lundi 26 juillet 2010

P. 259. Jean Joseph Moussaron, Juste parmi les Nations

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Mgr Moussaron (BCFYV/DR).

Cérémonie de reconnaissance
de l'Archevêque d’Albi, Castres et Lavaur
sous l'occupation

Compte-rendu d'Albert Seifer, Délégué du Comité Français pour Yad Vashem :

- "Dimanche 4 Juillet 2010 à 11h , dans la salle des Etats Albigeois de l’Hôtel de Ville eut lieu la cérémonie de remise de la médaille des Justes, à titre posthume, en présence de Philippe Bonnecarrère, maire d’Albi, de Shmuel Sivan Consul d’Israël à Marseille et du Dr Albert Seifer, délégué régional du Comité français pour Yad Vashem. En l’absence de membre de la famille de Mgr Moussaron, l’honneur échut à Mgr Carré, archevêque d’Albi, de recevoir la médaille des Justes et le diplôme d’honneur décernés à son courageux prédécesseur.

Comme à son habitude, Mr Bonnecarrère fit un très beau discours, sans aucune note, rappelant le contexte dangereux de cette époque sombre de notre histoire.

Puis le Dr Albert Seifer exposa à l’assistance ce qu’est Yad Vashem, rappela les rafles du Vél d’Hiv des 16 et 17 juillet 1942, celles « de la zone libre » du 26 Août 1942 et raconta comment il fut caché et sauvé ainsi que 82 enfants juifs dans le couvent de N.D de Massip à Capdenac grâce à Mgr Jules-Géraud Saliège, archevêque de Toulouse, Compagnon de la Libération et futur cardinal, et à son réseau.

Shmuel Sivan, consul d’Israël à Marseille exposa le rôle salvateur des Justes en France qui contribua à épargner la vie des ¾ des juifs de France. Le Dr Albert Seifer rappela de quelle façon grâce à l’intervention de sœur Marie Suzanne (Simone Bondurand, Juste parmi les nations) Mgr Moussaron plaça chaque membre de la famille Zenatti dans quatre couvents différents (trois dans le Tarn et le quatrième à Perpignan).

Puis ce fut la remise de la médaille des Justes et le diplôme d’honneur de Mgr Moussaron, à titre posthume, mais dont le portrait était bien présent sur l’estrade et reflétait la bonté, à son successeur actuel Mgr Carré dont le prochain ministère se situera à Montpellier.

Mme Dreyfus née Haas (une famille très honorable d’Albi) témoigna avec émotion et raconta comment elle fut reçue régulièrement à la table de Mgr Moussaron le dimanche, alors qu’elle était interne au collège de Réalmont."

Père Mathieu :

- "Trois raisons ont été majeures pour l’obtention de cette médaille : en 1er, à la suite du Cardinal Saliège et de Mgr Théas, la protestation face à l’arrestation et à la déportation des Juifs qui étaient faites au mépris de tout respect de l’humain, souvent en séparant les familles. En second, son action pour que les écoles qui avaient un internat, les collèges et les lycées catholiques, les couvents et les monastères accueillent les juifs (16 lieux). Troisièmement, son arrestation par la Gestapo en 1944 et son internement à la Prison Saint-Michel de Toulouse."
(Eglise catholique dans le Tarn).

Instantané de la Cérémonie.
De g. à dr. : P. Mathieu; Shmuel Sivan Consul d’Israël à Marseille; Mgr Carré, archevêque d’Albi; Albert Seifer, Délégué du Comité Français pour Yad Vashem (Ph. C. Gordon/BCFYV/DR).

Charles Le Bourgeois :

- "C'est une justice à lui rendre que de lui remettre cette médaille, même si les récompenses sur terre ne sont pas équivalentes à celles du ciel », commente Claude Zenatti, un ancien réfugié qui explique « avoir été protégé » pendant la guerre par Mgr Moussaron. Lequel était considéré comme partisan du maréchal Pétain, du fait du respect qu’il avait du pouvoir en place. Mais sans jamais collaborer."
(La Croix, 1 juillet 2010).

Lettre de Jean Joseph, Archevêque d’Albi, Castres et Lavaur :

- "Des circonstances indépendantes de notre volonté ne nous ont pas permis de vous dire plus tôt la peine que nous ont causées les mesures de déportation prises récemment contre les Israélites réfugiés en France.
Si dans notre département elles ont été appliquées avec autant de correction et délicatesse qu’il est possible d’en mettre en pareil cas, sur bien des points du territoire on a vu se dérouler des scènes très douloureuses. Des femmes ont été séparées de leurs maris, des enfants de leurs parents. La religion et l’humanité ne peuvent que protester contre cette violation des droits sacrés de la personne humaine et de la famille et cette méconnaissance de la loi divine de la charité.
Et que personne ne voit dans notre parole une atteinte portée au loyalisme que nous devons au Gouvernement et que nous n’avons cessé de recommander. Le Gouvernement n‘est pas en cause. Loin d’avoir pris l’initiative de ces mesures aussi contraires à la tradition française qu’à l’esprit chrétien, il les a subies comme une conséquence de la défaite. Au surplus, c’est servir son œuvre de redressement que d’affirmer, à l’heure où des catholiques même risqueraient de les oublier, les principes qui sont inscrits dans l’Évangile, que l’Église a toujours défendus et sans lesquels il n‘est pas de vraie civilisation. Prions Dieu, nos très chers frères, d’accorder bientôt à la France et au monde des jours meilleurs où les hommes, quels que soient leur race et leur pays, sauront se reconnaître et se traiter comme des frères.
(20 septembre 1942).

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