lundi 17 août 2009

P. 163. "Paris dans la collaboration"

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Cécile Desprairies,
Paris dans la Collaboration,
Préface de Serge Klarsfeld,
La Martinière - Seuil, 2009, 648 p.

Présentation par l'Editeur :

- "Entre 1940 et 1944, Paris vit au rythme de l'occupant : les réquisitions de biens publics et privés se multiplient, de grands hôtels deviennent des places stratégiques, les lieux de pouvoir se déplacent.Les restaurants, les garages, les bordels, les musées... : c'est toute la vie économique, sociale et culturelle de la capitale qui se trouve affectée. Certains Parisiens résistent, d'autres subissent, s'accommodent, voire collaborent. Fondé en grande partie sur des archives et des documents inédits, ce dictionnaire historique explore le Paris de l'Occupation, arrondissement par arrondissement, rue après rue, parfois numéro par numéro, et fait naître sous nos yeux une géographie dont la capitale garde encore trace aujourd'hui.Nourri de nombreuses citations extraites de témoignages de l'époque, l'ouvrage restitue l'ambiance d'une période qui continue de hanter notre mémoire."


L'auteur :

- "Cécile Desprairies est née et vit à Paris.Elle est philosophe et germaniste de formation. Pour cet ouvrage, elle a mené de longues recherches en France et en Allemagne. Elle est l'auteur de Ville lumière, années noires ( Denoël, 2008 )".

1940 : Ils triomphent devant l'Arc (DR).

David Nahmias :

- "Dans nos promenades parisiennes, nous sommes toujours sensibles à la lecture des plaques que nous rencontrons sur les murs des immeubles de Paris, ces plaques qui nous rappellent que tel ou tel écrivain, plasticien, musicien, homme politique a vécu, travaillé ou bien est mort dans cet immeuble de la rue Mazarine par exemple, ou bien dans cet hôtel particulier de l’avenue Malesherbes.

Mais il est rare de retrouver, sur ces plaques, les traces de l’occupant allemand pendant la dernière guerre.
Le livre de Cécile Desprairies comble cette lacune, ou plutôt va jusqu’au bout de l’information qui nous manquait ; chaque rue, avenue, boulevard parisien est répertorié scrupuleusement pour nous indiquer qu’à tel adresse l’immeuble avait été réquisitionné pour l’hébergement des pilotes de la Luftwaffe ou celui-ci pour le domicile du lieutenant Weber responsable de la presse française."
(Encres vagabondes, 25 mai 2009).


Jean-Pierre Amette :

- "Paris gigantesque caserne, mais aussi frénétique lieu de plaisirs. Dancings, cinémas, cabarets et bordels voisinent avec les centres d'interrogatoire ou les lieux de regroupement pour les juifs pourchassés. On y découvre une sinistre Association française des propriétaires de biens aryanisés et, plus loin, l'hôtel particulier de la princesse de Faucigny-Lucinge, devenu la résidence de Himmler. C'est une ville de villégiature et un lieu de repos pour les soldats venus du front de l'Est, mais aussi un centre de police terriblement efficace. On y tourne des films, on y boit du champagne et on y sert du caviar. On y achète et vend, à Drouot, des oeuvres d'art. Tandis que d'autres grelottent sur le trottoir avec leurs tickets de rationnement.
Ce guide surprend par l'étendue de ce qui est recensé.

Notre Paris de 2009 se révèle posséder un double maléfique, mal connu et mal enterré. C'est inquiétant, perturbant, troublant. Nous feuilletons un sinistre annuaire mondain dans une capitale qui a froid et faim. C'est d'autant plus perturbant, cette ronde de nuit et cette errance, que nous reconnaissons nos carrefours, nos magasins, nos restaurants et que de multiples fantômes viennent à notre rencontre."
(lepoint.fr, 5 mars).


La collaboration antisémite dans toute son infâmie : exposition "Le Juif et la France", septembre 1941 au Palais Berlitz (DR).

Jérôme Dupuis :

- "Le résultat forme un étonnant annuaire commenté, où l'on apprend que l'Automobile Club de la place de la Concorde était occupé par le trésorier-payeur allemand, que la brasserie Viel, place de la Madeleine, est devenue la Gast-stätte Victoria ou que la Coupole servait de dancing aux officiers du Reich. Par son effet d'accumulation, ce sinistre Monopoly en dit très long sur Paris à l'heure allemande."
(L’Express Livres, 2 juillet).


Pierre Assouline :

- "Le Paris de Cécile Desprairies est le négatif du Paris d’André Zucca. Des façades qui annoncent l’envers du décor. La mémoire des pierres est âpre. Ici pas de soleil. Plutôt la face cachée de la lune. Les images inconnues qu’elle a exhumées des archives fédérales à Coblence sont le plus souvent fortes, dures, sévères. L’auteur est notre guide dans le maquis des acronymes. Sans elle comment imaginerait-on que l’APA, qui avait pignon sur boulevard, regroupait l’Association des Propriétaires Aryens ? Comme quoi même les administrateurs provisoires de biens aryanisés devaient se rassembler afin de protéger leurs intérêts. Son récit, car ça en est un, est d’une grande sécheresse. On ne saurait l’être davantage. Des noms, des lieux, des faits, des dates. Gestapo française, immeuble du 180 rue de la Pompe, tortures et meurtres, toute la bande se retrouve libre en 1952 par la vertu de l’amnistie présidentielle. Sans commentaire parce qu’il n’y a même pas à commenter. Ce n’est pas l’objet de sa recherche. D’autres, certainement, s’y mettront un jour. Ce que cette germaniste a fait, elle l’a fait convaincue que si l’Allemagne avait réussi un remarquable travail sur elle-même, la France s’était contentée de non-dits alors qu’on respire tellement mieux lorsqu’on sort vraiment les cadavres du placard."
(La république des livres, 5 août).


Sur la façade du 91, rue Lauriston (DR).



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