dimanche 11 octobre 2009

P. 175. "Les origines de la Solution finale"

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La collection "Points - Histoire" propose en volume poche
Christopher R. Browning
Les origines de la Solution finale,
L'évolution de la politique antijuive des nazis,
septembre 1939 - mars 1942,
Ed. du Seuil, 2009, 1020 p.

Ed. Seuil :

- "En 1939, l’Allemagne nazie, qui projette une recomposition démographique de l’Europe centrale et orientale, entreprend d’expulser les populations juives qui y habitent. À l’automne 1941 est décidée la destruction totale des Juifs.
Il s’agit ici de l’étude la plus complète de cette période où la politique raciale nazie a « bifurqué » de la persécution et du « nettoyage ethnique » vers la Solution finale et le génocide juif.
La Pologne a servi de laboratoire à la politique raciale du IIIe Reich et, par la suite, l’offensive contre l’Union soviétique a joué un rôle déterminant dans la radicalisation qui a conduit à la Solution finale. De cette évolution, Adolf Hitler est le chef d’orchestre sinistre.
Au débat entre fonctionnalistes et intentionnalistes, ce livre apporte de nouveaux arguments et met en lumière les liens inextricables noués entre les hommes, leurs idéologies et les circonstances.

Après Des hommes ordinaires. Le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la Solution finale en Pologne et Politique nazie, travailleurs juifs, bourreaux allemands (Les Belles Lettres, 1994 et 2002), Christopher R. Browning, professeur d’histoire à l’University of North Carolina, Chapel Hill, signe un nouvel ouvrage de référence.

Avec des contributions de Jürgen Matthäus, chercheur au U.S. Holocaust Memorial Museum.
Traduit de l’anglais par Jacqueline Carnaud et Bernard Frumer."


Jean-Pierre Allali :

- "Disons-le tout de go, ce livre est un monument. Sa lecture est impérative pour tous ceux que l’histoire de la Shoah intéresse et interpelle. Le talent de chercheur de Christopher R. Browning, qui est de la trempe d’un Raul Hilberg, se conjugue avec une plume alerte et incisive.
L’abondance des notes, en fin de volume, cent pages, témoigne du souci du détail et de la précision des auteurs. L’objectif avoué est de montrer l’irrésistible enchaînement, la spirale infernale qui a conduit, au fil des années, à la catastrophe."
(CRIF).


Juifs de Kielce photographiés par des nazis (DR).

Thomas Wieder :

- "En 1939, l’Allemagne nazie a pour projet de redessiner l’Europe de l’Est en expulsant les populations juives qui l’habitent. À l’automne 1941 est décidée la destruction totale des juifs.

Comment la politique nazie est passée de l’expulsion massive à la destruction massive ?
Quels sont les rouages, humains, circonstanciels ou intellectuels qui ont mené à la prise de décisions ? Quel rôle a eu Hitler ?
Telles sont les questions soulevées dans cette étude magistrale, fruit du travail de Christopher Browning, historien mondialement reconnu. Le livre, salué par la communauté scientifique mais aussi par le grand public, est l’étude la plus détaillée et la plus complète de cette période complexe et décisive où la politique raciale nazie a « bifurqué » de la persécution et du « nettoyage ethnique » vers la Solution finale et l’Holocauste.
Articulant son étude autour de deux dates clefs, la conquête de la Pologne en septembre 1939 et le début des déportations au printemps 1942, Christopher Browning envisage la Pologne comme le laboratoire d’essai de la politique raciale. Il démontre ensuite le rôle essentiel de l’offensive contre l’Union Soviétique dans la radicalisation qui a conduit à la Solution finale. De cette évolution, Adolf Hitler est le chef d’orchestre sinistre : au débat entre fonctionnalistes et intentionnalistes, le livre donne de nouveaux arguments et montre les liens inextricables noués entre les hommes, leurs idéologies et les circonstances."
(Le Monde, 2 novembre 2007).


Début de la construction du ghetto de Varsovie (DR).

André Burguière :

- "Le livre de l'historien américain, qui analyse en détail les décisions qui ont abouti à l'horreur, est un apport capital à l'historiographie de la Shoah.
(…)
Cette chronologie de l’horreur minutieusement reconstituée montre que c’est l’euphorie du succès, et non la peur de l’ennemi, qui a poussé à chaque fois les nazis à franchir une nouvelle étape dans la mise en œuvre de l’Holocauste.
Christopher Browning pulvérise ainsi la thèse d’Ernst Nolte, le pape du révisionnisme allemand, pour qui l’élimination des juifs doit se comprendre comme la réaction de défense d’un régime qui se sent menacé par l’agressivité du bolchevisme, dont les chefs étaient souvent juifs.

Si l’ivresse de la conquête est bien le moteur de l’accélération des mesures meurtrières prises contre les juifs au sommet de l’Etat, cette montée en puissance est accompagnée et même souvent devancée à la base de l’armée par un défoulement criminel manifestement paranoïaque.
«Je réfléchis au fait que, moi aussi, j’ai deux enfants à la maison avec lesquels ces hordes feraient la même chose, si ce n’est dix fois pire», écrit Walter Mattner, un secrétaire de police viennois, qui raconte à sa femme le massacre de juifs de Moguilev auquel il a pris part en octobre 1941. «Les bébés volent en l’air, ajoute-t-il, et nous les abattons en vol avant qu’ils ne tombent dans une fosse.»
(Le Nouvel Observateur, 14 novembre 2007).


Juifs de Russie pris en photo par les services de propagande allemande (BA / DR).

Olivier Wieviorka :

- "Comment la destruction des Juifs d'Europe a-t-elle été possible ?

Cette question, durant les années quatre-vingts, ouvrit un débat qui opposa intentionnalistes (persuadés que le crime avait été prémédité par Hitler) et fonctionnalistes (affirmant que ce meurtre sans précédent résultait des initiatives menées, sur le terrain, par des exécuteurs zélés).
La recherche a depuis progressé et l'ouvrage que Christopher Browning consacre à la genèse de la solution finale permet de mesurer le chemin parcouru...

La solution finale résulte tant d'actions menées sur le terrain que d'impulsions données par des chefs, peu enclins, au demeurant, à dissimuler leurs forfaits. Par ailleurs, c'est bien en octobre 1941, période où la Wehrmacht remporte à l'Est ses plus grands succès, que démarre la tuerie industrielle des Juifs, sans que l'armée, la bureaucratie ou l'opinion publique s'en émeuvent.
Les violences déclenchées dès 1938 avaient conduit à séparer les Juifs d'une population qui, dans une conjoncture de guerre nuisible à l'expression de sentiments discordants, s'accoutuma à juger normale la mort d'êtres humains coupables d'être nés. La démonstration de Christopher Browning est impressionnante."
(Libération, 11 octobre 2007).


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