.
Sans commentaire (DR).
A propos de l'attitude de l'Eglise catholique
et de Pie XII en particulier
face au judéocide,
Yad Vashem interroge :
quand les historiens pourront-ils
étudier les archives du Vatican ?
Commentaire officiel de Yad Vashem :
- "Yad Vashem comment on the Vatican's decision regarding Pius XII :
While the Church's beatification process is an internal Church matter, our understanding was that in this case, the Church was going to wait to take further steps until the relevant Vatican Archives are opened, allowing scholars to clarify this controversial period in Church history and Pius' position during the Holocaust. It is regrettable that the Vatican has chosen to act before all the relevant documents areavailable to researchers."
(Jerusalem, December 20, 2009, cliquer : ICI).
- "Commentaire de Yad Vashem sur la décision du Vatican concernant Pie XII :
Alors que le processus de béatification de l’Eglise est une affaire interne, il nous avait semblé comprendre que dans ce cas, l’Eglise attendrait avant d’aller de l’avant que les archives appropriées du Vatican soient ouvertes, ce qui permettrait aux universitaires de clarifier cette période
controversée de l’histoire de l’Eglise et de la position de Pie XII pendant l’Holocauste. Il est regrettable que le Vatican ait choisi d’agir avant que les documents appropriés ne soient disponibles pour les chercheurs."
(Trad. Jean-Pierre Gauzi).
Président du Comité Français pour Yad Vashem, Paul Schaffer, ajoute qu'il s'interroge sur ce que le Pape actuel, Benoît XVI, a gardé de son éducation au sein de la Hitlerjungend ?
Les hasards et les nécessités de l'histoire rapprochent en première page Pétain devenant ambassadeur de France à Burgos et Eugenio Pacelli, le nouveau Pape en mars 1939 (DR).
Pour information, voici une compilation d'autres réactions :
Gilles Bernheim, grand rabbin de France :
- "Compte tenu du silence de Pie XII pendant et après la Shoah, je ne veux pas croire que les Catholiques voient en Pie XII un exemple de moralité pour l'humanité. J'espère que l'Eglise renoncera à ce projet de béatification et qu'elle fera ainsi honneur à son message et à ses valeurs."
CRIF :
- "Le CRIF a appris avec stupéfaction la nouvelle étape dans le processus de béatification du Pape Pie XII. Il ne comprend pas qu’elle survienne avant l’ouverture des archives de son pontificat, comme cela avait été envisagé.
De ce que l’on sait, la frilosité de Pie XII pendant que le peuple juif était exterminé, son silence après les événements, sont en dramatique contraste avec le terme de « vertus héroïques » qui lui est attribué et par lequel son comportement est donné en exemple aux fidèles.
Le CRIF, qui s’incline devant les nombreux chrétiens qui se sont dressés avec courage contre la barbarie nazie, continuera son implication déterminée dans le dialogue fraternel qui se poursuivra entre juifs et catholiques."
(21 décembre).
Alain Duhamel :
- "Si Benoît XVI va jusqu’au bout de sa démarche, c’est à dire commencer à béatifier Pie XII, je lui suggère de ne pas oublier Papon, parce que c’est la même logique."
(France 2, 13h30 le dimanche).
Jacques Duquesne :
- "Informé de la Shoah, c'est en toute conscience qu'il {Pie XII} décida «de ne rien faire ni dire qui puisse mettre en péril la vie de millions de catholiques, en particulier allemands». Bref, ce pasteur songea d'abord à son troupeau.
«Qui veut sauver sa vie la perdra», lit-on dans l'Evangile. Oui, mais celle des autres? «Le martyre ne se décrète pas de Rome», confia alors Pie XII. Le Vatican intervint donc ici ou là, aida ici ou là, mais ne cria pas. Et ce silence fera longtemps, tragiquement, écho."
(L’Express, 23 octobre 2003).
Jacques Guyon :
- "N'est-il pas troublant qu'à Auschwitz Benoît XVI ait réduit les nazis à "un groupe de criminels" ou encore qu'il ait fallu une campagne de presse virulente pour qu'il finisse par entendre que l'évêque sécessionniste Richard Williamson qu'il souhaitait réintégrer au sein de l'Eglise tenait pourtant régulièrement et publiquement des propos négationnistes? Comment Benoît XVI a-t-il pu croire qu'en faisant un lot de futurs béatifiés encadrant le très contesté Pie XII par le très populaire Jean Paul II ou le très courageux père polonais Popieluszko assassiné par le pouvoir communiste, il allait en quelque sorte faire avaler la pilule? On nous redit aujourd'hui -ce qui aurait d'ailleurs justifié que le tribunal de la Congrégation de 2007 reconnaisse ses "vertus héroïques"- que loin de l'image du pape indifférent au chaos de la guerre et au sort des juifs, Pie XII aurait permis de sauver de très nombreux d'entre eux. Si tel est le cas, pourquoi donc le Vatican continue-t-il obstinément à refuser d'ouvrir ses archives comme le demande notamment Israël ?"
(La Charente Libre, 22 décembre).
Le Monde :
- "Benoît XVI prend donc le risque de rouvrir la polémique sur l'attitude du Vatican face au nazisme et à la Shoah. En effet, Eugenio Pacelli, le futur Pie XII, avait été nonce durant douze ans en Allemagne et nommé secrétaire d'Etat en 1933 au moment même de l'accession de Hitler au pouvoir. Mais l'essentiel est évidemment le silence constant de Pie XII sur la politique d'extermination du peuple juif par Hitler.
