samedi 26 avril 2008

P. 33. Trois wagons à bestiaux...


Publication par Phébus libretto du récit de Zila Rennert :


"Trois wagons à Bestiaux. D'une guerre à l'autre à travers l'Europe centrale. 1914 - 1946."


L'éditeur :

- "Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, en 1914, Zila Rennert a six ans. Lorsque s'achèvent ces Trois wagons à bestiaux, en juillet 1946, elle a trente-huit ans, trois nationalités - russe, autrichienne et polonaise - mais aucune patrie à elle.
Entre ces deux dates, elle a vécu un temps l'existence joyeuse et insouciante d'une famille juive de la bourgeoisie aisée en Europe centrale, avec ses parents, puis avec son mari et sa fille, Ina, avant de connaître l'irrésistible montée de l'antisémitisme et du nazisme, l'exil, la fuite perpétuelle, les tourments de la guerre et de la déportation, la menace permanente et sans pitié.
Ce récit qui nous entraîne jusqu'aux portes d'Auschwitz, en passant par le ghetto de Bochnia et Varsovie insurgée, Zila Fa écrit pour ses petits-enfants. Pour qu'ils sachent quelle fut l'horreur de la guerre, ce que furent le nazisme et la Shoah. Pourtant, au travers de ces épreuves, de ce témoignage terrible et poignant, jamais Zila ne fait montre de haine ou d'esprit de vengeance pour les bourreaux, et ce qui nous frappe peut-être le plus ici, c'est ce portrait d'une femme d'un courage et d'une ténacité exemplaires qui s'acharne à survivre..."

L'auteur :

- "J’avais six ans, l’âge de mes petits-fils, quand la Première Guerre mondiale a commencé, celle de 1914-1918, et ma fille, leur mère, n’avait que quatre ans au début de la Deuxième Guerre, celle de 1939-1945. J’espère que mes petits-fils ne connaîtront jamais les horreurs de la guerre. Mais elle a eu lieu, et je voudrais qu’ils comprennent par mon récit ce que représente ce fléau. Et au sein de ce fléau ce que furent le racisme et la persécution des Juifs, qui alla jusqu’au programme en partie réussi de mise à mort de tout ce peuple, la Shoah.

Je voudrais leur faire comprendre à travers mes souvenirs ce que fut la vie d’une famille juive en Europe Centrale pendant et après la Première Guerre, famille aisée, débordante de vitalité et souvent insouciante, mais travailleuse, bien intégrée à la bourgeoisie locale, dont l’ambition était d’être parmi les meilleurs ingénieurs, médecins ou artistes de son pays. Et comment tout cela fut anéanti par la catastrophe que nous n’avons pas voulu voir venir, l’horreur de la Deuxième Guerre et cette insoutenable perversion que fut l’idéologie nazie prônant la persécution puis l’élimination de tout être n’appartenant pas à la race des Seigneurs, les purs Aryens. Pour que personne ne l’oublie, je veux apporter mon témoignage.

... l’occupation allemande. Je l’ai vécue dans ma chair, j’ai été mille fois morte de peur pour les miens, pour mes amis, pour moi-même. Je veux décrire cette occupation où j’ai vu mourir un peuple entier. Aujourd’hui encore, j’ai du mal à croire que tout cela fut vrai. Je sais que les mots me manqueront pour décrire cette apocalypse. Car les mots simples ne savent pas rendre la monstruosité des faits. Et les superlatifs sonnent creux devant tant d’horreurs."

Marianne Payot (L'Express, 15 février 2007) :

- "D'exil en déportation, Zila Rennert a subi les fureurs des deux conflits mondiaux. Et en livre un saisissant récit.En 1976, juste avant de mourir, Zila Rennert achevait l'écriture du récit de son passé tumultueux à l'intention de ses seuls petits-enfants. En 620 pages serrées, elle retraçait, dans un français approximatif, trois décennies de fureur en Europe centrale. C'est ce manuscrit, heureusement remis en forme, avec l'assentiment de sa fille, Ina, par un couple d'amis, qui est aujourd'hui publié. Un témoignage unique.

... Le ton est plus à la reconnaissance qu'à la haine. Reconnaissance pour ces nombreux Polonais qui, au péril de leur vie - et dans un environnement des plus antisémite - les ont dissimulés, elle et ses pairs. On apprend ainsi que près de 6 000 d'entre eux se sont vu décerner le titre de Juste par l'Etat d'Israël. Etonnant."

