vendredi 30 mai 2008

P. 40. Les sauveteurs de Chana Gontowicz et de sa fille

(Portail de la Ville de Chelles - DR)

Ce 29 mai, ont été honorés à Chelles, les Justes parmi les Nations : Laurent et Marie Mazier ainsi que Catherine Viateau.

Petite-fille et fille de ces Justes reconnus à titre posthume, Raymonde Cadeau a reçu les diplômes et médailles de ceux qui sauvèrent de la Shoah Chana Gontowicz et sa fille Madeleine. Dans les conditions suivantes :

- "La famille Gontowicz, composée du père Abram, de la mère Chana, et de leur fille Madeleine, habite rue Keller à Paris 11e. Leurs voisins et amis sont Laurent et Marie Mazier (née Viateau) et la mère de Marie, Catherine Viateau. Ils ont une fille, Raymonde, du même âge que Madeleine. Les deux petites filles fréquentent la même école.

Le 14 mai 1941, le père reçoit une convocation de la Préfecture de Police pour un contrôle d'identité au Gymnase Japy, Paris 11e. Il est ensuite interné à Beaune-la-Rolande puis déporté à Auschwitz par le convoi 5.

Le 15 juillet 1942, Chana croise dans la rue un agent de police qui lui dit : "Madame, demain il va y avoir une très grande rafle concernant les Juifs. Ne restez pas chez vous." Désemparée, Chana monte chez ses voisins les Mazier pour obtenir conseil. Ils lui proposent aussitôt l'hospitalité.

Ensuite, les scellés ayant été posés sur l'appartement des Gontowicz, Catherine Viateau, qui a son propre appartement au 3e étage de l'immeuble, dcide d'aller habiter chez sa fille et son gendre afin de laisser son appartement à Chana et Madeleine.

La situation devenant dangereuse pour tous, les Mazier ont mis tout en action pour trouver une autre cachette. Chana est rentrée en clandestinité et Madeleine a été placée à l'orphelinat des soeurs de St-Vincent de Paul, à Epinay-sous-Sénart, où elle reçut les réconfortantes visites de Raymonde et de sa mère."

A cette cérémonie, le Comité Français pour Yad Vashem avait délégué Viviane Lumbroso et Paul Ejchenrand.

Remerciements au Modem de Chelles pour la documentation.

jeudi 29 mai 2008

P. 39. Poètes face à la Shoah...


"Bruits du temps. Poèmes de Czernowitz"

Traduction et présentation de François Mathieu.
Ed. Laurence Teper.

Présentation par la Maison d'Edition :

- "Les douze poètes réunis dans ce recueil sont nés entre 1898 et 1924. Tous ont écrit dans un contexte historique tragique, celui de l’extermination des Juifs d’Europe, qu’ils ont vécue à Czernovitz, austro-hongroise jusqu’à la première guerre mondiale, puis tour à tour roumaine, soviétique, allemande. Sans former une école, ils ont constitué dans l’histoire littéraire européenne un ensemble unique que l’introduction et la traduction de François Mathieu permettent de découvrir.
Les poèmes sont précédés, dans l'ouvrage, d'une introduction de François Mathieu qui raconte l'histoire de Czernovitz au xxe siècle et qui comprend plusieurs cartes et photos."

Alain Veinstein, France Culture :


- "En ce mois d’avril nait une nouvelle collection (de poésie, de plus !), Bruits du temps chez l’éditrice Laurence Teper. Laurence Teper qui, depuis 2003, calmement (trente titres à son catalogue), crée peu à peu un univers culturel original. Bruits du temps se donne comme ambition de nous faire découvrir et lire des oeuvres poétiques étrangères dans leur ancrage géographique, historique et politique, dans la résistance qu’elles opposent au lieu et à la période. Laurence Teper, ancienne éditrice de livres scolaires chez Nathan, ancienne enseignante, se fait pédagogue en poésie… Elle accompagne la traduction de ces textes poétiques avec des cartes, des photos et des petits essais biographiques. Des chemins de traverse qui nous laissent le temps d’apprivoiser des auteurs et leurs mots.
Le premier opus Poèmes de Czernowitz. Douze poètes juifs de langue allemande (traduits et présentés par François Mathieu) inaugure la collection. Douze poètes nés entre 1898 et 1924 qui sans former une "école", ont constitué un ensemble original dans l’histoire littéraire européenne :

