Saint Félicien",
"Mémoire de la Déportation",
"Les génocides du siècle",
"Génocide arménien et présence arménienne en Drôme Ardèche",
"Editions Dolmazon et Peuple Libre"...

Jeudi 28
Après-idi réservée aux scolaires, avec animations par la Compagnie du Ptit Grain, goûter Valrhona et visite des expositions sous la conduite des enseignants.

Vendredi 29
Animations de rue (en lien avec l’époque) à partir de 17 h 30.
Présentation de livres (Forces occultes de Jean-Louis Coy, Paroles de réfugiés/Paroles de Justes, préfacé par Simone Veil, Fille de rouge d’Isabelle Alonso, etc.) et rencontres culturelles avec les libraires de Tournon.
A 20 h 30, Alain Hivert chante Jean Ferrat (soirée grand public, prix d’entrée modique).

Samedi 30 (à partir de 10h)
Accueil des autorités civiles, militaires et religieuses, des associations patriotiques et des délégations.
Message du Comité Français pour Yad Vashem apporté par sa déléguée, Annie Karo.
Lecture du message de Simone Veil (extraits de son discours du Panthéon).
Alain Hivert chante "Nuit et Brouillard".
Minute de silence puis Appel des Justes du département par les Maires concernés avec dépôt de fleurs par les enfants de leurs écoles.
"La Marseillaise".
Arbre de la Paix et de l'Europe : plantation d'un olivier.
Dévoilement de la plaque souvenir au nom de Marie Banc, Juste parmi les Nations. Cette plaque est inaugurée par le Maire et le Président International de l’Ordre Lafayette (amitiés France-USA), sauvé par des Justes.
"Hymne européen".
Remise du trophée presse Roland Gaubert-Amy et séance solennelle de l’Ordre Lafayette.
Concerts, chorales, vin d’honneur ardéchois traditionnel (petite restauration sur place possible).
Visites des expositions. Animations par la Compagnie du Ptit Grain et par plusieurs groupes R-A.
Messe du Souvenir Marie Banc (17 h 30).

Appel aux dons :
Les dons des particuliers, même très modestes, permettront à cette manifestation de prendre toute la dimension souhaitée. Vous êtes invités à libeller un chèque à l’ordre de TRESOR PUBLIC-MAIRIE DE PLATS et à l'adresser avant le 25 MAI au Comité d’organisation SMB/ Moutay, 07300 PLATS.

Un blog à consulter : "Appel des Justes".

mercredi 20 mai 2009

P. 142. Deux Justes à Noëllet

Sous le portrait de l'abbé Xavier Terrien, Henriette Chedanne reçoit la médaille et le diplôme au nom d'Anne-Marie Pinguet dont elle est la petite-fille (DR).

Anne-Marie Pinguet
et l'abbé Xavier Terrien
Justes parmi les Nations

Ce 17 mai, la Maison de la culture et des loisirs de Noëllet était comble pour vivre et partager une belle cérémonie au cours de laquelle prit la parole, au nom de l'Ambassade d'Israël, Daniel Saada :

- "Le peuple juif, reconnaissant, tient à cet acte de mémoire, de justice et de foi. Le Juste, c'est la banalité dans le bien. Des personnes qui n'ont pas hésité à mettre en péril leur vie et celle de leurs proches".

Représentant du Comité Français pour Yad Vashem, président de la communauté de Maine-et-Loire, Alfred Sabbah compléta :

- "Les trois quarts des Juifs en France ont eu la vie sauve grâce au courage des Justes. Ils sont la lumière dans la nuit de la Shoah."

Pierrick Hamon signe ce compte-rendu :