Anna Topaloff (Marianne 2, 10 février 2007) :

- "Il est des êtres que le malheur révèle. Issue de la bourgeoisie juive lituanienne, Zila Rennert était promise au destin de femme du monde, mais la Seconde Guerre mondiale en a décidé autrement. Avec un courage et une détermination inouïs, cette jeune veuve a traversé l'Europe clandestinement, avec sa fille sous le bras, pour fuir les persécutions nazies. Dans un livre témoignage qu'elle a rédigé pour ses petits enfants, elle raconte cette fuite éperdue. De cachettes en planques, de coups de main en coups bas, Zila ne se décourage jamais, et se découvre même une rage de vivre qu'elle n'aurait jamais soupçonnée. Ode à l'instinct de survie, son récit rend hommage à ces millions d'êtres anonymes qui ont été persécutés... mais jamais brisés."

Yvon Poulain et Judy Quinn (Nuit blanche, n° 106) :

- "L'étoile jaune : On a beaucoup lu sur la condition des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, chaque récit semble essentiel et unique. Dans Trois wagons à bestiaux (Phébus), Zila Rennert retrace les moments de la longue fuite qui l'a conduite, avec sa fille, de ghetto en ghetto jusqu'à l'inévitable.

France Culture :

- Après la guerre, Zila part pour la France avec sa fille. Là, elle reprendra ses études de médecine, et deviendra une pionnière de l'accouchement psycho-prophylactique. C'est sa fille, Ina, qui a établi l'édition de ses souvenirs.


NB : Edition établie, préfacée et annotée par Annette et Jean-Claude Gorouben. Phébus 2007. libretto 28 mars 2008.



mercredi 23 avril 2008

P. 32. Appel du Cercil

Le Centre de recherche et de documentation sur les camps d'internement et la déportation juive dans le Loiret recherche...

En vue de l’ouverture, au cours du 1er trimestre 2009, de

- son centre d’histoire et de mémoire sur les camps d’internement dans le Loiret (Beaune-la-Rolande, Pithiviers et Jargeau)

et de

- l’exposition permanente qui en sera le cœur,

le Cercil recherche tout document (articles de journaux, lettres, photographies, films etc…) datant de la période 1940-1945 et concernant les persécutions subies par les Juifs et les Tsiganes notamment, mais pas exclusivement, dans le département du Loiret et la région Centre.

Le Cercil recherche notamment des informations sur :

- les Juifs belges et hollandais qui ont été « évacués » le 10 mai 40 via la région Centre et notamment Orléans,

- les familles, nombreuses, qui ont été arrêtées lors du passage à la ligne de démarcation, et qui ont ensuite été internées dans les camps de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers avant d’être déportées.

L’équipe du Cercil se tient à la disposition de ceux qui seraient en possession de tels documents pour leur présenter le projet du futur lieu, les conditions de prêt ou de dépôt, ainsi que celles de la présentation et de la préservation de ces documents.

Contact :

Cercil – 2 cloître Saint-Pierre le Puellier - Orléans
02 38 42 03 91

ou par mail : cercil@wanadoo.fr




Photographie de la petite Aline assassinée à Auschwitz le jour anniversaire de ses 3 ans, après avoir été internée dans des conditions terribles dans le camp de Beaune-la-Rolande.
La petite Aline incarne, représente, les 4 000 enfants qui sont restés seuls, sans leurs parents déjà déportés, durant plusieurs semaines dans les camps de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers avant leur envoi et leur assassinat à Auschwitz.



Appel et photo du Cercil.


samedi 19 avril 2008

P. 31. La photo qui aurait pu faire chavirer l'expo-propagande de Zucca

Zélé photographe d'une propagande orchestrée à la Goebbels, André Zucca n'aura pas été longtemps exposé sans scandaliser à Paris (et sur un Paris si peu occupé, selon lui, par les Nazis)...

Après la page 30 de ce blog, soit après le 15 avril, les réactions d'incompréhensions puis scandalisées n'ont cessé d'enfler dans les médias comme sur de nombreux blogs.