Rose Ausländer, Klara Blum, Paul Celan, David Goldfeld, Alfred Gong, Alfred Kittner, Alfred Margul-Sperber, Selma Meerbaum-Eisinger, Moses Rosenkranz, Ilana Shmeli, Immanuel Weissglas, Manfred Winckler.

Tous ont vécu dans "la Petite Vienne", Czernowitz en Bucovine, dans la première moitié du siècle. Czernowitz qui jusqu’en 1914 étonne les voyageurs occidentaux par sa liberté, sa tolérance et sa modernité. Après la chute de l’empire Austro-hongrois et son annexion par la Roumanie, sa situation se dégrade et l’antisémitisme croît. La multiplicité des langues parlées au sein de la ville va se réduire au roumain, qui devient obligatoire. De juin 40 à juillet 41, Czernowitz est sous domination soviétique, avant d’être à nouveau roumaine puis sous la férule de l’Allemagne nazie. Un concentré de la déflagration de l’Europe centrale… Cette anthologie montre comment ces poètes ont dû trouver dans le monde et surtout à travers leurs poèmes une fissure où ce(s) désastre(s) (perte d’un lieu, d’une identité, déportations et mort des êtres aimés…) puissent s’intégrer."

Patrick Kechichian, Le Monde (30 mai 2008) :

- "D'abord menée par les Soviétiques, puis systématisée par l'Allemagne et son allié roumain, l'homogénéisation ethnique va se traduire par les déportations et les meurtres de masse à partir de l'été 1941. Le 11 octobre, le gouvernement militaire de Czernowitz parque 50 000 personnes dans le ghetto créé dans un îlot de maisons déjà surpeuplées - près de 30 000 seront déportés dans les semaines qui suivent. Après la défaite des nazis et de leur alliés, l'Union soviétique annexe de nouveau la Bucovine, qui intègre la république d'Ukraine. Les juifs survivants ont déjà quitté la région et gagneront, par étapes successives, Vienne, Paris, la Palestine, les Etats-Unis ou l'Allemagne.
Les poèmes disent tous la plus extrême souffrance et la douceur déchirante de ce qui fut détruit. Les douze destins que raconte ce livre se croisent souvent. Parfois avec retard, comme pour Paul Celan et Ilana Shmueli, les vies se mêlent, au titre d'une référence commune à ce monde massacré. Avec ses orthographes instables, le nom de Czernowitz devient celui de ce monde et prend valeur de symbole. "Czernovitz est bien loin derrière nous/qui était fabuleuse avec ses marronniers/qui n'a pas été/mais les bougies ne cessent dans le feuillage/de changer le printemps en prière...", écrit Manfred Winkler, qui, installé en Israël en 1959, écrira : "Mon amour pour la langue allemande et sa littérature n'a pas souffert de mon passage vers l'hébreu." Cet "amour", commun aux douze poètes, est la plus haute et la plus belle réponse à la destruction programmée et exécutée dans cette même langue."

Mémorial de la Shoah à Czernowitz (DR).

vendredi 23 mai 2008

P. 38. Sam Braun trouve la force de mettre fin en sagesse à son silence...


Sur le portail BibliObs.com,
Delfeil souligne en beauté la valeur d'un livre passé trop inaperçu
lors de sa sortie aux Ed. Albin Michel (janvier dernier) :
"Personne ne m'aurait cru, alors je me suis tu"
entretien de Sam Braun avec Stéphane Guinoiseau.

Pour visionner le "jeudi de Delfeil" consacré à Sam Braun : cliquer ici.