- "Elle était nourrice, il était abbé. Anne-Marie Pinguet et Xavier Terrien ont reçu la médaille des Justes parmi les Nations à titre posthume, au cours d'une émouvante cérémonie, hier à Noëllet.
On avait quitté les enfants juifs cachés de Noëllet le 10 septembre 2005. Ce jour-là, ils étaient tous les neuf sur la photo de famille, lors de la plantation symbolique d'un pommier devant la maison à la Haute-Rigauderie. Une bâtisse où ils vécurent, de 1942 à la Libération, sous la protection d'Anne-Marie Pinguet, de l'abbé Xavier Terrien, et d'autres bienfaiteurs : maire, instituteur, secrétaire de mairie.
Hier, moins de quatre ans plus tard et quelques rides en plus, Bernard, Éva et Helena sont dans la maison de la culture et des loisirs à Noëllet. Dignes et émus de voir leurs anges gardiens élevés au rang de Justes parmi les Nations. Un titre posthume délivré par le comité français pour Yad Vashem. Posthume, car la nourrice a quitté ce monde en février 1966. L'abbé en juillet 1968.
Mais personne n'a oublié leur geste. Ils sont plus de 200, assis ou debout, à regarder le maire de Noëllet, Daniel Briellet, et la Segréenne Henriette Chedanne, petite-fille d'Anne-Marie Pinguet, recevoir médaille et diplôme (...).
Le point d'orgue arrive. La gorge nouée, la fille d'Henri Goldberg, s'empare du micro : « Je m'appelle Corinne, j'ai 46 ans, trois enfants et je vis en Israël. » Son frère Maxime et ses enfants, de Paris, sont là aussi. L'histoire de leur père à Noëllet, ils la connaissent depuis l'enfance. C'est lui qui a mis en marche le dossier pour que soit rendu hommage à ses sauveurs. Il est décédé à 78 ans le 31 janvier 2008.
Stéphanie, l'aînée des six petits-enfants, lit son témoignage. Celui du petit garçon de 12 ans en décembre 1942. "Un jour, j'ai demandé à l'abbé Terrien d'être enfant de choeur. La réponse : "Nous demanderons à tes parents quand ils reviendront et je prie chaque jour pour qu'ils reviennent bientôt."
Car les parents de ceux qui sont considérés comme "des petits parisiens en vacances prolongées" ont été arrêtés et déportés. Ces quatre frères et soeurs sont arrivés à Noëllet grâce à leur grande soeur Helena, dont une voisine parisienne connaît Anne-Marie Pinguet. La nourrice peut en héberger trois, mais manque de place pour Henri, qui est confié à l'abbé... L'abbé, l'ami de Clément Quentin. Le dernier à prendre la parole hier à la cérémonie, pour décrire "un homme sérieux, réservé et plein d'humour". Sa médaille et son diplôme vont être exposés à la mairie de Noëllet, salle du conseil.

(Ouest France, 18 mai 2009).


Daniel Briellet, Maire de Noëllet, présentant la médaille et le diplôme de l'abbé Terrien (DR).

P. 141. Charles Demery, Juste parmi les Nations

Titre de La Provence, 14 mai 2009.

La médaille et le diplôme de Juste parmi les Nations ont été remis, à titre posthume, à Charles Demery, dans la cour d'honneur du Château royal de Provence, à Tarascon, le mercredi 13 mai.

Julie Zaoui :

- "Tous l'ont dit hier soir dans la cour du Château royal de Provence de Tarascon, mais Simona Frankel (consul général d'Israël à Marseille), Michel Vauzelle (député et président de la région), ainsi que Robert Mizrahi (président pour le sud de la France de l'Institut Yad Vashem) avec d'avantage d'insistance :
"La jeunesse doit prendre conscience de l'iportance de la transmission. Bientôt il ne restera plus que des écrits et des photos en témoignage de la Shoah."
(...)
Pendant la seconde guerre mondiale, le fondateur de Soleïado, entrepreneur tarasconnais, a en effet protégé et caché, en toute illégalité, la famille juive Amselem : Abraham (coloriste dans son usine), Marcelle, et leurs deux filles Evelyne-Sarah et Nicole. Son nom va rejoindre, sur le mur de l'Institut Yad Vashem de Jerusalem, celui des 2700 français connus qui ont fait la même démarche."
(La Provence, 14 mai 2009).
Fac simile de La Provence. De g. à dr. : Evelyne Amselem venue de Tel Aviv tandis que les représentants de sa famille présentent la photo de Charles Demery.

Robert Mizrahi au nom du Comité Français pour Yad Vashem :

- "La remise, à titre posthume, de la médaille et du diplôme de Juste parmi les Nations n'est pas une récompense ou une décoration mais un témoignage de gratitude."

Evelyne-Sarah Amselem qui appela à cette reconnaisance :

- "C'est une immense émotion d'être à Tarascon après 60 ans d'absence...
Notre vie ne tenait qu'à un fil tenu par Charles Demery. C'est un homme juste, simple et modeste qui reste dans ma mémoire."