Non par des obsédés de la censure mais devant le caractère manipulateur d'une exposition toute droite sortie de la propagande allemande et signée par l'un de ses collaborateurs français qui n'était pas qu'un "esthète".

Après que les affiches de cette exposition litigieuse aient été retirées ce 18 avril des murs de la capitale, une (au moins) des 250 photos semble avoir fait déborder le vase des indignations :

Amoureux au Luxembourg. Loin des occupants ? Que du contraire. Non seulement ils n'en perdent pas leur sourire mais ont une lecture tout sauf neutre (Ph. Zucca).

Adjoint au maire de Paris chargé de la culture
, Christophe Girard est interrogé par Yasmine Youssi pour le JDD, ce 19 avril :

- "
J'ai découvert cette exposition le jour de son inauguration, entre les deux tours des élections municipales. Et je dois vous dire qu'elle m'a mis tellement mal à l'aise que j'ai quitté le vernissage. J'ai immédiatement compris la manipulation derrière ces prétendues belles images. Je l'ai dit à Jean Dérens [le conservateur général de la BHVP] qui ne m'a pas entendu ce jour-là.

Il y a notamment une photo qui ne trompe pas. On y voit un couple d'amoureux au jardin du Luxembourg avec le journal Signal posé sur une table à côté. Or Signal était le journal de propagande nazie qui employait Zucca : ça, c'est de la manipulation totale. Et ça me fait vomir. Pourtant, si on avait clairement expliqué au public qu'il s'agissait de photos de propagande, l'exposition aurait pu être très intéressante."

Le "détail" qui a fait "vomir", soit un exemplaire de Signal, comme par hasard en avant-plan (Ph. Zucca).

En conséquence, Christophe Girard demande : "Qu'on arrête cette exposition".

Pour prendre connaissance de son interview dans le JDD : cliquer ici.

Mais le 21, il entame une marche-arrière dans "Le Figaro : "elle continuera..." Cliquer ici.

- "Arrêter l'exposition a été une option qui a été envisagée, mais ce n'est plus le cas, souligne-t-il. Les avertissements au public ont été apportés, le contexte est précisé. À partir du moment où les visiteurs sont avertis, elle continuera jusqu'à son terme."

Quelques mots encore pour rappeler que Signal illustra et voulu glorifier le nazisme d'avril 1940 à mars 1945. Cet outil de propagande ne manquait pas de moyens ni d'envergure : une traduction en 20 langues pour un tirage de 2,5 millions d'exemplaires dont 800.000 rien que pour la France.

André Zucca se mit au "service exclusif" de ce magazine voulu par Goebbels pour cirer les bottes de la "race des seigneurs" et de ses affidés. D'aucune n'espéraient quand même que ce soit déjà oublié une soixantaine d'années après ???

A titre d'exemple, le n°8 de Signal en 1940 (DR).

Paris est symboliquement placé sous les ailes allemandes. Zucca va pouvoir y photographier mais en restant totalement aveugle aux privations de libertés, à la résistance, aux persécutions raciales, à la faim et autres drames provoqués par l'occupation et ses employeurs.


mardi 15 avril 2008

P. 30. La Bibliothèque historique de Paris expose un collabo



S'il fallait en croire cette exposition des "Parisiens sous l'Occupation", "Ach Paris..." n'était pas sous la botte allemande mais tout au plus sous une aimable pantoufle !!!

Jusqu'au 1er juillet, la Bibliothèque historique de Paris propose une exposition dont les présentations officielles gomment soigneusement le caractère de propagande nazie risquant ainsi d'être réhabilitée.

Jean Baronnet, introduction au catalogue publié par Gallimard :

- "Pendant l'Occcupation, André Zucca, « reporter-photographe » correspondant de Signal, accumula les instantanés en noir et blanc. Mais il fut aussi le seul Français à disposer des pellicules Agfacolor quasi introuvables à cette époque. La couleur, c'est plutôt en esthète qu'il en joua, pour rendre la Stimmung (terme intraduisible, disons « l'atmosphère ») d'une ville dont le charme lui paraissait presque intact, malgré – ou avec – la présence de l'Occupant. Son Paris occupé ne respire ni le malheur ni l'exclusion. Ce qui arrête l'objectif de Zucca, c'est plutôt le Paris où il faisait toujours bon vivre, où les mondanités continuaient comme si de rien n'était."