Mais objectivement, il convient de rappeler que l'audio-visuel avait déjà éclairé les souvenirs de ce rescapé d'Auschwitz :

- TV5 dès 2005 : pour visionner, cliquer ici.

- France Inter, le 15 janvier : pour écouter, cliquer ici.

- RTL, interview par Vincent Parizot, le 14 février : pour écouter, cliquer ici.

- FR3 Paris Ile-de-France Centre, le 3 mars : voir fin de cette page.

- Radio RCJ, le 1 mai : pour suivre, cliquer ici.

Mais très paradoxalement, alors que Sam Braun finit pas sortir de l'oralité pour prendre la plume, la Presse écrite est restée jusqu'à présent aveugle et muette !

Présentation par Sam Braun sur son propre blog :

- « Personne ne m’aurait cru, alors je me suis tu » (Albin Michel) tel est le titre du livre que je viens d’écrire avec mon ami Stéphane Guinoiseau.

Longtemps je me suis demandé si je devais coucher sur le papier l’expérience acquise au camp de Buna-Monowitz (Auschwitz III) lorsque j’avais seize ans. Longtemps même le mauvais démon que j’avais en moi, comme tout être humain a le sien, me disait que, somme toute, je n’avais pas grand-chose à dire et en tout cas pas suffisamment pour avoir la prétention d’écrire un livre. Et ce mauvais démon a gagné durant de longues décennies.

Longtemps aussi je me suis demandé si ce que m’avait appris la vie depuis mon retour des camps, c’est à dire depuis que je suis revenu dans une vie civilisée, ou plutôt moins barbare, méritait d’être transmis. Bien souvent m’effleurait la pensée qu’il ne fallait pas étaler au grand jour les réflexions que m’avait inspirées, depuis plus de quatre-vingts ans, la confrontation sociale avec les êtres humains. Tout cela ne m’apparaissait pas comme nécessaire à écrire et surtout ne m’apparaissait pas comme suffisant pour alimenter le contenu d’un livre. J’avais, d’une certaine manière, peur du mot écrit dont la nature même l’expose à une pérennité que n’a pas le verbe lorsqu’il est prononcé.

Je continuais pourtant à apporter avec passion mon témoignage auprès des adolescents. Je pouvais, sans trop de difficulté, utiliser l’oralité pour communiquer aux jeunes ma foi en la vie. Mais coucher mon message par écrit sur une feuille blanche qui, d’anonyme qu’elle était, devient indiscrète puisqu’elle s’insinue dans les pensées les plus intimes de celui qui l’écrit, me semblait hors de mes possibilités et surtout hors de mes forces.

C’est alors qu’est arrivé Stéphane Guinoiseau, professeur de lettres modernes, rencontré dans un collège où j’intervenais auprès d’enfants de troisième. Il a su, avec délicatesse, éveiller en moi une partie de ma vie que je voulais taire tout en respectant certains de mes silences. Grâce à lui, notre livre a pu voir le jour, ensemble de dialogues entre le professeur et moi. Nous y évoquons bien sûr, et comment ne pas le faire, la quotidienneté concentrationnaire, mais nous abordons surtout les grandes questions existentielles que se pose tout être humain. Avec lui, tout professeur qu’il soit, je me retrouvais dans les classes de Terminale où j’avais l’impression d’évoquer, devant des grands adolescents, les questions philosophiques essentielles, éternelles clés du « vivre ensemble ». Et c’est sans aucune fausse pudeur que, stimulé par sa grande culture, j’ai pu, avec lui, faire de ce livre un réel « travail de mémoire » puisque celui-ci, se nourrissant du passé, c'est-à-dire du « devoir de mémoire », se projette dans l’avenir.

Mon état de santé ne me permettant plus de me rendre, dans les établissements scolaires, au devant des adolescents, comme je le faisais dans le passé, j’espère que la lecture de ce livre leur montrera aussi qu’il ne faut jamais perdre espoir et que, même dans les situations les plus désespérées, il faut être habité par l’espérance et par une foi indestructible en la vie qui restera toujours le plus beau des cadeaux."

