(Dossier de Presse).
Exposition :
"Désobéir pour sauver"
54 policiers et
gendarmes français
Justes parmi les Nations
Au premier septembre de cette année, 54 Justes parmi les Nations ont été reconnus parmi les policiers et les gendarmes français pour avoir, dans l'exercice de leur fonction, arraché à la Shoah des juifs persécutés. Ce chiffre de 54 n'arrête pas le nombre exact ni définitif des membres des forces de l'ordre ayant tout risqué pour ne pas se plier aux ordres de Vichy ni à ceux de l'occupant. En effet d'aucuns ont agi dans l'anonymat. Pour d'autres, la disparition des témoins et l'absence de documents empêchent toute décision par l'Institut Yad Vashem. Enfin, nombre de dossiers sont encore en cours...
Dans les murs prestigieux de l'Hôtel national des Invalides, une exposition consacrée à ceux qui ont osé "désobéir pour sauver", attend votre visite.
Présentation :
- "Dans la France occupée par l'Allemagne nazie ces hommes ont renoncé à l'obéissance que leur imposait leur fonction. Malgré les risques auxquels ils s'exposaient, mus par la seule voix de leur conscience et de leur humanité, ils ont refusé de "livrer" des Juifs à la Déportation, contrant les ordres donnés par les responsables du régime de Vichy.
Cette exposition, au sujet inédit, souhaite rendre hommage à ces 54 policiers et gendarmes "Justes" et à leurs nombreux collègues restés à ce jour anonymes, en mettant en lumière les valeurs humaines et citoyennes qui les ont animés. Elle présente l'histoire d'hommes et de femmes dont les chemins, à tout jamais liés, se sont croisés aux heures les plus sombres de notre Histoire.
La responsabilité de l'Etat français et le rôle des forces de l'ordre dans la répression antisémite puis la Déportation des Juifs de France y sont bien entendu rappelés. Toutefois cette évocation ne prétend, en aucun cas, dresser un panorama exhaustif de la France occupée, de la seconde guerre mondiale ni de la Shoah."
Théophile Larue, Juste parmi les Nations. Lire P. 42 de ce blog (Ph. Arch. fam.).
Cette exposition est répartie sur 19 panneaux dont voici les thèmes :
1. Editorial de Mme Simone Veil, marraine de l'exposition.
2. Avant-propos et présentation des partenaires dont le Comité Français pour Yad Vashem.
3. La reconnaissance des Justes (Yad Vashem et le Titre de Juste parmi les Nations).
4. Policiers, gendarmes et Juifs aux heures sombres de Vichy : 1940-1941.
5. Idem : 1942-1944.
6. Le choix de la désobéissance des Justes policiers et gendarmes à l'application des lois de Vichy.
7. Falsifier (identités, documents...).
8. Prévenir (rafles...).
9. Accueillir les persécutés.
10. Sauver des camps.
11. Franchir la ligne.
12. Le prix de la désobéissance.
13. Les amitiés entre sauvés et Justes.
14. Justes pour l'éternité.
15 - 16 - 17 et 18. Biographies des 54 poilciers et gendarmes Justes parmi les Nations.
19. Témoignage de Boris Cyrulnik et appel à témoignage pour compléter la liste des Justes.
Réalisée par le Département de la mémoire combattante de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG), cette exposition a bénéficié d'un partenariat avec la Gendarmerie nationale, avec la Direcion de la mémoire, du patrimoine et des archives du ministère de la défense, avec la Police nationale, avec la Préfecture de police, avec l'Institut Yad Vashem de Jérusalem, avec le Comité Français pour Yad Vashem et avec l'Association des anciens combattants de la police nationale.
Simone Veil :
- "En France, 76.000 Juifs dont 11.400 enfants ont été ainsi déportés du seul fait d'être nés juifs (...). J'ai fait partie, avec ma famille, de ce terrible cortège. Pas un jour ne passe sans que je ne pense à ce qui s'est passé là-bas. Dans des conditions atroces, on nous enleva tout espoir et toute dignité. Nous avions la mort pour seul horizon (...).
