lundi 21 septembre 2009

P. 171. Louis-Charles et Marie-Edouard Greffe

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Norbert Patalowski
et sa mère Rivka
ont été sauvés par les époux Greffe

Le 17 septembre 2009, une cérémonie de reconnaissance de deux nouveaux Justes parmi les Nations : Louis-Charles Greffe et son épouse Marie-Edouard, s'est déroulée à la Mairie de La Teste de Buch. Tous deux empêchèrent que Rivka et son fils Norbert ne connaissent le même sort que Mayer Patalowski, victime de la Shoah à Auschwitz.

Synthèse du dossier Yad Vashem :

- "Né le 15 février 1903 à Nilava (Pologne), Mayer Patalowski, ingénieur-chimiste s’est marié avec Rivka Knobler, née en 1905 à Bedzin (Pologne). Ils émigrent en France en 1932 et s'installent d’abord en Normandie, à Caen. Leur fils Norbert naît le 26 janvier 1935 à Bénouville (Calvados).
Puis la famille vient se fixer à Paris, au 4 de la rue des Panoyaux, dans le 20e arrondissement.

En septembre 1939, Mayer Patalowski s'engage dans un régiment de volontaires étrangers. Il est démobilisé en septembre 1940.
Son oncle, qui vit en Afrique du Sud, l'attend pour diriger une usine de parfums et Mayer a rassemblé tous les papiers nécessaires pour quitter la France, via Marseille.
Hélas, il est convoqué le 14 mai 1941 au camp de Beaune-la-Rolande. Il s'agit de ce qu'on appellera plus tard la "rafle du billet vert", convocation envoyée à 6 500 Juifs polonais, tchécoslovaques et autrichiens de Paris. Mayer est interné puis sera déporté sans retour vers Auschwitz où il périt le 2 juillet 1942.

Lors de la rafle du Vel d'Hiv, à partir des 16 et 17 juillet 1942, Rivka et son fils Norbert, alors âgé de 7 ans, se réfugient au rez-de-chaussée du 3 rue des Panoyaux, chez leurs voisins, René et Charlotte Herent. Non moins d’une quinzaine de Juifs sont ainsi sauvés par ce franc-maçon et son épouse qui sut repousser la police française sur le pas de sa porte.
Après quelques semaines, René Harent et son fils, Emmanuel, conduisent en lieu sûr - dans leur propre famille -, Rivka et Norbert. La mère et son fils sont transportés loin de Paris, cachés derrière des meubles entassés dans une camionnette Peugeot 202. Conduite par Emmanuel, celle-ci est maquillée en véhicule de la Croix-Rouge, ce qui explique que Ren Harent et Emmanuel soient revêtus d'une blouse blanche d'infirmiers.
Leur périple se termine à 120 km de Paris, chez Louis et Marie-Édouard Greffe, habitants de Villeselve (Oise).
Louis (Charles, Henri) né à Ham (Somme) en 1896, est bourrelier. Il est marié à Marie-Édouard, née à Villeselve en 1895. Ils ont deux enfants, Pierre qui avait déjà quitté la maison, et Jean, le plus jeune qui était très habile de ses mains. Et puis il y a aussi le "grand-père" Greffe."

Les époux Greffe, Justes parmi les Nations (Arch. transmise par Natan Holchaker / DR).

Suite du résumé :

- "Là, Norbert va vivre heureux durant 3 ans. Il est présenté comme un petit parisien évacué de la grande ville où il souffrait de la faim. Il va à l'école, dans la classe de M. Legrand et est baptisé par le curé du village, M. Maréchal. Il devient même enfant de chœur. Il connait tout de la guerre 1914-1918 et écoute Radio Londres avec Jean Greffe qui avait installé une grande antenne traversant le jardin.
A vélo, René Harent vient de temps en temps voir sa famille et prendre des nouvelles. A raison : les Greffe seront dénoncés ! Par deux fois, les gendarmes viennent enquêter. Grâce aux relations de Louis Greffe dans le village, ces délations resteront sans lendemain.

Par contre, à la libération, de très nombreux membres des familles Patalowski et Knobler ne reviendront pas des camps et si Rivka décédera nonagénaire, son veuvage restera toujours cruellement marqué par la disparition de tant des siens."

Témoignage de Natan Holchaker :

- "L'émotion est omniprésente dans une telle manifestation. Il s'agit d'une émotion plurielle pour tous les protagonistes.
- Le témoin : car il se penchait sur une tranche de sa vie, sur une période difficile et douloureuse. Il revivait ces moments évoquant beaucoup d'êtres chers aujourd'hui disparus. Il relatait cette période devant un auditoire inconnu. Mais il révèlait aussi à un fils présent combien ces souvenirs étaient importants et douloureux.
- Le récipiendaire : celui-ci s'exprimait devant ses supérieurs de la base militaire de Cazaux. Il exprimait une légitime fierté de ces ascendants discrets et généreux. C'était une confidence d'un épisode de guerre auquel il était attaché et auquel il se sentait rattaché. Cet homme droit dans son physique, droit dans sa morale, affichait devant sa hiérarchie militaire une grande dignité toute pétrie d'émotion retenue. Sa famille et ses amis présents partageait affectueusement ces émotions.
- Le délégué : c'était le grand jour, car c'était une première. Il y avait eu beaucoup de travail en amont avant la cérémonie, travail d'organisation fine et précise afin de garder la maitrise de l'évènement. Il y avait notamment ce nécessaire travail auprès de la mairie de La Teste et du consulat d'Israël à Marseille. Mais il y eut pour moi l'appui et les conseils avisés d'Albert Seifer délégué de Yad Vashem Midi Pyrénées, ce dont je le remercie. Il les avait consignés par écrit comme dans une chartre. Seulement en ce 17 septembre 2009, il y avait ce discours à prononcer devant un parterre de personnalités, d'élus, d'amis et d'inconnus. Une trame écrite solide un peu conventionnelle sur Yad Vashem et les Justes laissait peu de place à trop d'émotion et à toute déstabilisation. Par contre les digressions laissaient couler mes émotions, évoquant mon statut d'"enfant caché", évoquant la Shoah et ses 6 millions de morts, évoquant aussi, au sortir du colloque de Lacaune (Tarn, 12 et 13 septembre 2009), la France profonde et généreuse. Mais ces propos révélaient à une partie l'assistance l'existence du mal absolu, l'horrible tragédie du peuple juif et les traumatismes lourds et souvent irréversibles pour la génération des descendants qu'elles avaient engendrés. Ces manifestations très émouvantes avec des symboles très forts permettent sûrement à un public non-juif de mieux nous reconnaître, de mieux nous comprendre et, peut-être, de nous estimer; là je ne connais pas la réponse."

Natan Holchaker avait effectivement porté l'organisation de cette cérémonie et pour la première fois, assumait l'honneur d'être le Délégué du Comité Français pour Yad Vashem. Qu'il soit également remercié pour son aide précieuse à l'élaboration de cette page.


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