Site de la Ville de Paris :

- "Il s’agit là d’un témoignage saisissant de la vie quotidienne des Parisiens pendant les années noires, de l’Occupation à la Libération. Toutes les photographies sont issues de l’exceptionnel fonds détenu par la Bibliothèque - près de 7000 clichés sur le Paris occupé (6000 clichés noir et blanc et 1200 photos couleur). Les photographies présentées ont fait l’objet de corrections minutieuses, qui ont permis de restituer les couleurs avec exactitude."

En résumé, une exposition pour sortir Paris des souffrances et des morts liées à l'occupation, à l'oppression, aux persécutions... Pour ne garder qu'une ville "charmante" dont les habitants continuant "comme si de rien n'était", posent obligeamment sous le soleil. Le tout donnant des photos si esthétiques !

Face à ce révisionnisme sous-jacent, les réactions critiques et argumentées n'ont heureusement pas manqué.

Louis Mesplé, Rue 89 :

- "André Zucca (1897-1973) fut le photographe français accrédité de Signal, journal de propagande nazie créé en 1940 à l'initiative de Goebbels. Signal fut diffusé dans tous les pays occupés par l'armée allemande. André Zucca fut poursuivi après la guerre pour collaboration et atteinte à la sécurité extèrieure de l'Etat. Une exposition,
"Les Parisiens sous l'Occupation", à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, dans le Marais, lui rend hommage. Qu'y voit-on? 250 clichés couleurs pris entre 1940 et 1944 de la vie quotidienne dans les principaux quartiers de Paris. Des clichés qui pourraient avoir été pris quelques années auparavant, les jours de congés, si les terrasses des grands cafés, les grands boulevards, les kiosques à musiques n'étaient encombrés par les uniformes des armées allemandes et les palaces de drapeaux à croix gammées." (2 avril)

Pierre Assouline, la république des livres :


- "Une exposition de photographies se tient jusqu’au 1e juillet à la
Bibliothèque historique de la Ville de Paris, qui devrait, sinon scandaliser, du moins poser problème. Sans quoi ce serait à désespérer de ce qui demeure d’esprit critique dans ce pays. La qualité n’est pas en cause : les 270 images en couleurs accrochées sur ces murs sont pour la plupart d’un grand intérêt, d’une belle tenue et d’une vraie originalité. Des documents sur "Les parisiens sous l’Occupation" comme on en a peu vu. D’où vient alors le malaise qui se dégage de la visite puis de la lecture de l’album qui les rassemble sous le même titre (175 pages, 35 euros, Gallimard/ Paris bibliothèques) ? D’un détail. A savoir que dans cette exposition, il n’est jamais rappelé, clairement, nettement, avec insistance que toutes ces photos relèvent de la propagande. Aucune contextualisation. Il a fallu que des visiteurs s’en émeuvent pour que les organisateurs se fendent d’un avertissement d’un feuillet posé en pile au guichet. Mais rien sur les murs. Ce que dénoncent l’historien de la propagande Jean-Pierre Bertin-Maghit et l’historienne de la photographie Françoise Denoyelle dans une lettre qu’ils ont adressée aujourd’hui même à Bertrand Delanoë, maire de Paris.

(...) L’historien Jean-Pierre Azéma ne paraît pas très l’aise dans sa préface lorsque, présentant l’apolitique Zucca comme "à sa manière un anar de droite", il précise avec un art consommé de la litote qu’il n’était pas germanophobe, qu’il avait certainement approuvé la Relève et qu’il ne brilla pas par son philosémitisme. C’est le moins qu’on puisse dire. Tant de détours pour admettre qu’il avait collaboré en bonne et due forme et que cela ne semblait pas heurter ses convictions profondes.

(...) Pour banaliser son attitude, le commissaire de l’exposition Jean Baronnet n’hésite pas, dans un texte d’accompagnement qui figure dans l’album, à insinuer qu’au fond, tous les photographes français en ont fait autant que lui sous l’Occupation puisque la presse (française) pour laquelle ils travaillaient ne pouvait paraître que sous la surveillance des Allemands; dans le même élan, il avance également que les épurateurs du Comité de libération des reporters photographes avaient bien exposé dans des manifestations dédiées au maréchal Pétain… On ne saurait être plus maladroit pour faire passer ce qui demeure le plus troublant dans cette exposition, son côté hommage officiel et sans nuance à un photographe de la propagande allemande. Si toutefois les mots ont encore un sens et que l’on peut appeler un chat un chat et Zucca un collabo." (7 avril)



Sur 270 photos, deux seulement évoquent les persécutions raciales. Ici, la Rue des Rosiers (DR).


