mardi 24 novembre 2009

P. 189. "Nous avons tenu malgré quelques difficultés dues à la bêtise humaine"

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Invitation à la cérémonie d'hommage à Hélène Zemmour, Juste parmi les Nations (Doc. V. Saül).

Témoignage d'une Juste, Hélène Zemmour

recueilli par Yves Zemmour,
avant le décès de sa mère

- "Je connais la Famille Mendelsweiz depuis 1926. J’avais alors 14 ans. Je venais régulièrement en vacances chez ma tante Jeanne qui habitait Paris : 7 Passage Saint-Lazard dans le 10e Arrondissement.

Quant à notre famille, Charles mon mari et mes quatre filles, nous habitions dans une longère à Massoeuvre, petit hameau de Saint Florent sur Cher.

En 1943, j’étais enceinte de mon septième enfant (deux étaient respectivement décédés à l’âge de 18 et de 6 mois). Ma tante Jeanne devait venir m’aider pour l’accouchement prévu mi-septembre. Charles travaillait alors dans l’Allier. Il était rarement présent à la maison en raison de la situation et des moyens de communication.
Début du mois de septembre, tante Jeanne m’a télégraphié à la cabine téléphonique de Massoeuvre pour me demander si je pouvais recevoir et héberger dans les plus brefs délais plusieurs personnes juives. La Gestapo était venue dans la même matinée demander des renseignements sur la famille Mendelsweiz. Me souvenant de cette famille, je n’ai pas hésité un seul instant et sans demander l’avis de mon mari qui a été ensuite entièrement d’accord, j’ai immédiatement accepté.
Le lendemain, accompagnée de la Grand-mère, de Jeannine et de Georges, Jeanne est arrivée en gare de St-Florent sur Cher au train de 23 heures. Je les y attendais.

Grand-mère – nous avions décidé de l’appeler ainsi tandis que Jeannine et Georges étaient nos cousins – Grand-mère ne voulut pas être une charge pour nous. Nous avons pu lui obtenir une chambre chez M. et Mme Martin au café-épicerie de Massoeuvre. La Grand-mère y dormait et venait ensuite nous rejoindre pour passer les journées ensembles.

Nous avons tenu malgré quelques difficultés dues à la bêtise humaine d’une poignée de personnes du hameau de Massoeuvre. Grand-mère et les cousins sont repartis en 44, à la libération de Paris.
J’ai su ensuite que la Gestapo était repassée arrêter les parents le jour même de l’arrivée chez nous des fugitifs."


Yves Zemmour, lors de la cérémonie du 22 novembre 2009 à Saint-Florent-sur-Cher (Ph. Simone Lévy / DR).

Ce témoignage a été transcrit recueilli par son fils, Yves, trois semaines avant le décès d’Hélène Zemmour, le 11 novembre 2005.

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