Simona Frankel, consul général d'Israël à Marseilles :

- "Par son patriotisme et son héroïsme, Charles Demery mérite notre admiration et notre gratitude éternelles."

Michel Vauzelle, député, président de la région :

- "Charles Demery, que j'ai la chance de connaître, était un homme si simple... un simple héros !"

La Provence, photos de Valérie Farine, 14 mai 2009.

Nos remerciements à Robert Mizrahi pour la présentation de cette page du blog.

vendredi 15 mai 2009

P. 140. Aucun doute, un arbre au moins pleure "Anne, notre soeur Anne"...

Sur sa page 8, ce blog participait à la campagne lancée fin 2007-début 2008 pour tenter de sauver le marronnier d'Anne Frank.
En force et en beauté, un album porte dorénavant les raisons de ne pas laisser (dé)périr dans l'indifférence et partir à l'abandon cet arbre-là si particulier.


Texte : Irène Cohen-Janca.
Illustrations : Maurizio A. C. Quarello.
Ed. du Rouergue, 2009, 30 p.


Résumé :

- "Dans la
cour de la maison 263 Canal de l'Empereur, à Amsterdam, un marronnier est témoin de la vie clandestine d'une jeune fille de 13 ans. Nous sommes en 1942, et Anne vient d'arriver dans la maison après une longue marche sous une pluie battante. Dans son cartable, elle a glissé un petit cahier cartonné qui va devenir son journal intime... Pendant deux ans, Anne va vivre caché dans cette maison avec des amis, eux aussi juifs. Depuis sa lucarne, elle voit le marronnier. Et le marronnier l'observe jusqu'au 1er août 1944. Aujourd'hui, centenaire et menacé par les parasites, il raconte."

Laurent Greilsamer, extrait de l’article à l’origine de ce livre :

- "Qu'est-ce qu'un arbre ? On ne le sait pas toujours. La plupart du temps, notre regard glisse, ignore l'arbre croisé. Les arbres font partie d'un tout : on les néglige, on passe sans les voir. Littéralement, on les fond dans le paysage. Mais il arrive qu'un arbre retienne l'attention : notre regard est alors happé. Notre main se pose sur l'écorce du tronc comme sur l'encolure d'un cheval... Un arbre, cela peut s'admirer, cela peut s'aimer. Un arbre, c'est une source d'énergie, de vie et de beauté. On y pense en apprenant que le marronnier, situé dans la cour de la Maison d'Anne Frank, est en sursis. Cet arbre-là n'est pas tout à fait un arbre comme un autre."
(Le Monde, 9 octobre 2007).

Illustration Maurizo A. C. Quarello (DR).

Le Télégramme :

- "Un album où l'émotion vous prend à la gorge dès les premières pages, intense, sobre... C'est l'histoire du marronnier d'Anne Franck qui pourrit sur place, muet, gangrené. Témoin de l'histoire de la jeune fille, il veut témoigner une dernière fois. Le livre, superbement illustré, se construit autour des citations du journal d'Anne Franck, mais en donnant la parole à cet arbre, l'auteur apporte un regard nouveau, distancié sur cette tragique époque.

Un texte sensible, tout en retenue pour ne pas oublier ces heures sombres de l'Histoire et se souvenir d'Anne qui ne «douta jamais que tout à nouveau refleurirait autour d'elle».
(19 avril 2009).


Sylvie Neeman :

- "C’est un article paru dans Le Monde en octobre 2007 qui a inspiré ce beau livre, et son titre si éloquent, Les arbres pleurent aussi, évoque la maladie et le déclin du marronnier qu’Anne Frank observait depuis la lucarne de la chambre où elle se cachait avec les siens, à Amsterdam. L’arbre pressent qu’il risque d’être abattu, alors il raconte : l’arrivée de la famille, la vie clandestine, recluse; il sait l’espoir et le réconfort qu’il a offerts, il sait les mots que la jeune fille écrivait à son sujet dans son journal, la promesse de renouveau et la confiance qu’elle trouvait dans ses rameaux renaissant au printemps.

L’arbre dit la triste fin de l’histoire et la nécessité de ne pas oublier: lui absent, il faudra qu’un autre marronnier s’élève à sa place pour que le souvenir des événements passés perdure.