Philippe Dagen, Le Monde :

- "L'intérêt des images n'est pas en cause, mais leur présentation. Sans véritables commentaires, elles montrent un Paris idyllique : des enfants font voguer leurs bateaux sur le bassin du Luxembourg, les musiciens de la Wehrmacht régalent les Parisiens de concerts en plein air, les élégantes font du vélo. des affiches en couleurs enjoignent d'aller voir l'Exposition antibolchevique ou de rejoindre la Légion des volontaires français (LVF) engagée contre l'Armée rouge.
Par hasard, Zucca photographie une femme en noir portant l'étoile jaune et, rue des Rosiers, un vieil homme au manteau duquel on aperçoit la tache jaune, à peine visible. Mais les rafles, les commerces juifs aux vitrines barrées d'inscriptions antisémites, les queues devant les magasins d'alimentation, les V tracés à la peinture blanche sur les murs en signe de résistance après la défaite des nazis à Stalingrad, il ne les voit pas.
André Zucca travaillait au "service exclusif" du bimensuel allemand Signal, édité d'avril 1940 à mars 1945 par Deutscher Verlag, dédié à l'apologie de la Wehrmacht, publié en vingt langues, dont le français. En 1942 et 1943, le tirage de ce magazine de propagande nazie, non diffusé en Allemagne, atteint 2,5 millions d'exemplaires, dont 800 000 pour la France.Zucca a publié des dizaines de reportages en noir et blanc dans Signal, traitant de sujets faits pour satisfaire son employeur, notamment les bombardements aériens anglais et américains sur la France. Tout cela n'aurait-il pas mérité des cartels (courts textes sous les photos) qui ne se bornent pas à préciser lieux et dates ?" (12 avril)

Yasmine Youssi, le JDD :

- "Au fil des images surgit un Paris étrange, inattendu. Certes, les rues sont vides, mais les cafés pleins, les vitrines garnies et les Halles très bien approvisionnées. Il y a bien quelques SDF ou mamies piochant dans les poubelles du marché. Une vieille dame aux cheveux hirsutes portant l'étoile jaune, aussi. Mais à en croire Zucca, dans l'ensemble, il faisait bon vivre à Paris en ce temps-là.

Alors, on nous aurait menti? Sur le rationnement, les queues interminables, la répression, la collaboration, l'antisémitisme d'Etat ? Non. C'est plutôt cette exposition qui oublie de préciser un certain nombre de faits importants. Zucca était le correspondant français exclusif de Signal, un journal allemand édité par les nazis dans différents pays occupés. Ce n'est donc pas la vie des Parisiens sous l'Occupation qui est ici dévoilée, mais celle des Parisiens telle que les Allemands souhaitaient la montrer. "La vision de Paris donnée par cette exposition est faussée par la situation du photographe et par la technique utilisée", analyse Jean-Claude Gautrand, photographe et historien du médium. "Il fallait une lumière très forte pour pouvoir faire ces images en couleurs [à l'époque]. D'où l'impression d'un Paris constamment ensoleillé."A y regarder de plus près, Zucca célèbre effectivement le vainqueur et son idéologie dans toute leur puissance, soulignant la douceur de vivre en pays occupé. Et qu'on ne compte pas sur les cartels (d'une indigence rare) pour éclairer les visiteurs. Il y a là quelque chose de grave - et de dangereux - à exposer, sans aucune explication, ces tirages de propagande. Faut-il rappeler que l'objectivité en photographie n'existe pas ? Chaque image exprime un point de vue. Et c'est ici celui de l'occupant, imposé comme celui de tous les Français." (30 mars)

Gilles Renault, Libération :

