dimanche 20 janvier 2008

P. 5. Melina et René Bouland, Justes parmi les Nations

Cérémonie du 20 janvier à Courlon-sur-Yonne.

Les Diplômes et Médailles de Justes parmi les Nations aux noms de Melina et de René BOULAND ont été remis - à titre posthume - à leurs ayant-droits le dimanche 20 janvier en la Mairie de Courlon-sur-Yonne.

Le Comité Français pour Yad Vashem était représenté par son délégué, Didier Cerf.

Les deux Justes (Photo : Yonne Républicaine).

Synthèse du dossier Yad Vashem :

- "Les parents d’Henri Golub étaient des Juifs polonais immigrés séparément en France au début des années 30. Ils se rencontrent à Paris et se marient en 1936.
Malka née Olczak et Judka Golub sont tailleurs et travaillent au magasin du Louvre. Ils se lient d'amitié avec Charles Vicens.
Henri naît au printemps 1940.

Le 14 mai 1941, Judka, est convoqué au commissariat dont il ne reviendra pas car déporté par le convoi nu° 4 du 25 juin 1941 vers Auschwitz. Il y meurt d'épuisement le 2 septembre 1942.
Quelques jours après la rafle du Vél’ d’Hiv, le 21 juillet 1942, une nouvelle vague d'arrestations est ordonnée à Paris. Malka Golub entend les policiers dans les escaliers de son immeuble. Elle a juste le temps de confier son bébé Henri, âgé de 30 mois, à une voisine.
Effectivement, la maman sera déporté sans retour par le convoi n° 22 vers Auschwitz qui transporte 500 enfants et 500 adultes. Il se restera que 7 survivants de ce convoi en 1945.

Henri Golub est alors conduit chez les Vicens qui, à leur tour, le confient à leur beau-frère et leur belle-sœur à Arras. De là, Henri passe aux mains de Mélina et de René Bouland à Courlon-sur-Yonne. Henri n'a pas trois ans. Ce couple de retraités, sans enfant, avait tenu une charcuterie en banlieue parisienne.
Henri est présenté à tous comme leur neveu. Et quand les Allemands se font trop menaçants, le petit est acché dans une cave.

Henri Golub restera à Courlon jusqu’en 1948, année où il ira vivra chez une tante.

De son enfance chez les Bouland, il dira plus tard dans une interview à Elle, le 4 septembre 1978 :
"En réalité, mes souvenirs commencent dans un village de l'Yonne où je fus accueilli par un couple sans enfants qui m'adopta, pas au sens littéral car j'étais officiellemenent "fils adoptif de la France", c'est-à-dire pupille de la Nation.
J’ai vécu une partie de mon enfance avec ces gens généreux et bons que j’appelais "mon oncle" et "ma tante". Je m’imaginais que la vie était ainsi faite et que certains enfants avaient un père et une mère, d’autres, un oncle et une tante. Moi, j’appartenais à la deuxième catégorie.
Je ne souffrais pas d’être orphelin, j’ignorais ce que cela signifiait. Un père, une mère, je ne savais pas vraiment ce que c’était. […] Plus tard, beaucoup plus tard, je me suis aperçu que tous les enfants avaient un père et une mère. Cela m’a posé des problèmes. […] Aujourd’hui, mes parents, ce sont les 6 millions de Juifs assassinés.
Lorsque ma fille sera en âge de comprendre, je lui expliquerai comment et pourquoi le grand-père et la grand-mère qu'elle n'a pas connus sont morts. On dit qu'il vaudrait mieux oublier tout cela. Je crois, au contraire, qu'il faut rester lucide, informé et vigilant."

Henri Golub retournait chaque week-end dans la maison des Bouland.
Une voisine, Mme Demeester, témoigne :
"Ils étaient très famille, ils auraient voulu l’adopter".
Fille d'Henri, Déborah confirme :
"Courlon, c’était la cellule familiale reconstituée".

Mélina Bouland (1896-1984) et René Bouland (1901-1972) reposent au cimetière de Courlon, sous une plaque de marbre portant cette mention : 
"Justes parmi les Nations".

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