Sam Braun (Photo : TV5)

Germaine Tillion, Avant-propos :

- "En juillet 1945, un avion sanitaire de l'armée française se posa sur une piste du Bourget, au nord de Paris. Un petit nombre de rescapés des camps nazis débarqua, rapatriés depuis Prague. Après l'évacuation d'Auschwitz, le 17 janvier 1945, ils avaient parcouru, pendant cet hiver interminable, un long périple jalonné de cadavres, de souffrances et de crimes avant d'échouer dans la capitale tchèque. Pour retourner en France, ces survivants durent, pendant plusieurs semaines, se réhabituer à la nourriture et à la vie, soigner leurs blessures apparentes, tenter d'oublier l'odeur de cendres et de mort. Juillet 1945 donc : un jeune homme qui allait sur ses dix-huit ans retrouvait son pays. Arrêté à Clermont-Ferrand en novembre 1943, il avait été déporté à Auschwitz dès le mois de décembre, après un bref séjour à Drancy. Grâce aux incontournables travaux de Serge Klarsfeld, le bilan précis est aujourd'hui connu : sur les 76 000 juifs déportés de la France entre mars 1942 et août 1944, moins de 2 600 revinrent. Ce jeune homme en faisait partie mais son père, Faivel, sa mère, Malka, et sa petite soeur, Monique, âgée de onze ans en 1943, avaient disparu dans les chambres à gaz, dès leur arrivée à Auschwitz. De cette frêle silhouette, j'imagine le fragile regard lumineux, plein de larmes séchées en ce jour de retrouvailles estivales avec sa terre natale, j'imagine le coeur affolé de tristesse contenue et d'espérances nouvelles quand il parcourut le tarmac et puis la solitude, et puis le silence, bientôt scellé par l'indifférence ou la gêne. Ce jeune adulte, tôt blessé par les deuils imprévus et la lame des souvenirs les plus cruels, s'appelait Sam Braun. Soixante ans plus tard, je le rencontrai au hasard d'une conférence dans l'établissement scolaire où j'enseigne. Lorsque Sam pénétra dans la bibliothèque où se donnait la conférence, l'assistance, quelque peu bruyante les minutes précédentes, se tut subitement et son sourire aimanta immédiatement les regards."

Marc Fineltin, "Mémoire et Espoirs de la Résistance" :

- "Le 12 novembre 1943, Sam Braun et sa famille sont arrêtés à Clermont-Ferrand et déportés à Auschwitz, via le camp de Drancy. Sam a 16 ans, il reviendra seul. Ses parents et sa sœur de 10 ans 1/2 seront gazés dès le premier jour. Sam Braun a passé deux hivers à Auschwitz, il devra encore survivre à la « marche de la mort », errance infernale sur les routes d’Europe jalonnées de corps. Lorsqu’il est enfin libéré, il pèse 35kg pour 1,77m.

De retour en France, il préférera se taire, occultant son passé douloureux pour se tourner vers la vie. Jusqu’au jour où une étincelle rallume le souvenir et où il décide de raconter son histoire à ses enfants et petits enfants.

C’est ce récit d’une densité extraordinaire qu’a recueilli Stéphane Guinoiseau. Sam Braun raconte avec précision et sincérité son expérience des camps et son difficile retour à la parole, retenant le flot terrible de l’émotion pour mieux nous parler d’humanisme.

Il aura fallu 40 ans à Sam Braun pour témoigner. Une traversée du silence précieuse pour sortir d’Auschwitz et revenir à la vie. Une prise de parole vécue comme une seconde libération qui au fil du temps a forgé une certitude : la nécessité du « travail de mémoire » pour que la vie et l’espérance triomphent de la barbarie."

FR 3 Paris Ile-de-France Centre (3 mars 2008) :







lundi 19 mai 2008

P. 37. "Et puis les touristes"

Affecté à Auschwitz pour son service civil, le jeune Sven débarque d'Allemagne... (Photo du film).