Cet ouvrage soutenu par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah se construit par évocations et citations successives; il se veut un témoignage, porté haut par cet observateur symbolique si vigoureux alors, et que l’on aurait pu croire indifférent à la folie des hommes. Les images de Maurizio Quarello, par leur tonalité sépia, par leur extrême délicatesse, leurs étonnantes perspectives, escortent attentivement ces évocations saisissantes.
(Le Temps, 14 mars 2009).

Signature d'Anne Frank sur son marronnier (Graphisme JEA / DR).

Parutions.com :

- "Une réflexion sur la mémoire, le souvenir, la transmission. Un sujet douloureux - comme souvent aux éditions du Rouergue qui n’évitent jamais les sujets difficiles -, très bien traité. A partir de 7 ans."
(15 avril 2009).

Après une visite indispensable au "monument historique" de ce marronier :

http://www.annefranktree.com/

d'autres blogs évoquent ce livre :

http://eliabar.over-blog.com/article-28960273.html

http://lily-et-ses-livres.blogspot.com/2009/04/les-arbres-pleurent-aussi-irene-cohen.html

http://www.paperblog.fr/1771916/les-arbres-pleurent-aussi-irene-cohen-janca-et-maurizio-ac-quarello/

http://plantes-des-jardins-et-des-chemins.blogspot.com/2009/04/les-arbres-pleurent-aussi.html


P. 139. La Gendarmerie de St-Etienne de Tinée porte le nom du Juste Fernand Florens

Saint-Etienne de Tinée (DR).

Fernand et Angèle Florens,
Justes parmi les Nations.

Ce 7 mai, se sont retrouvées à St-Etienne de Tinée les familles du docteur Bruter et du maréchal des logis chef Florens.
Avec son épouse Angèle, celui-ci avait protégé et sauvé les premiers des affres de la Shoah.
Les Bruter avaient tenu à faire le voyage depuis le Canada où ils se sont implantés tandis que les Florens venaient de différents horizons de France.

Tous ont été réunis par une cérémonie de reconnaisance au cours de laquelle les diplômes et médailles de Justes parmi les Nations aux noms de Fernand et d'Angèle ont été remis à titre posthume à leur fille.
Les nombreux témoins ont pu entendre l'arrière petit fils du gendarme, une dizaine d'années, répéter à sa mère:
- "Il a fait tout cela, ton papy !!! Il était génial, pourquoi tu m'as jamais raconté ?"
Et sa mère de lui répondre :
- "Je savais un petit peu, mais pas beaucoup !"

La Gendarmerie nationale avait, à cette occasion, décidé de donner le nom de ce maréchal des logis chef à la caserne de Saint-Etienne.
Beau retour de manivelle de l'histoire. Un gendarme qui refusa les ordres infâmes de Vichy, pour ne pas écrire un gendarme dans l'illégalité (par rapport à l'Etat français) et dont le nom aujourd'hui est perpétué non seulement par Yad Vashem mais par la Gendarmerie !

Le Comité Français pour Yad Vashem avait délégué William Zekri à cette cérémonie.

jeudi 14 mai 2009

P. 138. En souvenir des 10 gosses juifs de la "colo" de Montigny-le-Gannelon

(DR).

Juste parmi les Nations,
Yvonne Baccary
a reçu les insignes de la Légion d'Honneur.

Sur sa page 86 (cliquer ICI), ce blog a rappelé les conditions dans lesquelles une "colo" de dix petits juifs avait été créée par les époux Baccary à Montigny-le-Gannelon pour protéger efficacement et de manière totalement désintéressée ces enfants de la Shoah.
Fixée au 15 novembre 2008, la cérémonie décrite sur cette page 86 marquait la reconnaisance officielle comme Justes des Nations d'André et de Clémence Baccary mais aussi de leur fille Yvonne. Celle-ci a reçu les insignes de la Légion d'Honneur ce 8 mai 2009.

Voici le discours prononcé par Mme Margot Thieux :

- "Au Panthéon en Janvier 2007 Jacques Chirac et Simone Veil annoncent qu’à partir de Pâques 2007 tous les JUSTES DE FRANCE -en vie- seraient décorés des INSIGNES DE LA LÉGÍON D’HONNEUR

En ce jour du 8 mai 2009, nous allons célébrer ensemble, tous unis, votre réception dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur au grade de Chevalier avec pour autre symbole celui de la date anniversaire du 8 mai 1945 celle de la Victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie, la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe.

