Mercredi 5 mai 2010
Saint-Amand-Montrond
mettra en lumière les Justes
en rejetant l'ombre
de son ancien Maire
complice de crimes contre l'humanité
Le Berry :
- "Coup de théâtre hier soir, au conseil municipal de Saint-Amand. À la toute fin de la réunion, le maire Thierry Vinçon prend la parole. Et dans un discours ferme, tourne une fois pour toutes la page Maurice Papon, qui selon ses mots, « a couvert d'ombre le glorieux passé de Saint-Amand »."
(10 avril 2010).
Thierry Vinçon, Maire de Saint-Amand-Montrond :
- "Le 16 juillet 1995, pour la première fois, un Président de la République française, Monsieur Jacques Chirac, reconnaisait la responsabilité du gouvernement de Vichy, alors dénommé "Etat français", dans la collaboration à l'entreprise criminelle nazie d'extermination des Juifs de France.
La dénonciation de cette période sombre de notre histoire s'est accompagnée d'un hommage rendu aux Françaises et aux Français qui, quotidiennement, ont agi au péril de leur vie, avec courage et abnégation, pour sauver des familles juives de la barbarie.
Ceux qui ont eu un tel comportement ont été dénommés "Justes parmi les Nations" par la commission pour Yad Vashem. Ce titre a été décerné à cette date à près de 3000 Français, dont un peu moins de 200 sont toujours en vie.
Ainsi, à côté de l'héroïsme des forces alliées et des forces de la Résistance, une autre lumière continuait à briller dans la nuit. A Saint-Amand, comme ailleurs !
Mais ce glorieux passé a été couvert de l'ombre de celui qui fut condamné en 1998, pour crime contre l'humanité.
Vous l'avez compris, le passé de Maurice Papon a assombri l'histoire de notre ville. Il est temps d'honorer celles et ceux qui se sont conduits comme des héros.
Pourquoi aujourd'hui, me direz-vous ? Une Juste du Cher est encore vivante.
Notre ville se doit de lui rendre hommage au nom de tous les Justes Saint-Amandois restés anonymes.
Je vous propose de donner à la Ville de Saint-Amand-Montrond une Esplanade afin d'honorer la Mémoire des Justes, notamment les 17 Justes du Cher dont 2 de Saint-Amand, les époux Laneurie.
Cette Esplanade des Justes se situera dans le prolongement de la Place de Juillet.
Une stèle sera dédiée à la mémoire de ces femmes, de ces hommes et de ces enfants qui ont été l'honneur, le courage et la dignité de la France.
C'est une leçon de mémoire pour l'avenir et d'espérance en la vie.
L'inauguration, si vous choisissez d'accepter ce projet de Mémoire et de Justice, se déroulera le mercredi 5 mai 2010."
Le Berry :
- "L’esplanade se situera dans le prolongement de la place de Juillet, entre la rue Gaston-Guillemain et la rue Roger-Pearon (...).
L’annonce a été très applaudie par des conseillers de tous bords."
Synthèse actualisée du dossier Yad Vashem
pour les deux Justes de Saint-Amand-Montrond :
- "Pierre-Aimé et Juliette Laneurie habitaient, depuis leur mariage en 1929, à Saint-Amand-Montrond (Cher). Il avait été conseillé à Juliette de ne pas mettre d'enfant au monde, compte tenu d'une maladie héréditaire dans sa famille. Le couple prit alors la décision d'une adoption.
Ils prirent contact avec des organisations de résistance juive à Paris qui les orientèrent vers le Sud Ouest où plusieurs maisons d’Enfants avaient accueilli des gosses dont les parents avaient été emmenés.
C’est dans une de ces maisons , près de Montauban qu’ils furent mis en présence de plusieurs de ces enfants . Leur choix, difficile bien sûr, se porta sur Jean-Yves, un garçonnet asthmatique de trois ans, fils de juifs parisiens. Ils regagnèrent Saint-Amand avec lui et l'adoptèrent en bonne et due forme.
C'était le printemps 1943.
Grâce à la grande humanité de l’archiprêtre Doucet, l’enfant fut baptisé, et Jean-Yves témoigna plus tard que cela lui permit de garder la vie sauve. Tous les juifs de la ville étaient en effet enregistrés auprès des services de la mairie, conformément à la législation anti-juive de 1940.
Or, en Juillet 1944, sur l’ordre d’un chef milicien, une rafle frappa les juifs de Saint Amand et de la région. 36 d'entre eux furent exécutés dans les sinistres puits de la ferme de Guerry (près de Bourges) !
Après guerre, on ignora le sort des parents naturels de cet enfant adopté et élevé par les Laneurie.
Lorsque Jean-Yves leur annonça, après ses études universitaires à Paris, qu'il avait décidé d’épouser Jenny, une jeune fille issue d’une famille Juive des Ardennes, elle fut très chaleureusement accueillie par ses beaux parents et porta très naturellement, et avec bonheur, leur nom de famille « Laneurie ».
Jean-Yves et Jenny ont d’ailleurs élevé leur propres enfants, Florence et Olivier, dans la tradition Juive.
Pierre-Aimé et Juliette Laneurie ont été reconnus Justes parmi les Nations en 1992."
1 commentaire:
Bonjour, pour écouter les discours de Georges Kiejman, le message de Simone Veil, le témoignage de Jean-Yves Laneurie, les mots au maire et de la préfète du Cher, c'est ici.
http://imagesetsonsduberryleblog.owni.fr/
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