Sortie en France d'un long métrage de fiction signé Robert Talheim qui (s')interroge sur le présent et sur le devenir du site d'Auschwitz...

Synopsis :

- "Appelé pour le service civil, Sven, un jeune allemand, se retrouve affecté sur le site de l’ancien camp d’Auschwitz (Oswiecim) en Pologne. Son rôle se partage entre la pédagogie et l’assistanat. Il doit d’un part participer à des ateliers au cours desquels des lycéens visitent le camp. D’autre part, il lui faut s’occuper de monsieur Krzeminski, un octogénaire. Ce survivant de la Shoah a fait le choix de ne jamais quitter Auschwitz. Il restaure les valises déposées par les déportés à leur arrivée au camp, soixante-cinq ans plus tôt, et les remet ensuite aux archivistes du musée qui se trouve sur les lieux."


Zéro de conduite, L'actualité éducative du cinéma (3 mai 2008) :

- "La vie ne s'est pas arrêtée à Auschwitz : comme ailleurs chaque année les printemps y renaissent et les étés s'y épanouissent, comme ailleurs chaque jour les gens y mènent leur vie ordinaire, insoucieux du poids de l'histoire. Seuls la ronde des autocars climatisés et l'afflux régulier des touristes à casquette rappellent les brûlures de l'Histoire, en même temps qu'ils font marcher le commerce.Sur les pas de Sven, jeune allemand venu effectuer son service civil à Oswiecim-Auschwitz en Pologne, "Et puis les touristes" (remarqué au dernier Festival de Cannes dans la section "Un certain Regard" et primé au Festival du Film d'Histoire de Pessac) de Robert Thalheim tresse une réflexion délicate sur les mécanismes de la mémoire et de l'oubli : tiraillé entre son amour naissant pour la jeune Ania et sa compassion pour Krzeminski, un survivant du camp dont il est chargé de s'occuper, Sven sera obligé de mettre au clair son propre rapport à l'Histoire."

Danièle Heymann, Marianne (Doc. Dossier de presse) :

- "Un train ordinaire, régional. Une gare banale. Aussitôt on se sent mal. On vient d'arriver à Auschwitz. Ses rues proprettes, son parking, sa campagne verdoyante. Pour une fois, la première peut-être, on ne va pas essayer de revisiter le passé, de faire dire au cinéma l'indicible de la Shoah. Il y eut des tentatives légitimes. Ainsi Steven Spielberg a expliqué que le jour où un adolescent lui avait demandé si la Shoah était bien une fête juive, il avait décidé de tourner la Liste de Schindler. Avec Et puis les touristes, un jeune Allemand, Robert Thalheim, va trouver le ton juste, la distance juste pour se confronter à hier en parlant d'aujourd'hui. De sa génération, son ignorance actuelle, son malaise héréditaire.

... Peu à peu les dernières traces vivantes s'effacent tandis que grandit l'inguérissable nécessité de la mémoire. C'est ce que dit Thalheim avec modestie et lucidité, ayant réussi à éviter le symbolique, le métaphorique. Une sorte de petit miracle."


Jacques Mandelbaum, Le Monde (13 mai 2008) :


- "...l'Auschwitz contemporain. Un lieu que les jeunes Polonais (...) ne rêvent que de fuir, un lieu consacré, sous couvert de mémoire, aux formes les plus triviales du tourisme moderne, un lieu où les rares survivants deviennent des attractions de foire, un lieu enfin où l'industrie allemande investit à bas prix non sans un certain cynisme...
Robert Thalheim, réalisateur allemand de 34 ans, signe avec ce film son deuxième long métrage, qui témoigne à la fois d'un certain goût du risque et d'une réelle maturité. La question sous-jacente à son film - comment habiter une ville qui s'appelle Auschwitz, mais aussi bien comment faire une fiction avec ce qui touche de près ou de loin à ce motif funeste ? - est véritablement passionnante."


