Site internet de Ste-Suzanne.
"Il y avait quelque chose à faire"
pour les persécutés raciaux...
Ste-Suzanne se souvient de ses Justes.
Aurélie Champagne :
- "De l'avis de tous, il y avait "quelque chose à faire" à Sainte-Suzanne. Pour que l'oeuvre de courage de certains habitants de la commune associée ne reste pas enfouie dans les souvenirs d'une période sombre.
Dans le silence, dans la peur, aussi, certaines familles ont accueilli et caché, au péril de leur vie, ceux que l'on appelait alors les "petits parisiens" : des enfants juifs, venus fuir la persécution à Orthez/Sainte-Suzanne, véritable frontière entre la zone occupée et la zone libre.
Pour leur éviter les trains de la mort, des Saint-Suzannais se sont glissés dans la peau d'un oncle, d'une tante, d'un parent éloigné. Les enfants sont devenus, le temps de la guerre, des catholiques pratiquants, suivant même les cours de catéchisme. Curé, élus, enseignants, ont alors joué un rôle. Autant de ratures au scénario noir écrit par le régime nazi {NDRL : et celui de Vichy}.
Pour rendre hommage à ces héros de l'Histoire, l'association Ensemble pour la paix, en partenariat avec la Ville d'Orthez-Sainte-Suzanne a décidé d'organiser une cérémonie "laïque et républicaine", dimanche 18 octobre, parrainée par l'ONAC et l'Institut Yad Vashem de Jérusalem. Un hommage anonyme, collectif et simple."
(Sud Ouest, 13 octobre 2009).
Bernard Molères, maire d'Orthez-Sainte-Suzanne :
- "Si on ne manifeste pas notre volonté d'affirmer notre devoir de mémoire, maintenant, il va se perdre dans les 10 ou 15 ans à venir. Nous voulons être cette passerelle vers les nouvelles générations.
Quand on cotoie les derniers témoins, on se rend compte qu'il faut aller très vite sinon c'est nous qui serons obligés de dire ce qui s'est passé."
Patrick Darrieux, maire-délégué de Sainte-Suzanne, conseiller municipal à Orthez :
- "J'ai bien entendu parler de quelques histoires par mon grand-père, mais je remarque que c'est surtout depuis trois ou quatre ans que les langues se délient...
Il y a une phrase qui me plaît beaucoup, c'est :
"Quand désobéir devient un devoir" !
A Sainte-Suzanne, c'est ce qui a été fait."
Légende Sud Ouest :
"Elus d'Orthez-Sainte-Suzanne, association Ensemble pour la paix... Tout un réseau s'est constitué pour organiser la journée d'hommage aux "Justes" de la commune." (Ph. A. C.).
André Cuyeau, président d'Ensemble pour la paix :
- "La journée se place sous le signe de la sobriété et du recueillement.
On a pu mesurer tout ce qui s'est passé ici autour de la ligne de démarcation. Notre rôle est de faire valoir ces zones de lumière. Ce n'est ni le 8 mai, ni le 11 novembre. C'est un hommage à la vie.
La cérémonie débutera à l'école. C'est l'école publique, de la République, symbole de la laïcité. Elle demeure l'une des pierres angulaires de nos institutions, et c'est là que furent accueillis ces enfants {persécutés}."
Eric Normand :
- "Reste quand même à comprendre pourquoi les actes de bravoure se sont manifestés de manière si éclatante dans le village. Pourquoi Sainte-Suzanne plus que les autres ? La proximité de la ligne de démarcation - qui passait par Orthez - est un élément à prendre en compte. L'autre serait la forte présence d'une communauté protestante. Ces derniers - c'était aussi le cas à Chambon-sur-Lignon (1) dans le massif cévenol - se sont souvent signalés, durant le conflit, pour leurs actes de bravoure et leurs actions au profit des juifs. Un phénomène que l'on explique par le fait qu'eux aussi ont, dans leur histoire, été victimes de persécutions. Ce qui a peut-être rendu plus sensibles leurs descendants à ce que traversaient les juifs durant la guerre."
(La République des Pyrénées, 8 octobre 2009).
Odile Faure :
- "Entre 1939 et 1945, de nombreux Sainte-Suzannais ont spontanément ouvert leur porte et leur coeur à ces enfants persécutés. « C'est le silence de tout le village qui est extraordinaire. Il y avait un danger dans le fait de ne rien dire. Il faut souligner cet acte de courage », tient à rappeler Georges Feterman, fils d'une enfant recueillie à Sainte-Suzanne.
Cette oeuvre de fraternité n'aurait pu se faire sans la complicité du maire de l'époque Jean-Baptiste Forsans, de l'abbé Lapade, des instituteurs Lucien et Marguerite Saint-Severe et sans l'aide de l'association protestante la Cimade, née quelques années plus tôt au camp de Gurs. Des noms cités en exemple, hier, lors de l'hommage public rendu à tous ces acteurs.
Sous un chaud soleil d'automne, dans cette cour d'école qui avait vu passer ces petits enfants juifs, 500 personnes ont assisté à une cérémonie poignante où Albert Seifer, représentant du comité régional Yad Vashem, a rappelé, la gorge nouée, qu'il était en vie parce qu'il avait été caché avec 82 autres enfants à Capdenac ; où le député David Habib a raconté son émotion à chaque visite à Jérusalem et où Bernard Molères, le maire d'Orthez, a justifié sa volonté « chevillée au corps » de célébrer « un hommage collectif aux Justes mais aussi aux familles anonymes qui ne l'ont jamais dit ».
Ces « humains ordinaires » devenus « élus de l'histoire » selon le directeur départemental des anciens combattants, M. Vergès, n'étaient plus là pour recevoir ces honneurs. Leurs descendants, oui. Roger Larribau, assis dans la foule, essuyait discrètement quelques larmes derrière ses lunettes. Ses parents - reconnus Justes en 1995 - ont accueilli des petits Parisiens dont Pauline Feterman, mère de Georges. « Je suis très fier de mes parents. Il faut garder toujours présent ce souci d'action sociale et d'entraide. »"
(Sud Ouest, 19 octobre 2009) (2).
NOTES :
(1) Cette mise au point se veut respectueuse des Saint-Suzannais qui ont protégé de la Shoah des juifs autrement promis à l'extermination. Mais contrairement à ce qui a pu être écrit à propos de cette cérémonie du 18 octobre, seules deux localités en Europe occupée ont été reconnues comme Justes parmi les Nations :
- le Chambon-sur-Lignon et
- Nieuwlande en Hollande.
(2) Tous nos remerciements à Natan Holchaker, délégué du Comité Français pour Yad Vashem. Cette page lui doit sa documentation.
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