Si on excepte son message de Noël 1942, où il évoqua "ces centaines de milliers de personnes qui, sans aucune faute de leur part, parfois seulement en raison de leur nationalité ou de leur race, sont vouées à la mort ou à l'extinction progressive", Pie XII s'est tu tout au long de la guerre. Pour ses défenseurs, qui rappellent que le Vatican a hébergé 477 juifs italiens, Pie XII voulait éviter par ses propos de multiplier le nombre de victimes de la folie nazie.
Mais il y a des silences qui sont aussi lourds que des actes. Dès son élection, en 1939, Pie XII a abandonné le projet d'encyclique de Pie XI contre le racisme et l'antisémitisme. S'il a critiqué "l'idéologie de la race", le diplomate a pris le pas sur le prélat et a ménagé l'Etat nazi. Pis encore, son silence sur la Shoah, dont il avait été informé dès 1942, s'est prolongé après la guerre. Il n'a jamais eu un mot de condamnation sur l'extermination du peuple juif, présenté alors - et ce jusqu'à ce que Jean XXIII puis le concile Vatican II, en 1962, suppriment cette infamie - comme le "peuple déicide", responsable de la crucifixion du Christ."
(Editorial, 23 décembre).
Marvin Hier, directeur du Centre Wiesenthal :
- "Pie XII s'est réfugié dans le silence alors que des crimes étaient commis contre les juifs. En 1941 quand les massacres ont commencé, on aurait pu s'attendre à ce qu'il intervienne dans un grand nombre de dossiers, mais ce n'est pas le cas.
C'était des temps difficiles. Il y avait ceux qui se dressaient contre les tyrans (...) et Pie (XII) ne l'a pas fait."
Serge Klarsfeld :
- "On lui reproche de ne pas avoir fait un éclat. […] Il n'est pas le pape des juifs, qu'il soit considéré par l'Eglise comme un saint… Saint-Louis tuait des juifs à tour de bras, ça ne l'a pas empêché d'être un saint."
(France Info)
Gérard Noël :
- "Nombreux sont ceux qui, depuis la Libération, jugent que l'effacement du pape Pacelli est une faute gravissime, un manquement à ses devoirs les plus élémentaires. D'autres tentent de l'exonérer au prétexte qu'il aurait oeuvré dans l'ombre pour protéger des réfugiés juifs, ce qui reste à prouver. Tout ceci ne serait qu'un point controversé de l'Histoire mondiale si Benoît XVI ne venait de réveiller la polémique en relançant le processus de la béatification de Pie XII de manière pour le moins inopportune."
(Vosges Matin, 21 décembre).
Yigal Palmor, porte-parole des Affaire étrangères (Israël) :
- "Le processus de béatification ne nous regarde pas, c'est une question qui ne concerne que l'Eglise catholique. Quant au rôle de Pie XII, c'est aux historiens de l'évaluer et c'est pourquoi nous demandons l'ouverture des archives du Vatican durant la guerre mondiale."
Richard Prasquier :
- "J’avais cru comprendre l’an dernier, au moment où Benoît XVI s’était abstenu de signer le décret, qu’il reportait implicitement cette signature à l’ouverture des archives.
Avec d’autres représentants des institutions juives internationales, nous avions alors tous réclamé la même chose, à savoir l’ouverture des archives pour la période du pontificat de Pie XII. Nous avions cru être compris. Il faut que des historiens puissent intervenir et analyser ces archives. Tant que cela ne sera pas fait, toute décision sera prématurée.
Si je devais qualifier d’un mot l’attitude de Pie XII pendant la Seconde Guerre mondiale, ce n’est certainement pas le mot « héroïque » qui me viendrait à l’esprit. Pie XII n’a pas été ce qu’il aurait dû être, c’est-à-dire une grande voix, un prophète."
(La Croix, 19 décembre 2009).
Inutile d'insister sur les caractéristiques des silhouettes fuyant ces écrasants garçons des jeunesses hitlériennes... (DR).
Jean Steinauer :
- "Germanophile, Pie XII l’était pour des raisons multiples. Les plus souvent relevées tiennent à son parcours de diplomate pontifical, chargé de missions dans l’empire autrichien avant 1918, nonce à Munich puis à Berlin sous la République de Weimar, et signataire comme cardinal secrétaire d’Etat d’un concordat avec le Reich de Hitler en 1933. Eugenio Pacelli se sentait chez lui dans le bain culturel germanique. Entre 1919 et son couronnement en 1939, il choisit pour lieu de vacances privilégié une maison religieuse de Rohrschach (SG). Chenaux signale en outre quelques profondes affinités de son caractère avec celui qu’on prête aux Allemands: goût de l’ordre, sens de la discipline, esprit positif tourné vers l’efficacité.Résultant de tous ces facteurs et les renforçant encore, un entourage allemand sert au pape de garde rapprochée. On y trouve Sœur Pascalina Lehnert, sa gouvernante, et le jésuite Robert Leiber, son secrétaire particulier, mais aussi des religieux comme Ludwig Kaas, ancien maître à penser du parti catholique en Allemagne (le Zentrum) ou le futur cardinal Augustin Bea, et plusieurs théologiens enseignant à l’université grégorienne. Cependant, l’affection pour l’Allemagne et ses nationaux ne signifie pas la complaisance à l’égard du nazisme, chez Pie XII pas plus que chez quiconque.Quant aux autres griefs soulevés… Un antijudaïsme d’époque a marqué la formation du jeune clerc Pacelli, et il affleurera chez le cardinal puis le pape, c’est indéniable."
(Magazine, 8 novembre 2003).
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