Julien Welter, Arte TV (13 mai 2008) :

- "Une fiction d’une sobriété exemplaire sur la gestion d’un lieu historique et particulier, le camp d’Auschwitz.

« Notre civilisation doit être jugée par la façon dont nous appréhendons ce chapitre, le massacre systématique de millions de gens ». Cette remarque d’un visiteur tel qu’imaginé par Robert Talheim traduit bien l’embarras mêlé de paradoxes qui saisit les protagonistes de cette fiction résolument contemporaine. Loin de cette position institutionnaliste, le vieux Stanislaw recommande plutôt à Sven le nouvel arrivant, flanqué de groupes scolaires représentatifs du manque de connaissances historiques dont une certaine partie de la jeunesse allemande fait état : « Montrez-leur La Liste de Schindler, c’est plus efficace ! ». Le fossé est abyssal qui sépare le survivant attaché à de vieilles valises, tout ce qu’il reste des juifs exterminés, et le personnel du musée d’Auschwitz qui organise la mémoire à l’heure de sa gestion et de sa logistique. Au milieu, Sven ne sait pas où se positionner, cet allemand dont la situation est déjà atypique, lui qui s’en va travailler en Pologne."


Jacques Morice, Télérama (17 mai 2008) :

- "Faire une comédie douce-amère autour d'Auschwitz, c'est le pari a priori impossible et pourtant tenu du jeune réalisateur allemand Robert Thalheim.

Au départ flottante, incertaine comme son personnage, la chronique gagne en densité, à mesure que Sven trouve ses repères, se rapproche de Krzeminski et se lie avec une jeune guide polonaise. Le réalisateur procède par petites touches sensibles, confronte les points de vue, les manières multiples de lutter contre l'oubli. Ce que le film montre est un lent et singulier travail d'assimilation d'une page d'histoire douloureuse qui passe aussi par un apprentissage de la vie. C'est son aspect attachant : il préfère la prise de conscience tâtonnante à la froide démonstration."


Portail du film "Am Ende Kommen Touristen" : cliquer ici.

Bande annonce du film :







mardi 13 mai 2008

P. 36. Photos témoins de Rivesaltes

Regards de Nicole Bergé sur
le "Centre d'internement de Rivesaltes"
dont les îlots K et F servirent de
"Centre de rassemblement des Israélites"...

Photo aérienne du site par Nicole Bergé

Un Mémorial devrait s'élever en 2010 sur le site du Camp Joffre à Rivesaltes. Sur le portail décrivant l'élaboration de ce Mémorial, figurent en résumé saisissant les spécificités de ce camp :

- "Camp militaire, camp de transit pour les réfugiés espagnols, centre d’hébergement surveillé, centre régional de rassemblement des Israélites, camp de dépôt de matériel allemand, camp d’internement pour prisonniers de guerre allemands et collaborateurs, camp de regroupement des Harkis et de leur famille, centre de transit pour les troupes du contingent… Lieu où les destins d’enfants, de femmes et d’hommes se sont croisés, au gré d’événements tragiques entre 1938 et 1970, le camp de Rivesaltes est un témoin des années noires du XXème siècle..."

Quelques dates marquent l'histoire de ce lieu singulier :

- 1938 : ouverture du camp militaire Joffre ;

- 1941 : alors qu'il est situé en Zone dite "libre", Vichy récupère les barbelés de ce camp pour y enfermer des "étrangers inédsirables", soit des réfugiés espagnols après l'écrasement de la République, des Juifs et des Tziganes. 18.000 internés au total ;

- 1942 : les îlots F et K deviennent un "Camp de rassemblement" pour des Juives ayant espéré trouver refuge en France et enfermés-là par Vichy avant leur envoi sur Auschwitz ;

- 1944 : des prisonniers de guerre des forces de l'Axe succèdent aux persécutés raciaux et aux politiques ;

- de 1962 à 1970 : des Harkis y sont placés par une France ayant cessé la colonisation de l'Algérie.

Vue du camp à l'abandon. Photo et copyright de Nicole Bergé.

