Cartea Neagra,
le Livre noir de la destruction des Juifs de Roumanie (1940-1944)
Denoël, 2009, 720 p.
Présentation par l’Editeur :
- "J'ai écrit ce livre de sang et de larmes avec mon sang et mes larmes", explique l'auteur de cette extraordinaire chronique clandestine de la tragédie des Juifs de Roumanie, une œuvre unique, élaborée au cœur même de la tourmente.
En cela, ce monument littéraire, pour la première fois traduit en français, occupe une place de premier plan dans ce qu'on a appelé "la bibliothèque de la Catastrophe". Soixante ans après sa parution à Bucarest, entre 1946 et 1948, Cartea Neagra demeure de fait la principale source d'information sur l'extermination sauvage, par l'armée et la gendarmerie roumaines, de plus de 350.000 Juifs roumains et ukrainiens.
Mis à l'index par le régime communiste, il tombera ensuite dans l'oubli. D'un intérêt historique comparable au Livre noir sur l'extermination des Juifs en URSS et en Pologne (1941-1945) de Vassili Grossman et Ilya Ehrenbourg, celui de Matatias Carp se distingue par les conditions extrêmement périlleuses dans lesquelles il a été écrit. Ce jeune avocat juif de Bucarest doublé d'un pianiste de grand talent prend en effet la mesure, dès 1940, de la menace qui pèse sur le judaïsme européen. Il se lance alors, au péril de sa vie et avec sa femme pour seule collaboratrice, dans une folle entreprise : enquêter et collecter en temps réel une sorte d'archive première du Génocide.
Au fil du récit, le lecteur découvrira un véritable enfer, marqué par la diversité insoupçonnée des méthodes de tuerie : pogroms sanglants, fusillades massives en bordure des villages, Juifs brûlés vifs dans d'immenses porcheries, enfants jetés vivants dans des puits, marches de la mort dantesques, abattage et vente des déportés aux paysans les plus offrants.
Ce morceau bouleversant d'histoire immédiate lève le voile sur un chapitre encore mal connu de la Shoah à l'est de l'Europe."
L’auteur :
- "Matatias Carp (1904-1953). Né à Bucarest dans une famille de la bourgeoisie juive assimilée, il était avocat et pianiste.
Cet homme hors du commun se fit, entre 1940 et 1944, l'historien, le chroniqueur et l'archiviste des persécutions subies par les Juifs de Roumanie, lesquels formaient, avant-guerre, la troisième communauté juive d'Europe.
Il était le fils d'Horia Carp, l'une des grandes figures de la vie intellectuelle roumaine de l'entre-deux-guerres.
Philosophe et historienne, Alexandra Laignel-Lavastine est spécialiste de l'histoire contemporaine de l'Europe de l'Est.
Elle est notamment l'auteur de Cioran, Eliade, Ionesco: L'Oubli du fascisme (PUF, 2002). Elle est chercheur associé à l'Institut des sciences sociales du politique (ISP-CNRS) et au Centre d'histoire de l'Europe centrale (Paris IV-Sorbonne)."
Roumanie, arrestation de familles juives (Bundesarchiv / DR).
Marc Semo :
- "C’est un texte doublement miraculé que cette enquête sur l’extermination de plus de 350 000 Juifs roumains et ukrainiens par le régime du dictateur Ion Antonescu pendant la Seconde Guerre mondiale. Les éléments qui nourrissent ce «livre de sang et de larmes écrit avec du sang et des larmes», selon son auteur, Matatias Carp, ont été recueillis au jour le jour pendant la catastrophe elle-même, au risque de sa vie, par cet avocat juif et brillant pianiste à ses heures, fils d’une famille intellectuelle juive assimilée. Tout à la fois chroniqueur, mémorialiste et archiviste, il voulait montrer au quotidien la destruction de ce qui était numériquement la troisième communauté juive d’Europe.
Publié juste après la guerre à Bucarest, ce document de plus de mille pages, qui tient une place de choix dans «la bibliothèque de la catastrophe» - récits et témoignages écrits à chaud pendant la Shoah - avait été depuis oublié, enterré par le régime stalinien.