La plus haute distinction décernée au nom de l’Etat d’Israël, par le mémorial de Yad Vashem à Jérusalem, votre Titre de JUSTE PARMI LES NATIONS répond à l’obligation éthique de reconnaître, d’honorer et de saluer les non-juifs qui malgré les risques encourus ont aidé le Peuple du Livre en si grand danger, vilipendé, blasphémé, outragé, en péril.

« Je donnerai dans ma demeure et dans mes murs une place et un nom.
Je leur donnerai un nom éternel qui ne périra pas »
- Esaïe 56 : 5

Avec Clémence votre Maman, André-Alexandre votre Papa, votre parenté, vous avez Madame Yvonne Guillaume Baccary, sauvé des vies de la déportation, de l’extermination quasi-certaine par une politique officielle s’alignant sur les exigences de l’autorité d’occupation. La propagande de l’appareil d’épouvante nazi n’a pas anesthésié les initiatives de tolérance contraires à cette politique de nouvelles lois raciales. Ceux qui ont choisi de ne pas obéir à la législation imposée de ces années de tourmente ont gardé leur équilibre humain et social en protégeant les pourchassés sans recherche d'avantages d'ordre matériel ou autre, aux heures de terreur les plus inquiétantes de l’histoire récente. Madame Yvonne Guillaume Baccary votre vie personnelle et professionnelle, celles de vos chers parents, de feu votre mari, incarnent les valeurs qui fondent la Nation et la République.

VOUS FAİTES PROFONDÉMENT HONNEUR À LA FRANCE ET L’HUMANITE.

Créée par BONAPARTE le 19 mai 1802 la plus haute décoration honorifique de notre pays
- L’ORDRE NATIONAL DE LA LEGION D’HONNEUR - inscrit la reconnaissance de la France due aux mérites, aux élites, qui mettent au service de leur pays, leur talent, leur générosité, soit à titre civil, soit sous les armes.
Vous en êtes Madame Yvonne GUÍLLAUME BACCARY.

Je suis très touchée et honorée que vous m’ayez choisie pour être votre marraine en ce jour. Nous habitons le même village, nous avons beaucoup de respect l’une pour l’autre, des amis communs. À mon enfance raflée, aux changements de lieux, prénoms, noms, religions, j’associe - si vous le permettez - à la Liste Baccary, la Liste de Madame Denise BERGON (1) aux 71 enfants cachés dont je suis et aux 12 adultes sauvés.


Au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés nous vous faisons, Madame Yvonne Guillaume-Baccary,
Chevalier de la Légion d’Honneur.

(S) MARGOT THIEUX, Chevalier de la Légion d’Honneur


Note :

(1) Religieuse des Filles de Marie Notre-Dame,
- Juste Parmi les Nations,
- Médaille de la Résistance,
- Médaille de la Reconnaissance Française -Médaille des Combattants Volontaires,
- Chevalier des Palmes Académiques,
- Chevalier de la Légion d’Honneur.

mardi 12 mai 2009

P. 137. Retour en images à Mandres-les-Roses

La famille de Thérèse Altglas (4e à partir de la gauche), enfant cachée et sauvée par Francis ainsi que par Julienne Mélisson, Justes parmi les Nations
(Ph. Arch. J-C De Glas).

En complément des pages :

- 132. Paroles de Thérèse Altglas ;
- 131. Les Mélisson, Justes parmi les Nations ;
- 127. Thérèse fut sauvée à Mandres-les-Roses ;

ce blog reçoit un reportage photographique de la cérémonie qui pour longtemps encore, marquera non seulement la vie municipale à Mandres-les-Roses mais aussi l'histoire - toujours en cours d'écriture - de la reconnaissance des Justes en France.

Adjoint au Maire, mais encore auteur de :
- Deux enfants se souviennent. Destins croisés à Mante-les-Roses durant la Shoah (Ed. de la Mémoire),
Jean-Claude De Glas prépare les archives pour les historiens à venir. Il a confié au blog ces documents qui illustrent la cérémonie de remise à Mandres-même des diplômes et médailles aux noms des Justes Mélisson. C'était le 19 avril 2009.