- "Un certain malaise nimbe l’exposition «les Parisiens sous l’Occupation». Présentée à la Bibliothèque historique de la ville de Paris, elle dépend de la direction des affaires culturelles de la mairie et donc du premier adjoint à la Culture, Christophe Girard. Qui, interrogé, n’y va pas par quatre chemins : «J’ai découvert cette exposition le jour de son inauguration et j’ai été gêné par son ambiguïté au point que je ne m’y suis pas attardé trop longtemps. D’abord en raison de son intitulé. J’aurais préféré "Des Parisiens sous l’Occupation" ou mieux encore, "Sous l’Occupation". Mais c’est la liberté absolue du conservateur de la Bibliothèque historique, Jean Dérens, de choisir un titre, un thème d’exposition et un commissaire pour superviser sa réalisation. Mais, encore une fois, je trouve cette exposition mal accompagnée.»
Pour remédier à ce défaut, la mairie de Paris a fait imprimer (...) un avertissement, donné avec chaque billet d’entrée, qui rappelle, entre autres, qu’André Zucca, auteur des photographies présentées, fut embauché par le magazine nazi Signal et qu’il a choisi «un regard qui ne montre rien, ou si peu, de la réalité de l’Occupation et de ses aspects dramatiques»." (8 avril)

Le 18 avril, les affiches annonçant cette exposition plus que douteuse dans sa présentation, sont retirées des murs de Paris.

Le blog de Pierre Assouline : "république des livres", l'annonce sous le titre : "Zucca quitte l'affiche"... en cliquant ici.

Au nom de la Ligue des droits de l'homme, Gilles Manceron et Agnès Tricoire signent une tribune publiée par Rue 89. Cliquer ici pour sa lecture.

Et pour suivre en vidéo un débat sur le plateau d'Arrêt sur images @si, cliquer ici.


mercredi 9 avril 2008

P. 29. Les Justes de Saint-Affrique et d'Averon-Bergelle

Emmanuel et Marie-Louise Arnal... Leah Dauga... La Liste des Justes parmi les Nations ne cesse de s'enrichir.

La famille Arnal avec Mme Bass et sa fille Fanny (BCFYV/DR).

Délégué du Comité Français pour Yad Vashem, le Dr Albert Seifer était à Saint-Affrique, ce 7 avril pour la remise des Médailles et Diplômes de Justes attribués - à titre posthume - aux époux Arnal, Marie-Louise et Emmanuel.

Mr Daniel HALEVY-GOITSCHEL ministre-conseiller à l’ information à l’Ambassade d’ISRAEL a remis la médaille des justes décernée à titre posthume à Emmanuel et Marie-Louise ARNAL qui ont aidé et hébergé Mr Frédéric BLUM , sa fiancée Fanny et la mére de celle-ci à Sylvanes ( près du Fayet ) en 1942- 1943.

La cérémonie s'est déroulée en la salle d’honneur de la mairie et devant une foule nombreuse. On notait les présences de Mr Alain-Marie maire de St-Affrique et de Mr Max BLUM, fils de Mr Frédéric BLUM, venu de Toronto ( Canada ).


Mairie de Saint-Affrique en ce jour mémorable du 7 avril (DR)

Ce sont les 3 enfants du couple ARNAL : Mr Jean ARNAL, Mme Renée FONTAINE-ARNAL, Mme Ginette MICHEL-ARNAL qui reçurent la Médaille des Justes et le diplôme d’Honneur décernés à leurs parents. Mr Max BLUM très ému prononça quelques mots de remerciement à la famille ARNAL toute entière. A son tour Mr Jean ARNAL évoqua la générosité de ses parents et remercia Mr BLUM et Yad Vashem.

Averon -Bergelle. Médaille et Diplôme au nom de Leah Dauga (DR)

Ce 8 avril, le même Délégué du Comité Français pour Yad Vashem, a rejoint la Mairie d'Averon-Bergelle. Voici ses impressions d'arrivée à cette autre cérémonie :

