samedi 27 septembre 2008

P. 71. Trois Justes en Limousin

(Mairie de St-Jouvent, Haute-Vienne. DR)

A Neuvillas près Saint-Jouvent, Pierre et Mélanie Perrier ainsi que leur belle-fille Simone Perrier ont sauvé la famille Malignac.

Ce 21 septembre, la Mairie de Saint-Jouvens a accueilli une cérémonie de reconnaisance de trois nouveaux Justes parmi les Nations.

Jean-Jacques Faucher, Maire :
- "Croyez bien que ce fut vraiment un grand honneur pour notre localité et pour tous ses habitants de pouvoir organiser et réussir une aussi belle et aussi rare cérémonie. Une centaine de personnes étaient présentes pour saluer le souvenir de Pierre et de Mélanie Perrier. A titre posthume, tous deux ont eu droit à la médaille et au diplôme de Justes. De même que leur belle fille, heureusement toujours en vie et habitant encore parmi nous, Simone Perrier.
Le courage des Perrier les honore et nous honore !" (Interview pour ce blog).

En 1943 et au péril de leur vie, ces trois Justes ont caché et dès lors sauvé le couple Malignac (orthographe d'après naturalisation française), ainsi que leurs enfants : André et Micheline sans oublier leur nièce, Monique.

Le Populaire du Centre :
- "Pierre Perrier est entrepreneur de bâtiment et Mélanie tient le café du village. A droite se trouve le salon de coiffure tenu par Simone, l'épouse de Raymond, le fils du couple Perrier. Raymond était chef de la Résistance et Simone part la nuit à vélo porter des messages dans le maquis. Les Malignac dont les faux papiers sont au nom de Lavaud, sont installés au premier étage d'une maison appartenant aux Perrier. Simone sait très bien qu'ils sont juifs...Elle s'occupe de leur ravitaillement et des enfants.
Des enfants devenus des adultes ayant eux-mêmes des enfants présents lors de cette cérémonie qualifiée "d'acte de foi, de justice et de reconnaissance" par Daniel Saada, le ministre conseiller à l'information auprès de l'ambassade d'Israël en France."
(22 septembre 2008).

(Simone Perrier, photo Le Populaire du Centre).

André Cohignac, président de l'Association France-Israël du Limousin :
- "Les Justes parmi les Nations sont nés de la persécution, mais d'où venaient les persécuteurs ? De la même France qui a trouvé en son sein les dénonciateurs pour les livrer et d'humbles résistants pour les sauver de la barbarie."

Le Ministre conseiller de l'Ambassade d'Israël, Daniel Saada :
- "Nous sommes ici pour nous souvenir que des personnes ont eu la courage de refuser. Ce qui n'était pas si simple... Des femmes et des hommes comme Mme Perrier ont jailli pour sauvegarder la dignité humaine. Les Juifs ,qu'ils ont aidés leur étaient inconnus. Pourtant, ils sont restés fidèles aux valeurs de fraternité, de générosité, d'humanité. Par leurs actes, ils ont sauvé la dignité du monde."

Pour suivre le reportage de FR3, édition régionale du Limousin - 19/20 du 21 septembre 2008 (à 3' 40''), cliquer : ICI.

Le Comité français pour Yad Vashem était représenté à cette cérémonie par son Délégue, Victor Kuperminc.


NB : Nos remerciements à la Secrétaire de Mairie et au Maire de Saint-Jouvent pour leur aide précieuse.

jeudi 25 septembre 2008

P. 70. Les Justes ont leur Esplanade à Bordeaux et leur Parvis à Lille

(Photo : Richard Zeboulon. A g. : Alain Juppé, au centre : Richard Prasquier. DR)

Le 16 septembre, inauguration de l'Esplanade des Justes à Bordeaux.

Maire de Bordeaux, Alain Juppé a inauguré une plaque marquant la nouvelle Esplanade des Justes de Bordeaux et de la région Aquitaine. Cette plaque a donc été dévoilée sur la Place de la Gare.
A cette occasion, l’ancien Premier ministre a tenu à souligner que si non moins de 225 Justes de la région avaient été reconnus par Yad Vashem, beaucoup d’autres restent encore inconnus.

Président du CRIF et ancien Président du Comité français pour Yad Vashem, Richard Prasquier a posé publiquement une question fondamentale :

- "Les Justes nous posent une terrible question : comment se fait-il que l’un a dénoncé, l’autre a sauvé des vies ?"
L'orateur a souligné que les Justes portaient des valeurs s’inscrivant dans l’histoire universelle.