Discours de Thérèse Altglas.
De g. à dr. : Jean-Claude De Glas; Paul Ejchenrand, délégué du Comité Français pour Yad Vahsem; Jean-Claude Perrault, Maire de Mandres-les-Roses; Thérèse Altglas; Peleg Lewi, Ministre Conseiller près l'Ambassade d'Israël; Viviane Saül, déléguée du Comité Français pour Yad Vashem.
(Ph. Arch. J-C De Glas).

Thérèse Altglas :

- "Je souhaiterais que cette journée serve d’exemple pour faire comprendre aux nouvelles générations, toutes confessions confondues, qu’il ne faut jamais oublier les horreurs qui se sont déroulées pendant cette période de la guerre, ET QUE LE MONDE ENTIER A LAISSE FAIRE.
Pour bien me faire comprendre, je souhaiterais ardemment que les parents et les enseignants évoquent, avec les enfants, cette période de la guerre que furent les camps de concentration et d’extermination que les historiens ont appelé « SHOAH ».
Comme le disait si justement Berthold BREICHT :
« Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde ».
Malheureusement, chaque jour qui passe nous prouve la véracité de cette phrase."

Nombreux furent les amis à entonner le Chant des Partisans.
(Ph. Arch. J-C De Glas).

A la vie ! Sans oublier...
De g. à dr. : Geneviève Bregeault, Thérèse Altglas et Evelyne Gradstein.
(Ph. Arch. J-C De Glas).

Recueillement et cérémonie oecuménique devant la tombe des époux Mélisson.
(Ph. Arch. J-C De Glas).

Nos remerciements à Jean-Claude De Glas, ainsi qu'à Viviane Saül, déléguée du Comité Français pour Yad Vashem.

jeudi 7 mai 2009

P. 136. Le convoi 73 : 878 déportés - 22 survivants.

Ce 17 mai 2009 :
invitation à la commémoration du convoi 73.

L'Association des Familles et Amis des Déportés du Convoi 73 communique :

- "Le dimanche 17 mai 2009, les Familles et les Amis des déportés du Convoi 73 commémoreront la date du 15 mai 1944, jour où les quinze wagons d’un train de marchandises quittaient la gare de Bobigny avec 878 hommes, tous juifs, tous dans la force de l’âge sauf 38 adolescents dont le plus jeune avait 12 ans. Traditionnellement, cette cérémonie est organisée le dimanche le plus près du 15 mai.
Qu’une Association ait pu se créer pour perpétuer le souvenir de ces hommes s’explique par le fait que, en mai 1944, ils avaient encore pu échapper aux rafles ainsi que leurs familles, cachées pour la plupart. Dès la Libération, ces familles ont fait des démarches pour retrouver leurs déportés. Malheureusement, sur les 878 hommes, seulement 22 avaient survécu et rejoint la France en 1945.
Tous les autres avaient trouvé la mort en Lituanie (à Kaunas et Pravieniskès), en Estonie (à Tallinn-Reval), ou au camp de Stutthof en Pologne (alors Prusse-Orientale)."


Entrée du camp du Stutthof (DR).

- "Nous n’aurons peut-être jamais les précisions qui nous manquent au sujet de ce convoi. Nous savons que sur les 15 wagons qu’il comportait, dix ont été décrochés à Kaunas trois jours après le départ, avec environ 600 hommes, et que les cinq autres wagons ont continué jusqu’à Tallinn, avec environ 300 hommes. Seuls nous sont connus les noms des 34 déportés transférés de Tallinn à Stutthof lorsque les Russes ont libéré l’Estonie. De même que le petit nombre de ceux qui ont gravé leur nom sur un mur de leur cellule au Fort 9 de Kaunas. Ces graffitis sont précieusement conservés dans cette cellule qui est devenue « la Salle des Français » au Fort 9, transformé, avec son annexe, en Musée de la Déportation, le plus important de Lituanie."

Source : Univ. Caroline du Sud (Graphisme JEA / DR).

