lundi 7 avril 2008

P. 28. Trois Justes à Aunay-en-Bazois

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Instantané de la cérémonie (Arch. V. Kuperminc/BCFYV/DR).

Ce 6 avril, Marie et François Perrot
ainsi que leur fille Marguerite ont été honorés
- à titre posthume -
comme Justes parmi les Nations.

Aucune cérémonie de reconnaissance de Justes n'est semblable aux autres. Certes toutes sont émouvantes et reliées au sauvetage de Juifs persécutés par la Shoah, ses auteurs nazis et leurs collaborateurs... Mais chacune porte la mémoire d'histoires aussi véridiques que spécifiques.
Dimanche dernier, la Mairie d'Aulnay-en-Bazois servit de cadre à la reconnaissance de trois Justes dont le souvenir et le courage furent évoqués au long d'un programme complet et détaillé :

- Accueil par DANIEL BAUDIER, Maire d’Aunay en Bazois.
- Message de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, lu par le premier adjoint au Maire.
- Allocution de VICTOR KUPERMINC, Délégué régional du Comité Français pour Yad Vashem.
- Allocution de BERNARD MARTIN, Conseiller général du canton de Châtillon.
- Allocution de CHRISTIAN PAUL député de la 3ème circonscription de la Nièvre.
- Allocution de M. le Comte d’AUNAY.
- Allocution de OREN BAR EL, Ministre Conseiller près l’Ambassade d’Israël en France.
- Remise de la Médaille des Justes à Mmes MARIE HELENE CHARPENTIER et NOELLE DUFRENOIS, filles de Justes salués à titre posthume.
- Remerciements des récipiendaires.
- Témoignage de SERGE AVERBOUH, enfant caché et sauvé.
- Mme KATY HAZAN, responsable du Service Archives et Histoire de l’OSE, évoqua la mémoire d'ENEA AVERBOUH, grande résistante et mère de Serge.

Les parents Perrot, Justes parmi les Nations (BCFYV/DR).

Synthèse du dossier Yad Vashem :

- "Enéa Averbouth, est l'assistante du professeur Eugène Minkowski de l'OSE (Œuvre de Secours aux enfants) et travaille comme assistante sociale du Comité Amelot, réseau juif qui cherche à cacher les enfants pour les sauver, notamment dans la Nièvre où Enéa Averbouth a noué de nombreux contact lors de ses recherches de familles d'accueil.
En effet, dès septembre 1939, un plan d’évacuation prévoyait que les familles du 12e arrondissement de Paris seraient accueillies dans le département de la Nièvre.

Enéa Averbouth écrit dans son journal en décembre 1941 :
« Et pourtant quelle lumière peut parfois nous éclairer en nous montrant les sympathies autour de nous ! Nous avons la visite d’assistantes sociales de diverses mairies, assistantes non juives naturellement qui viennent nous assurer qu’elles feront des arbres de Noël pour nos enfants. (…) Que ce geste est touchant et réconfortant. Dans sa détresse, Israël donne amitié et secours ! Oh ! Merci !! »

Elle fait du porte à porte dans les mairies pour trouver des cartes d’alimentation pour les Juifs qui se cachent et qui ont du mal à survivre.
Elle trouve des lieux de refuge pour de nombreux enfants et se charge tout naturellement de trouver un refuge pour son fils, Serge, en Province.

Serge Averbouth se souvient d’histoires que lui racontait sa courageuse mère sur ses activités clandestines :
« Je sais qu’elle a réussi à sortir des enfants Juifs, elle en avait quinze ou seize je crois, en obtenant un laissez-passer, un ausweiss parce qu’un allemand, à Bordeaux l’a prise pour une Madame Schmidt et comme elle parlait l’allemand, elle a joué le jeu. Il lui a donné un ausweiss, ce qui fait que ses gosses ont pu passer de l’autre côté de la ligne de démarcation ».

Enéa Averbouth place Serge chez des cheminots de Coutras en juillet 1940 puis rejoindre son père, résistant dans la Nièvre, à Aunay-en-Bazois grâce à l'aide du secrétaire de mairie.
« Elle m’a descendu dans la Nièvre parce que mon père était dans la Nièvre et donc il pouvait de temps en temps me voir. Il était dans la clandestinité là bas mais il pouvait me voir de temps en temps quand même ».

Un jour, l’enfant est à l’école lorsque les feldgendarmes allemands et le maire viennent l’interroger. L’instituteur les voyant arriver, a le temps de lui soulever l’oreille et de lui glisser : « Attention, maintenant à ce que tu vas dire ! ».
Dès leur départ, l’instituteur fait sortir l’enfant par le jardin de l’école tandis que Marguerite Perrot emmène le petit à vélo chez ses parents, François et Marie Perrot.

Pour sa sécurité, Serge sera ensuite placé dans une maison d'enfants à Châtillon-en-Bazois sous le nom de Serge Mornay.
Recherchée par la Gestapo, Enéa Averbouth finit elle aussi par se cacher dans la Nièvre en octobre 1943 sous le nom de Madame Letourno.
Après la guerre, elle continuera à travailler à l'OSE."

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