En 1994, fut inaugurée sur ce sol de souffrances une stèle rappelant que :

- "Des milliers de juifs étrangers qui s'étaient réfugiés en France furent arrêtés et internés en 1940 dans le Camp de Rivesaltes, en zone libre.

D'août à octobre 1942, plus de 2250 d'entre eux, dont 110 enfants, furent livrés aux nazis en zone occupée par l'autorité de fait, dite "Gouvernement de l'Etat Français". Déportés dans le camp d'extermination d'Auschwitz, presque tous y furent assassinés parce qu'ils étaient nés juifs. N'oublions jamais ces victimes de la haine raciale et xénophobe.

Zakhor. Les fils et filles des déportés juifs de France, le 16 janvier 1994.- Première commémoration officielle au Camp Joffre de Rivesaltes -"

En 2002, profanation de cette stèle ! Elle fut restaurée en 2003 et d'autres monuments ont été élevés sur ces lieux pour marquer la mémoire d'autres internés :

- "Lors de cette journée de recueillement le 22 juin 2003 le Président du Conseil Général a voulu rendre officiellement hommage à toutes les victimes de la barbarie nazie en confirmant la création du futur Mémorial-Historial du Camp de Rivesaltes sur l'emplacement même de cette tragédie."

- "In Memoriam. Ici ont été internés des enfants, des femmes, des hommes civils et militaires, lors de "la retirada" espagnole de février 1939. L'AACVGRE. "Vivez, la vie continue, les morts meurent et les ombres passent, emporte qui laisse et vit qui a vécu...". Antonio Machado, poète républicain espagnol (1875-1939)"

Enfin, une stèle rappelle le sort subi par les Harkis de Rivesaltes. Baraques du camp Joffre. Photo et copyright : Nicole Bergé.

Pendant ces quatre dernières années, une photographe, Nicole Bergé, a réalisé des milliers de clichés sur les vestiges de ce camp. Un film est actuellement en pré-montage. De ce travail de mémoire, deux expositions ont déjà été présentées. L'une pour les journées du Patrimoine sur l'îlot F (à l'initiative du Conseil général des Pyrénées orientales). L'autre pour la Région Languedoc Roussillon.

Et ce n'est jamais qu'un début toujours renouvelé, à écouter Nicole Bergé :

- "C'est une nécessité pour moi de continuer à témoigner pour que l'on n'oublie pas...
Je suis très heureuse quand l'émotion que j'ai ressentie et mise dans chaque photo, voit le jour et touche à son tour."

La démarche artistique de Nicole Bergé est décrite dans le catalogue d'un projet d'exposition intitulé : "Objets Trouvés - Mémoires Rouillées" :

- "Elle propose un état des lieux : celui d'une mémoire blessée, rouillée par le temps... Pour cela, elle a réuni, en cheminant sur le site, toute une accumulation de traces matérielles composées essentiellement d'objets du quotidien : objets cassés, débris, ustensiles abandonnés."
"La banalité, le dérisoire de ces déchets épars parlent d'un niveau intime du passé de ce site, celui de la vie quotidienne des gens qui y ont vécu. Ces accumulations d'objets, sortis de leur contexte et révélés par la photographie, éclairent d'un regard étrange et simple les vies passées dans ce camp, faites de souffrance et d'humiliation....

Comment faire pour ne pas reproduire l'horreur du camp de Rivesaltes ? Cette exposition est pour Nicole Bergé une incitation à se poser encore et toujours la question."

Pour consulter le portail de cette photographe d'une histoire malmenée et même menacée jusque voici peu de disparition : cliquer ici. Trois entrées sont réservées au camp de Rivesaltes. A l'accueil du site, vous cliquez successivement sur "Expositions" puis sur "Camp de Rivesaltes"...

Pour abriter une exposition de Nicole Bergé ou proposer une publication : écrire ici.