- "Mr Daniel Halévy- Goitschel, Ministre-Conseiller à l’Ambassade d’ISRAEL et moi-même arrivons à Averon-Bergelle à 50 kms d’AUCH dans la voiture de Mr CONUS Préfet du Gers . En fin de matinée a eu lieu à la Préfecture du Gers une très belle cérémonie au cours de laquelle 50 dictionnaires des Justes ont été offerts à 50 directeurs d’établissements scolaires du Gers. Cette magnifique initiative est à mettre au crédit de Mme Claude DILHAT Présidente de l’Association Départementale des Palmes Académiques à l’occasion du Bicentenaire de celles-ci. Nous avons déjeuné avec Mr le Préfet, Mgr GARDES, évêque d’AUCH et plusieurs personnalités du département ainsi que nos amis Jean Lévy du CRIF Midi-Pyrénées et Mr Simon de Montauban.
Nous fûmes accueillis par Mr Pesquidoux maire d’Averon- Bergelle et son conseil municipal et firent connaissance de Mr Georges DAUGA fils de Leah DAUGA qui cacha la famille de Micheline Sarah LEVY de 1943 à 1945. Celle-ci était venue de Virginie ( USA ) pour cette émouvante cérémonie au cours de laquelle furent évoquées les dures conditions subies par les Juifs en général et la famille Lévy en particulier pour échapper à la haine des nazis." (Dr Albert Seifer)

De G. à Dr. : le Dr Albert Seifer, Délégué, remettant à Georges Dauga les Médaille et Diplôme de sa mère Leah (DR).

Avant guerre, la famille Lévy habitait à Metz. Mobilisé, le père, Octave fait partie des troupes déployées sur la ligne Maginot. Tandis que la grand-mère et la maman emportent les deux enfants Lévy dans une maison amie à Civray dans la Vienne. C'est là que les rejoindra le soldat rendu à la vie civile après la fin d'hostilités coahotiques.
La pression allemande devient telle que les Lévy décident de passer en zone dite "libre". Ils franchissent donc à pied la dangereuse ligne de démarcation. Leur nouveau refuge se situe à Eze-sur-Mer. Mais quand les nazis rayent de la carte de France cette zone soi-disant "libre", les Lévy se retrouvent à nouveau menacés et s'enfuient alors vers Averon-Bergelle. Une première maison, celle de Georges Nafréchou se révèle trop exigüe. Une autre habitante de la commune, Leah Dauga, propose alors généreusement et en connaissance des risques ainsi pris, une maison pour la seule famille Lévy.
Responsable de la paroisse, l'abbé Thomor va leur procurer des papiers d'identité portant le nom de Lévesque. Et deux Lévy entrent dans la résistance. Octave s'engage dans le bataillon de l'Armagnac qui s'illustrera contre les nazis et ce, jusqu'en Charente. Adolescente, Micheline deviend agent de liaison.
Toute la famille sauvée, Micheline partira pour les USA où elle mènera à bien une carrière de pédiatre renommée. C'est elle qui a voulu entamer auprès de Yad Vashem les démarches pour que Leah Dauga soit honorée - à titre posthume - en tant que Juste parmi les Nations.


Retraçant le sauvetage de sa famille : Micheline Sarah Lévy (DR).


NB : Nos remerciements au Dr Albert Seifer pour sa documentation et les clichés.

lundi 7 avril 2008

P. 28. Trois Justes à Aunay-en-Bazois

.
Instantané de la cérémonie (Arch. V. Kuperminc/BCFYV/DR).

Ce 6 avril, Marie et François Perrot
ainsi que leur fille Marguerite ont été honorés
- à titre posthume -
comme Justes parmi les Nations.

Aucune cérémonie de reconnaissance de Justes n'est semblable aux autres. Certes toutes sont émouvantes et reliées au sauvetage de Juifs persécutés par la Shoah, ses auteurs nazis et leurs collaborateurs... Mais chacune porte la mémoire d'histoires aussi véridiques que spécifiques.
Dimanche dernier, la Mairie d'Aulnay-en-Bazois servit de cadre à la reconnaissance de trois Justes dont le souvenir et le courage furent évoqués au long d'un programme complet et détaillé :

- Accueil par DANIEL BAUDIER, Maire d’Aunay en Bazois.
- Message de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, lu par le premier adjoint au Maire.
- Allocution de VICTOR KUPERMINC, Délégué régional du Comité Français pour Yad Vashem.
- Allocution de BERNARD MARTIN, Conseiller général du canton de Châtillon.
- Allocution de CHRISTIAN PAUL député de la 3ème circonscription de la Nièvre.
- Allocution de M. le Comte d’AUNAY.
- Allocution de OREN BAR EL, Ministre Conseiller près l’Ambassade d’Israël en France.
- Remise de la Médaille des Justes à Mmes MARIE HELENE CHARPENTIER et NOELLE DUFRENOIS, filles de Justes salués à titre posthume.
- Remerciements des récipiendaires.
- Témoignage de SERGE AVERBOUH, enfant caché et sauvé.
- Mme KATY HAZAN, responsable du Service Archives et Histoire de l’OSE, évoqua la mémoire d'ENEA AVERBOUH, grande résistante et mère de Serge.