- "En 1994, année où l’on a officiellement célébré les 50 ans de la libération des camps, les enfants des hommes du convoi 73, devenus adultes, ont témoigné de leur fidélité au souvenir de leur parent en publiant, pour une dizaine d’entre eux, une annonce-souvenir dans Le Monde du 15 mai.
Cette démarche a été le point de départ de l’Association. Furent organisés successivement un voyage de la mémoire en Lituanie et en Estonie, en 1995, puis la commémoration, chaque année, de la date du 15 mai devant le monument des déportés à Drancy et à la Gare de Bobigny d’où partaient les convois. Les témoignages des familles ont été rassemblés dans six volumes intitulés : Nous sommes 900 Français. Ce titre reprend l’un des graffitis conservés au Fort 9 de Kaunas et constitue, en quelque sorte, la signature collective des 878 hommes du convoi. Un bulletin interne à l’Association, publié trimestriellement sous le titre : Convoi 73 Notre Lien, est envoyé aux 360 familles connues ayant eu un et quelquefois plusieurs déportés dans ce convoi.
L’Association existant de fait depuis 1995 et fonctionnant comme une amicale, a été officialisée en tant qu’Association régie par la loi de 1901 en juillet 1999. Madame Simone Veil, dont le père et le jeune frère, André et Jean Jacob, ont péri dans le convoi 73, en est Présidente d’Honneur."


Stèle du convoi 73 au cimetière du Père Lachaise (DR).

- "Dans tous les lieux où sont passés leurs parents, les membres de l’Association ont tenu à rappeler la mémoire des leurs par la pose d’une dalle, d’une plaque commémorative, l’installation d’un lieu de méditation. Et pour ces hommes qui n’ont pas de sépulture, une stèle a été érigée au cimetière du Père-Lachaise à Paris, dans la partie où sont regroupés les monuments dédiés aux camps de concentration et d’extermination, appelée « la Colline de la Déportation »...
Le 17 mai 2009 auront donc lieu, comme chaque année, les cérémonies qui réunissent les membres de l’Association Les Familles et Amis des Déportés du Convoi 73. Certains viennent de loin en province, d’autres de l’étranger, en particulier d’Israël ou des Etats Unis.Le même jour, l’Association tient son Assemblée Générale dans le Salon d’Honneur de l’Hôtel de Ville de Bobigny. Au fil des années, cette journée a permis de tisser des liens d’amitié entre ces hommes et ces femmes habités par la même quête, la même douleur, le même deuil qui n’en finit pas (pas de corps, pas de sépulture, pas de deuil…). Ayant une histoire commune, ces personnes se considèrent comme membres d’une même famille. Ils se définissent d’ailleurs entre eux comme « une bande de cousins », toujours heureux de se retrouver."

Fort de Kaunas (DR).

- Contacts :
Les Familles et Amis des Déportés du Convoi 73
Siège social au Mémorial de la Shoah, Paris
Adresse postale : 85 bis avenue Gambetta, 75020 Paris
Tél. : 01 43 58 72 37
Courriels : contact@convoi73.info

Note : Nos remerciements à Mme L. Cohen pour l'initiative et la participation à la conception de cette page.

dimanche 3 mai 2009

P. 135. Des Justes associés à la commémoration de la Libération

Les 8 et 10 mai 2009
les Justes parmi les Nations
ne seront pas oubliés à
Crucey-Villages
ainsi qu'à St Martin Vésubie

Une plaque du souvenir sera inaugurée sur la façade de la maison où les époux Laigneau devinrent modestement mais si courageusement Justes parmi les Nations.

Vous êtes invités à cette cérémonie du souvenir qui débutera à 11h30, carrefour de l'entrée de la rue du Château à Angennes. Prendront la parole : le Maire de Crucey-Villages, Christian Laigneau et Joël Krolik.

En quelques lignes, voici retracée l'histoire de Fernand et de Lucie Laigneau :

- "En 1932, Leijzer et Pesa Krolik arrivent de Varsovie avec leur fils Joseph, né en 1931, et s’installent dans un modeste deux-pièces, au 83, rue de Belleville à Paris 11ème. Le père est tailleur à façon, son épouse l’aide dans son travail.
Ils auront trois autres enfants : Joël en 1931; Rosette, en 1934; Annette, en 1936.

La guerre éclate. Leijzer s’engage dans la légion étrangère pour défendre la France. La famille se réfugie dans la Sarthe. Six mois plus tard, c’est la capitulation. Les Krolik retournent rue de Belleville.