La majorité des Français ne pouvaient s'imaginer le terrible sort qui nous était réservé, la plupart des policiers et des gendarmes non plus. Ils savaient cependant à travers les ordres qui leur étaient donnés que rien de bon ne nous attendait. En effet, policiers et gendarmes étaient chargés de faire respecter les lois racistes (...). Comme ailleurs, il se trouva parmi les agents de la force publique, comme parmi les employés des administrations, des personnes exécutant avec zèle les directives infâmes. Mais il y eut aussi des gens de bien qui souvent fermaient les yeux devant une évasion ou aidaient activement les Juifs malgré les risques encourus.
Au moment où la barbarie la plus absolue régnait dans les camps, ces Justes ont non seulement sauvé des vies humaines, mais ils ont aussi incarné l'honneur de l'humanité qui, grâce à eux, n'a pas totalement sombré à Auschwitz. En ayant eu le courage de suivre leur conscience plutôt que les ordres de leur hiérarchie, ils nous rappellent que l'Histoire est consituée d'une longue chaîne de responsabilités, individuelles et collectives, et que chacun de nous en est un maillon précieux qui fait que l'Histoire chavire ou au contraire avance.
Les Justes policiers et gendarmes l'ont fait avancer, ils ont été en cela des lumières dans la nuit de la Shoah."
Boris Cyrulnik :
- "A l'âge de six ans et demi, j'ai été arrêté à Bordeaux, la nuit, chez la famille Farges qui me cachait. J'ai le souvenir de quatre ou cinq policiers, autour de mon lit, lunettes noires (la nuit), arme au poing et torche électrique. Dans le couloir des soldats allemands, fusil à l'épaule regardaient le plafond. Mon souvenir est ainsi.
Madame Farges a dit : "On ne lui dira pas qu'il est juif". Un policier a répondu : "Il faut l"arrêter parce que plus tard, il commettra des crimes et deviendra un ennemi d'Hitler".
C'est ainsi qu'à l'âge de six ans j'ai appris que j'étais condamné à mort pour un crime que j'allais commettre.
Après mon évasion, au moment du transfert vers les trains qui emportaient les adultes et d'autres enfants à Drancy, relais vers Auschwitz, toute une chaîne de solidarité m'a protégé jusqu'à la Libération.
Récemment, j'ai découvert qu'une des premières personnes à participer à cette chaîne était un gardien de la paix (...). Il a gardé chez lui, un enfant qu'il ne connaissait pas et dont la simple présence compromettait sa carrière et peut-être même sa vie (...). D'autres policiers ont sauté sur leur vélo ou couru pour prévenir de l'heure de la rafle. Puis ils rentraient mettre leur uniforme et obéir : "Ca alors, l'appartement était vide !"
Parfois, c'est l'humanité d'un gardien qui s'exprimait plus fort que sa contrainte à obéir (...).
Par bonheur, il y aura toujours des Justes pour prouver la banalité du Bien."
2 commentaires:
Bonjour,
Vous pouvez écrire 55 policiers car lucien Picot ne figure pas dans votre liste. Voir le site :
http://www.lucien-picot.infos.st
cordialement
@ Picot
Pardon, mais il ne s'agit pas de "notre" liste. D'ailleurs aucune liste ne figure dans ce billet. Mais de la présentation d'une exposition réalisée par le Département de la mémoire combattante de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG). Cette exposition retient 54 Justes.
Nous avons ajouté aussitôt que ce chiffre ne peut être strictement exact ni définitif.
Cependant votre commentaire, outre qu'il a sa place ici, devrait être remis aux organisateurs. Mr L. Picot a en effet été reconnu comme Juste parmi les Nations. Peut-être les organisateurs ont-ils donné la priorité aux qualités d'artiste de ce Juste ? Poser la question n'est évidemment pas y répondre.
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