Les parents Perrot, Justes parmi les Nations (BCFYV/DR).

Synthèse du dossier Yad Vashem :

- "Enéa Averbouth, est l'assistante du professeur Eugène Minkowski de l'OSE (Œuvre de Secours aux enfants) et travaille comme assistante sociale du Comité Amelot, réseau juif qui cherche à cacher les enfants pour les sauver, notamment dans la Nièvre où Enéa Averbouth a noué de nombreux contact lors de ses recherches de familles d'accueil.
En effet, dès septembre 1939, un plan d’évacuation prévoyait que les familles du 12e arrondissement de Paris seraient accueillies dans le département de la Nièvre.

Enéa Averbouth écrit dans son journal en décembre 1941 :
« Et pourtant quelle lumière peut parfois nous éclairer en nous montrant les sympathies autour de nous ! Nous avons la visite d’assistantes sociales de diverses mairies, assistantes non juives naturellement qui viennent nous assurer qu’elles feront des arbres de Noël pour nos enfants. (…) Que ce geste est touchant et réconfortant. Dans sa détresse, Israël donne amitié et secours ! Oh ! Merci !! »

Elle fait du porte à porte dans les mairies pour trouver des cartes d’alimentation pour les Juifs qui se cachent et qui ont du mal à survivre.
Elle trouve des lieux de refuge pour de nombreux enfants et se charge tout naturellement de trouver un refuge pour son fils, Serge, en Province.

Serge Averbouth se souvient d’histoires que lui racontait sa courageuse mère sur ses activités clandestines :
« Je sais qu’elle a réussi à sortir des enfants Juifs, elle en avait quinze ou seize je crois, en obtenant un laissez-passer, un ausweiss parce qu’un allemand, à Bordeaux l’a prise pour une Madame Schmidt et comme elle parlait l’allemand, elle a joué le jeu. Il lui a donné un ausweiss, ce qui fait que ses gosses ont pu passer de l’autre côté de la ligne de démarcation ».

Enéa Averbouth place Serge chez des cheminots de Coutras en juillet 1940 puis rejoindre son père, résistant dans la Nièvre, à Aunay-en-Bazois grâce à l'aide du secrétaire de mairie.
« Elle m’a descendu dans la Nièvre parce que mon père était dans la Nièvre et donc il pouvait de temps en temps me voir. Il était dans la clandestinité là bas mais il pouvait me voir de temps en temps quand même ».

Un jour, l’enfant est à l’école lorsque les feldgendarmes allemands et le maire viennent l’interroger. L’instituteur les voyant arriver, a le temps de lui soulever l’oreille et de lui glisser : « Attention, maintenant à ce que tu vas dire ! ».
Dès leur départ, l’instituteur fait sortir l’enfant par le jardin de l’école tandis que Marguerite Perrot emmène le petit à vélo chez ses parents, François et Marie Perrot.

Pour sa sécurité, Serge sera ensuite placé dans une maison d'enfants à Châtillon-en-Bazois sous le nom de Serge Mornay.
Recherchée par la Gestapo, Enéa Averbouth finit elle aussi par se cacher dans la Nièvre en octobre 1943 sous le nom de Madame Letourno.
Après la guerre, elle continuera à travailler à l'OSE."

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samedi 5 avril 2008

P. 27. Interview de Corinne Champagner Katz




Dans son n° 1018 (p. 23), "Actualité Juive" propose une interview de la Présidente du Comité Français pour Yad Vashem, Corinne Champagner Katz.

Avec en exergue :
- "... Une femme d'engagement. Avocate réputée et militante de toujours, elle revendique un devoir de vigilance et un sens de l'humour à toute épreuve."

Et cette présentation par son prédécesseur à la tête du Comité, Richard Prasquier :
- "C'est avant tout une énergie formidable qui peut déplacer les montagnes."