Albert Roche, le président du CRIF Bordeaux-Aquitaine, a insisté sur la nécessité une d’éducation loin des superficialités :

- "Seul un travail d’histoire auprès des plus jeunes de nos enfants et non un simple rappel mémorial, pourra sauvegarder cette valeur cardinale de l’identité française : être ensemble."


Depuis le 24 septembre, Lille possède son Parvis des Justes.

Ce mercredi fut jour faste à Lille. Avec pour débuter, une cérémonie de reconnaissance comme Juste parmi les Nations de Félicien Hautcoeur, ancien Secrétaire général de la Ville de Lille. Sa médaille et son diplôme furent remis à ses ayant-droits (18 membres de sa famile étaient rassemblés à cette occasion historique) grâce à la volonté opiniâtre de Jeannette Lesturgeon. Adolescente, celle-ci eut la vie sauvée grâce au courage désintéressé d'un homme aussi grand que modeste. 29 parents de Jeannette Lesturgeon avaient tenu à rejoindre Lille pour l'entourer en ces moments émouvants et pour marquer encore toute leur reconnaissance envers Félicien Hautcoeur.

(Photo : Archives La Voix du Nord).

Emmanuelle Latouche :
- "Érigé en exemple, reconnu Juste parmi les nations. Félicien Hautcoeur aurait sûrement été gêné de recevoir tant d’honneurs. Mais il aurait sûrement compris pourquoi Jeannette Lesturgeon tenait à le faire reconnaître, lui qui lui a "permis de vivre". C’était au printemps 1942. Jeannette avait 14 ans. "Nous connaissions un peu la famille Hautcoeur, se souvient-elle. Félicien travaillait à la mairie de Lille en tant que responsable du ravitaillement. Il nous avait rencontrés quand il était en charge des marchés, mes parents étant marchands forains. Sans que mon père ait demandé quoi que ce soit, Félicien Hautcoeur a encouragé mes parents à partir, craignant pour leur sécurité.
Comme il avait accès aux papiers officiels vierges, il nous a fait faire de fausses cartes d’identité. De Kuppermann, nous sommes devenus les Vandenstrael. Un nom un peu flamand pour faire oublier le fort accent étranger de maman. Nous avons ainsi pu rejoindre la Dordogne où un résistant boulanger nous a accueillis. Et heureusement, car peu de temps après, la Gestapo nous cherchait à Lille..."
(La Voix du Nord, 24 septembre 2008).


Situé à l'angle de la rue des Tanneurs et de la rue de Béthune, le Parvis des Justes fut ensuite inauguré par Martine Aubry, Maire, ainsi que par Didier Cerf, délégué régional du Comité français pour Yad Vashem.
Photo La Voix du Nord : Inauguration du Parvis. A g. : Martine Aubry, Maire. Au centre : Jeannette Lesturgeon.

Pour écouter le reportage de Cécile Soulé sur France Bleu Nord, cliquer : ICI.


vendredi 19 septembre 2008

P. 69. Les Justes Gabriel et Marie-Louise Lanoux

(Générargues. DR)

L'histoire d'orphelins juifs sauvés aux portes des Cévennes - à Générargues - conduit à la reconnaissance comme Justes parmi les Nations du couple Lanoux.

Lors d'une émouvante cérémonie qui s'est déroulée à la Mairie de Générargues (Gard) le 16 septembre dernier, fut évoqué le dossier constitué par Yad Vashem aux noms de Gabriel LANOUX (1891-1973) et de son épouse Marie-Louise (1894-1955). En voici un résumé :

- "Helga Wolf, née à Berlin en 1933, arrive avec ses parents Fritz et Herta à Bruxelles en 1938-1939.

En 1940, quand les Allemands envahissent la Belgique, la famille passe en France. Elle se retrouve enfermée au camp de Gurs, puis dans celui de Rivesaltes (1). La jeune Helga en est retirée grâce à des Quakers américains. Elle est placée dans différentes maisons d'accueil : successivement à Bandol, à Palavas, à Montpellier et à St-Raphaël.

Finalement, Helga aboutit en 1942 au château de Montaleone. Dirigé par Mme Cavaillion, ce château héberge une trentaine d'enfants dont cinq petits juifs. Leur pension est prise en charge par les Quakers. Il s'agit de :
Helga Wolf
Léon Berliner (né en 1935)
Manfred Bermann (né en 1935)
Hélène Golubezych (née en 1935)
et Fleurette Zobermann (née en 1933).

Originaires du Nord de la France, Gabriel LANOUX et son épouse Marie-Louise, apportent au château des cadeaux pour les enfants quand vient la Noël. Pendant les week-ends, ils invitent les petits juifs chez eux, à Générargues.