Marc Semo :
- "C’est un texte doublement miraculé que cette enquête sur l’extermination de plus de 350 000 Juifs roumains et ukrainiens par le régime du dictateur Ion Antonescu pendant la Seconde Guerre mondiale. Les éléments qui nourrissent ce «livre de sang et de larmes écrit avec du sang et des larmes», selon son auteur, Matatias Carp, ont été recueillis au jour le jour pendant la catastrophe elle-même, au risque de sa vie, par cet avocat juif et brillant pianiste à ses heures, fils d’une famille intellectuelle juive assimilée. Tout à la fois chroniqueur, mémorialiste et archiviste, il voulait montrer au quotidien la destruction de ce qui était numériquement la troisième communauté juive d’Europe.
Publié juste après la guerre à Bucarest, ce document de plus de mille pages, qui tient une place de choix dans «la bibliothèque de la catastrophe» - récits et témoignages écrits à chaud pendant la Shoah - avait été depuis oublié, enterré par le régime stalinien.
Il le serait resté sans la constance du professeur de médecine Gérard Saimot, neveu de l’auteur, et de l’historienne Alexandra Laignel-Lavastine, fascinée par «cette incroyable entreprise qui a consisté quatre années durant à collecter matériaux, photographies et témoignages dans des conditions extrêmement périlleuses surtout pour un Juif». Son très impressionnant travail de notes et présentation se réfère à de nombreux textes littéraires et documents sortis depuis.
(Libération, 26 février 2009).
(Libération, 26 février 2009).
Victimes de pogrom à Iasi-Roumanie (Stadt Köln / DR).
Mathieu Boisdron :
- "Voilà enfin la traduction bienvenue d’un ouvrage qui faisait cruellement défaut à l’historiographie francophone de la seconde guerre mondiale et de la Shoah. Le livre de Matatias Carp, publié pour la première fois en Roumanie à la fin des années quarante (entre 1946 et 1948), n’était effectivement connu jusqu’ici que des spécialistes de l’histoire de l’Europe médiane en général et de la Roumanie en particulier. Mis à l’index par le régime communiste, il a progressivement été oublié avant d’être redécouvert après l’effondrement du bloc soviétique.
La publication en 2002 de La Roumanie et la Shoah par les éditions de la Maison des Sciences de l’Homme de Paris, avait certes déjà permis au plus grand nombre de se familiariser avec Cartea Neagră auquel doit effectivement beaucoup le livre de Radu Ioanid. Toutefois, si l’édition de l’intégralité de ce monumental ouvrage ouvre aujourd’hui de nouvelles perspectives de recherches, elle donne surtout à lire un document de première importance pour la compréhension de la genèse du massacre des Juifs d’Europe.
(Histoforum).
Janvier 1941, synagogue de Bucarest (YIVO / DR).
Alapage :
- "Cet homme d'une rare lucidité se lance alors, au péril de sa vie et avec sa femme pour unique collaboratrice, dans une folle entreprise : enquêter et collecter en temps réel et dans le plus strict secret, témoignages, ordonnances, rapports officiels, lettres, photographies. Un vaste ensemble documentaire qu'il destine explicitement, dès 1946, « à ceux qui oublient trop vite, à ceux qui ne savent pas ou qui ne veulent pas savoir ce qui s'est passé ».
Alapage :
- "Cet homme d'une rare lucidité se lance alors, au péril de sa vie et avec sa femme pour unique collaboratrice, dans une folle entreprise : enquêter et collecter en temps réel et dans le plus strict secret, témoignages, ordonnances, rapports officiels, lettres, photographies. Un vaste ensemble documentaire qu'il destine explicitement, dès 1946, « à ceux qui oublient trop vite, à ceux qui ne savent pas ou qui ne veulent pas savoir ce qui s'est passé ».
Après Les Bienveillantes de Jonathan Littell et Les Disparus de Daniel Mendelsohn, en passant par les recherches du père Patrick Desbois sur « la Shoah par balles » en Ukraine, ce Livre noir devrait à son tour attirer l'attention du grand public sur une page longtemps occultée de la destruction des Juifs d'Europe."
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