Lien vers Zakhor pour la Mémoire : cliquer ici
D'autres photos de Nicole Bergé sur le blog du Judenlager des Mazures : cliquer ici.

jeudi 8 mai 2008

P. 35. Prochaines cérémonies en France de Justes parmi les Nations

Le Secrétariat du Comité Français de Yad Vashem vous informe des cérémonies de reconnaissances de Justes parmi les Nations pour les mois de mai, de juin et de juillet.

- 29 mai (18h), Mairie de Chelles :


à titre posthume, remise des médailles et des diplômes de Justes parmi les Nations aux noms de Laurent et Marie MAZIER ainsi que de Catherine VIATEAU

par Paul Ejchenrand et Viviane Lumbroso, délégués du Comité

- 1 juin (14h30), Mairie de Brantôme :

à titre posthume, Pierre et Marguerite BOUTY

Victor Kuperminc, délégué

- 2 juin (18h), Mairie du 3e Arrondissement de Paris :

à titre posthume, Abel et Suzanne FOURNIER
Jacques et Simone ROUSSEAU
Théophile et Madeleine LARUE
ainsi que Robert CORNON, Juste encore en vie

déléguées : Madeleine Peltin Meyer et Viviane Saül

- 5 juin (16h), Mairie de Chatenay-Malabry :

à titre posthume, Marthe POTVIN

Paul Ejchenrand et Viviane Lumbroso, délégués

- 6 juin, Mairie de Toulon

à titre posthume, Jean et Aimée BARANGE

délégué : Robert Mizrahi

- 11 juin (14h30), Institution St-Pierre de Courbière

à titre posthume, le Père Antonius DELAIRE

déléguée : Annie Karo

- 17 juin (10h30), Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence :


à titre posthume, Emile et Lucie HUGUES

remise des médailles et diplômes par Corinne Champagner-Katz, présidente du Comité et par William Zekri ainsi que Jacques Eloit, délégués

- 22 juin (11h30), Mairie de Bazoilles et Ménil :

à titre posthume, Marie Berthe DURAND et sa fille Marie-Louise PARDONNET

délégué : Didier Cerf

- 2 juillet, Mairie de Nice :

à titre posthume, Victor LONGANA

Corinne Champagner-Katz, présidente du Comité, William Zekri et Jacques Eloit, délégués

- 6 juillet (11h30), Mairie de Givet :

deux cérémonies successives et à titre posthume pour Lucien et Marie ACHART et pour Georges et Lucienne DEREIMS

Didier Cerf, délégué.


vendredi 2 mai 2008

P. 34. Yad Vashem sur YouTube

Yad Vashem (Jerusalem) a ouvert son portail vidéos sur YouTube.

Vous êtes invité(e)s à cliquer sur la P.34 du titre pour consulter la version anglaise.
Il n'a point encore de version française mais bien une version arabe.

Une trentaine de vidéos sont actuellement reprises sur ce nouveau portail :

I. 15 témoignages de survivants :

- Hanna Bar Yesha, née en Tchécoslovaquie (2'25)

- Dina Baitler, née en Lithuanie (3'09)

E.Eisen (Ph. Yad Vashem)

- Esther Eisen, de Lodz (2'45)

- Sophie Engelsman, de Rotterdam (2'34)

- Zanne Farbstein, rescapée d'Auschwitz (2'18)

- Hedy Hirsch, née en Hongrie (2'40)

- Nachum Bandel, seul survivant de sa famille (0'42)

- Mordechai Eldar, de Transylvanie (2'20)

- Israël Gutman, de Varsovie (2'15)


Y. Hollander (Ph. Yad Vashem)

- Yaakov Hollander, de Cracovie (2'37)

- Michael Maor, né en Allemagne (2'33)

- Klaman Perk, né en Lithuanie (2'55)

- Haim Roet, d'Amsterdam (2'18)

- Eliahu Rosenberg, Treblinka (5'34)

- Yhuda Szternfeld, du ghetto de Lodz (2'19)

II. 9 vidéos sur le Mémorial de Yad Vashem, lieu de rencontres internationales

III. 3 visites virtuelles du Mémorial

dont celle-ci :