Au printemps 1944, une employée du château apprend aux LANOUX que la directrice va dénoncer les enfants juifs aux Allemands. Le couple contacte aussitôt le préfet, un fonctionnaire heureusement opposé à la politique de Vichy. Celui-ci les autorise à retirer les cinq gosses du château pour les cacher en lieux sûrs.
Les deux filles jumelles du couple LANOUX, Marie-Thérèse et Marie-Louise (nées en 1940), voient le cercle de famille s'agrandir avec la venue d'Helga Wolf.
Manfred Bermann et Léon Berliner seront pris en charge par M. et Mme GOETZ, et ce jusqu'à la fin de la guerre. Hélène Golubezych est accueillie par une dame âgée (pas de précision sur son identité) , tandis que Fleurette Zobermann est dissimulér par un couple sans enfant.
De ces cinq rescapés de la Shoah, quatre vivent aux Etats-Unis et un en Israël.

Quant à Helga Wolf et à Léon Berliner, ils ont tenu à maintenir après guerre des liens avec la famille LANOUX. Ce sont leurs deux témoignages qui ont permis la reconnaissance à titre posthume de Gabriel et de Marie-Louise LANOUX comme Justes parmi les Nations."

Les médailles et diplômes des ces Justes ont été remis aux deux jumelles : Marie-Thérèse et Marie-Louise LANOUX par le Consul génral d'Israël à Marseille, Mme Simone Frankel ainsi que par M. Robert Mizrahi (2), Président délégué du Comité Français Yad Vashem pour le sud de la France.

Notes :

(1) Voir page 36 de ce blog.

(2) Nos remerciements à Robert Mizrahi pour la documentation ayant permis la publication de cette page.

mercredi 10 septembre 2008

P. 68. "Le Requiem de Terezin"


Présentation des Editions du Sonneur :

- "Raphaël Schächter, pianiste et chef d’orchestre tchécoslovaque, arrive au camp de Terezin le 30 novembre 1941 et le quitte pour Auschwitz le 16 octobre 1944. Entre ces deux dates, il réussit, en dix-huit mois d'efforts desespérés, à répéter et à faire jouer le Requiem de Verdi.

Josef Bor (1906-1979), raconte cette histoire vraie en s'inspirant des versets du Requiem et en associant sa réflexion sur l'histoire à une méditation sur la musique. Une oeuvre unique, d'une remarquable vitalité."

Extrait :

- "Une foule importante attendait patiemment dans la cour de l'ancienne école de Terezin, devant les portes closes de la salle de gymnastique. Les artistes allaient arriver incessamment, ils devaient entrer les premiers pour atteindre leurs places sans difficulté. Raphaël Schächter, suivi de toute sa troupe de musiciens et de chanteurs, fut bientôt là. C'était un ami connu de tous et que chacun avait rencontré dans la rue ; on le salua donc avec chaleur et sans façon. Aucune distance ne séparait les artistes de leurs auditeurs, ils étaient tous les prisonniers du même camp. "Raphaël, que nous feras-tu entendre aujourd'hui ?" criait-on ici et là en interpellant le chef d'orchestre, et personne ne l'aurait appelé autrement tant il était populaire dans le ghetto."

Jean-Christophe Buisson, Le Figaro Magazine (6 août 2005) :

- "L’histoire, inspirée d’un fait réel, est celle d’un chef d’orchestre juif interné dans un camp de concentration faisant office d’antichambre d’Auschwitz – là même où mourra Robert Desnos. Une idée le hante : prouver l’aberration des valeurs nazies en montant le Requiem de Verdi avec un orchestre et des chœurs de toutes origines. Et l’homme d’arpenter les baraquements-mouroirs en quête de ténors, de basses, de cors et de contrebasses…

Les répétitions se succèdent, rythmées par les rafles impromptues réduisant à chaque fois le projet de Raphaël Schächter. Jusqu’au jour de la grande représentation devant le sinistre Eichmann en personne... Un livre qui serre la gorge."


Terezin. Dessin de Leo Haas (1943). Source : portail de Dominique Natanson (mémoire juive et éducation).

Frédéric Vitoux, BibliObs (28 août 2008) :

- "En 1944, à Terezin, antichambre aux camps d'extermination, Adolf Eichmann et d'autres dignitaires nazis assistèrent au "Requiem" de Verdi interprété par des déportés juifs... et rien ne changea au sort des musiciens.


"Je raconterai comment le ciel a pu se perdre en enfer et comment l'enfer est monté au ciel", s'écria alors Schächter, le chef d'orchestre. Rescapé lui-même de Terezin puis d'Auschwitz, Josef Bor publia en 1963 ce témoignage capital, d'une simplicité qui étreint."