En 1941, Leijzer échappe à une rafle qui vise les hommes juifs. Il se cacha à la hâte sous un lit. Mais en juillet 1942, c’est la rafle du Vel d’Hiv, et des familles entières sont arrêtées. C’est alors qu’une voisine au grand cœur, Madame Cubayne, cache les Krolik chez elle durant une quinzaine de jours, prenant de grands risques pour elle-même. Entre-temps la petite Rosette, 8 ans, a été envoyée à la campagne.

Dans l’immeuble, une chaîne de solidarité s’organise. Monsieur Arnoult, qui tenait une échoppe de bottier au rez-de-chaussée, prend en charge, avec son épouse, la famille Krolik. Il cache Joël chez ses parents à Savigny S/Orge, après un voyage en train des plus périlleux, et forme le projet de mettre en sécurité le reste de la famille. Hélas, il ne peut réussir le sauvetage prévu, et doit annoncer à Joël l’arrestation de ses parents, de sa sœur Annette, et de son frère Joseph. Aucun d’eux ne reviendra de déportation.

Monsieur et Madame Arnoult, nommés Justes en 1994, poursuivent leur œuvre de solidarité. Il s’agit de mettre Joël en lieu sûr. En novembre 1941, la situation est devenue délicate à Savigny S/Orge. Monsieur Arnoult ramène Joël à Paris et le confie à Madame Cubayne, la fidèle voisine, qui l’accompagne en Eure et Loir à Crucey, chez Fernand et Lucie Laigneau, couple sans enfants et qui exploite une ferme. Joël, totalement dépaysé, est accueilli chaleureusement par les Laigneau et leur nièce Denise Louvet qui vit avec eux. Il passe pour un neveu venu de Paris pour raison de santé, et ne doit surtout jamais dire qu’il est juif. De plus, des cachettes sont préparées en cas de visite de gendarmes.


Joël est traité par ses bienfaiteurs comme un membre de la famille. Il fréquente l’école du village où l’institutrice est complice, et participe aux travaux de la ferme. Sa réussite au certificat d’études en juillet 1943 les rend très fiers, si bien que tous les voisins défilent chez eux pour les féliciter.

Joël ne peut risquer de fréquenter le collège. Aussi, durant un an et demi, il prend goût à la vie de petit paysan et s’attache de plus en plus à ses protecteurs.
Les Laigneau ne se contentent pas de secourir Joël. Durant cette période, ils ont caché une autre famille juive en grand péril. Madame Saks et ses trois enfants : Lucienne, 10 ans; Maurice, 8 ans; Suzanne, 6 ans. Ils leur offrent une égale bonté et les protégeront jusqu’à la Libération.
Il s’en est suivi de durables liens d’amitié entre les deux familles.
Les risques encourus par les Laigneau étaient énormes, car la police de Vichy et les Allemands passaient souvent dans le village à la recherche de résistants. On utilisait alors les cachettes prévues à cet effet.

Nous sommes en novembre 1944. Paris est libéré. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, les Laigneau attendent un heureux évènement. Leur fils Christian est né en janvier 1945.
Il est temps pour Joël de prendre le train pour Paris. Il doit quitter ses sauveurs et c’est pour lui un grand déchirement. Il a 13 ans et demi et il est placé dans des foyers pour enfants de déportés où il aura la joie de retrouver sa sœur Rosette.

Joël Krolik a gardé une indéfectible reconnaissance pour ces personnes admirables qui, avec un inlassable dévouement, lui ont sauvé la vie."

(Dossier Yad Vashem).


Le 10 mai, une rencontre publique associera les Justes aux réflexions sur le thème "Mémoire et engagement".

Deux jours après Crucey-Villages, vous êtes à nouveau invités pour saluer la figure si humaniste de tous les Justes parmi les Nations.
A St Martin Vésubie, le Grand Orient de France propose deux conférences et des débats en reconnaissance des "victimes de la barbarie nazie", des Justes parmi les Nations et de la Résistance.

Au nombre des très nombreuses personnalités présentes, figure le Délégué régional du Comité Français pour Yad Vashem, William Zekri.

Note : Nos remerciements à Corinne Melloul (Comité Français-Yad vashem) pour les documents qui illustrent cette page.