François Reynaud, Librairie Lucioles :

- "D'un écrivain tchèque dont la femme et les enfants furent déportés, ce Requiem de Terezin raconte l'incroyable et pourtant véridique histoire d'une folie d'artiste en pleine démence barbare. Avec une économie de moyens remarquable et un ton non dépourvu d'humour comme pour faire la nique au destin, Josef Bor nous fait revivre cette épopée lyrique et carcérale en un parallèle fascinant entre le désir de justice de ces malheureux promis à la mort et le Requiem de Verdi dont la force imprécatoire lancée à la gueule du mal vous glace l'échine. Ce faisant, il impose ce texte aux côtés des plus grands de la littérature mondiale touchant à l'Holocauste."


Requiem de Verdi : Libera me, Renata Tebaldi à la Scala (1951).

jeudi 4 septembre 2008

P. 67. Visite du Camp de Pithiviers et chemin de la mémoire en Sologne

A l'occasion des Journées européennes du patrimoine,
le CERCIL
propose une visite guidée du Camp de Pithiviers
et d'une ferme de Sologne, annexe de Pithiviers
ainsi que de Beaune-la-Rolande

Nathalie Grenon, Directrice du Centre d'Etude et de Recherche sur les Camps d'internement du Loiret (Beaune-la-Rolande, Pithiviers et Jargeau) et la déportation juive :

- "C’est la première fois qu’une visite du site de l’emplacement de l’ancien camp de Pithiviers a lieu… Des commémorations se déroulent évidemment chaque année, mais avec le décès des derniers témoins directs, il n’y avait plus la mémoire des lieux, juste la présence du monument aux morts.

L’an dernier, nous avons préparé un travail similaire dans les fermes de Sologne. Les familles, le public de proximité nous ont demandé de renouveler l’opération.
Cette visite se déroulera en présence du dernier témoin à avoir été interné dans la ferme de la Matelotte.

Le public participant à ces journées est très varié.
Il s’agit tout autant des familles des victimes (qui viennent parfois de très loin, des Etats-Unis l’an dernier par exemple), que des habitants des territoires sur lesquels se trouvent les sites. Cette mixité des publics est très précieuse aussi pour recueillir des témoignages."

(Photo : Camp de Pithiviers. DR)

Sur les traces de l’ancien camp d’internement de Pithiviers.

La création culturelle dans les camps du Loiret.

Dès leur arrivée dans les camps de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers dans le Loiret, le 14 mai 1941 et jusqu’à leur déportation pour Auschwitz en 1942, plus de 3 500 hommes, juifs, étrangers pour la plupart, vivent dans la plus grande angoisse.

Pour lutter contre l’incertitude de leur sort, l’éloignement de leur famille, ils développent une activité culturelle importante : théâtre, concerts, cours de dessin, fabrication d’objets divers, qu’ils envoient ou donnent à leur famille à l’occasion des visites. Souvent pour les enfants qui ont survécu, ces objets sont le dernier lien ou le dernier souvenir qui les rattache à leur père disparu à Auschwitz.

Les participants chemineront accompagnés d’historiens et de témoins tout au long de cette visite.

Le Samedi 20 septembre 2008. Départ à 14h30 précises, gare de Pithiviers.

Attention : accès uniquement sur réservation au 02 38 42 03 91
ou par courriel auprès du CERCIL (cliquer ICI).


(Photo : Ferme annexe. DR)

Un chemin de la mémoire.

« Les fermes de Sologne », annexes des camps de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers (juillet 1941- juillet 1942).

A partir de juillet 1941, près de 300 Juifs, internés dans les camps de Beaune-la-Rolande et de
Pithiviers (Loiret), sont transférés en Sologne dans trois fermes :
- la Matelotte entre Cerdon (Loiret) et Argent-sur-Sauldre (Cher),
et celles
- du Rozoir
- et du Ousson, à Vannes-sur-Cosson (Loiret).

De mai à juillet 1942, ils sont rapatriés dans les camps du Loiret pour être déportés directement des gares de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande pour Auschwitz.

Dans le cadre des journées européennes du Patrimoine, le Cercil et les Marcheurs et Randonneurs Argentais vous proposent une visite de l’une de ces fermes, celle de la Matelotte. Son histoire et celle des hommes qui y ont vécu pendant une année seront évoquées tout au long du parcours. Les participants chemineront accompagnés d’historiens et de témoins.

Le Dimanche 21 septembre 2008. Départ à 9h30 précises, gare d’Argent-sur-Sauldre.

Attention : accès uniquement sur réservation au 02 38 42 03 91
ou par courriel au Cercil (cliquer ICI).